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Les Suisses disent "Oui" à plus de surveillance de leurs services secrets

Les Suisses ont dit oui à une plus grande surveillance de la part de leurs services secrets.

Les Suisses ont dit oui à une plus grande surveillance de la part de leurs services secrets. - Fabrice Coffrini - AFP

Appelés à s'exprimer lors d'un référendum ce dimanche, les Suisses se sont prononcés pour une plus grande surveillance de la part de leurs services secrets. L'objectif du gouvernement: déjouer les nouvelles menaces terroristes.

Oui, les Suisses autorisent leurs services secrets à surveiller leurs communications personnelles. Appelés à voter ce dimanche par référendum, deux tiers des Suisses ont voté "Oui", pour autoriser les services secrets à jeter un oeil sur leurs communications téléphoniques et leurs activités sur internet. L'objectif principal: déjouer les nouvelles menaces terroristes

65,5% des votants se sont dit favorables à une proposition du gouvernement suisse, qui considérait qu'il n'était plus possible de répondre aux nouvelles menaces, en particulier terroristes. Car actuellement, les services secrets n'avaient le droit de collecter des informations que dans le domaine public ou si elles étaient disponibles auprès d'autres autorités. A noter que 43% de la population s'est déplacé aux urnes, un taux habituel dans le pays.

De nouveaux pouvoirs pour les services secrets

La Suisse n'est "pas une cible, mais elle peut être une base arrière ou logistique ou financière pour ces terroristes", a fait valoir sur le plateau de la télévision suisse publique RTS le vice-président du Parti démocrate-chrétien (PDC), Yannick Buttet.

En cas de menace terroriste concrète, les services secrets suisses vont désormais avoir de nouveaux pouvoirs:

Surveillance des envois postaux des particuliers

Surveillance des communications téléphoniques et activités sur internet

Infiltration dans les réseaux informatiques

Fouilles de locaux, véhicules ou bagages

Interception des communications internationales transitant par la Suisse

L'organisation de défense des droits de l'Homme, Amnesty International voit d'un mauvais oeil ces nouveaux pouvoirs, "en autorisant des mesures de surveillance disproportionnées, elle (la loi, ndlr) représente une menace importante pour la sphère privée et la liberté d'expression".

  • Les opposants craignent des dérives

Les opposants de la loi quant à eux, -principalement une alliance formée du Parti Socialiste, des Verts et d'organisations comme le Parti Pirate- craignent des dérives semblables à celles des Etats-Unis, dénoncées par Edward Snowden. Cet ex-agent de la NSA (l'Agence de sécurité nationale) avait dévoilé en 2013 l'ampleur du réseau de surveillance électronique américain mis en place après les attentats du 11 septembre 2001.

  • La députée du Parti Libéral Radical (PLR), Isabelle Moret, a affirmé dimanche sur le plateau de la RTS que la commission parlementaire chargée de surveiller le travail des services secrets depuis l'affaire des fiches "saurait" quel est le nombre des personnes qui seront surveillées.

Au cours de la campagne, les opposants à la loi avaient aussi rappelé le "scandale des fiches" qui avait défrayé la chronique en 1989 lorsque les Suisses avaient appris avec stupeur que 900.000 d'entre eux étaient fichés par la police en fonction de leurs opinions politiques, syndicales et autres.

Marine Henriot avec AFP