BFMTV
International

LIGNE ROUGE - Coronavirus: enquête au cœur des villes fantômes chinoises

Au cœur des villes fantômes chinoises, les équipes de BFMTV racontent comment, dans un scénario digne d’un film catastrophe, le virus s’est propagé dans tout le pays puis sur la planète. Une enquête signée Nicolas de Labareyre, Fanny Morel, Etienne Grelet, Julie Dejode et Elodie Noiret.

Depuis l'apparition des premiers cas de coronavirus, sur le marché de Wuhan, l'épidémie a changé la face de la Chine. La psychose a peu à peu gagné les villes comme les campagnes, transformant le quotidien des habitants.

Dans la province autonome de Hong-Kong, le 30 janvier janvier dernier, des files d'attente de plusieurs centaines de mètres s'allongeaient devant les pharmacies. À l'époque, 10 cas ont été recensés, mais c’est la cohue devant la porte pour se procurer un masque. Les clients, furieux, se pressent pour rentrer. Mais rapidement le stock est épuisé.

“C’est parti si vite, tout le monde s’est levé au milieu de la nuit pour ça”, se plaint une femme âgée, accompagnée de son mari. 

Dans les campagnes chinoises, on assiste à d'autres scène surréalistes. Dans un petit village à la périphérie de Pékin, la panique a gagné les habitants. À l'aide de terre, de briques ou encore de palissades, les villageois se barricadent du monde extérieur. Tout individu étranger doit être tenu à l'écart coûte que coûte. 

Des métropoles désertes

Dans tout le pays, les barrages improvisés se sont multipliés. Le port du masque est obligatoire, et chacun doit se soumettre à une prise de température. Même pour emprunter les transports en commun. Des camions pulvérisent du produit désinfectant dans des rues désormais désertes. 

Les grandes métropoles se sont vidées de leurs habitants, qui restent cloîtrés chez eux. À Pékin, le métro, habituellement bondé, est quasiment vide. Un journaliste anglosaxon, qui a filmé son chemin jusqu'au travail, décrit un sentiment de malaise : “Presque tous les magasins sont fermés”, explique-t-il. “C’est comme être dans une ville-fantôme.”

Même sentiment à Shangaï. Dans cette ville de plus de 24 millions d'habitants, la plus peuplée de Chine, les habitants se cachent. Les rues d'ordinaire si animées sont dépeuplées. 

Le quotidien rythmé par les mesures de précaution

Les Français expatriés dans le pays commencent à trouver le temps long. Vincent Moreau habite à Chengdu, une ville à plus de 1000 km de Wuhan, l'épicentre de l'épidémie. Depuis le nouvel an chinois, ce directeur commercial n’est pas allé travailler. “Le building a été mis en quarantaine parce qu’il y a eu un cas détecté”, explique-t-il. Les portes sont closes jusqu’à nouvel ordre. 

Ses journées sont maintenant rythmées par les mesures de protection sanitaire ordonnées par le gouvernement. Il est contrôlé pour rentrer dans sa résidence, où du papier a été mis à leur disposition pour appuyer sur les boutons de l'ascenseur. Puis, lorsqu'il arrive chez lui, il peut enfin enlever son masque. Vincent Moreau se désinfecte alors les chaussures, avant de se laver précautionneusement les mains. 

Le reste de ses activités est très limité. Même si le confinement n’est pas obligatoire, tout est figé dans la ville. “Tous les bars à Chengdu sont vides”, regrette-t-il. Dans cette ville, sur 15 millions d’habitants, jusqu'à présent 143 personnes ont été contaminées au nouveau coronavirus.

Camille Sarazin