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Le petit garçon américain qui avait menacé Trump dans une vidéo de Daesh est aux mains des Kurdes

Matthew dans la vidéo de Daesh.

Matthew dans la vidéo de Daesh. - Capture d'écran d'une vidéo de propagande

En août 2017, un petit garçon apparaissait dans une vidéo de Daesh, avertissant Donald Trump que la guerre serait portée sur les terres américaines. Sa mère révèle à présent que son fils a été contraint de tourner pour les jihadistes en Syrie, où la famille avait été menée par son mari, aujourd'hui mort. Ses enfants et elle sont désormais détenus par les Kurdes.

"Yusuf", jihadiste américain de 10 ans, qui avait menacé le président des Etats-Unis l'an passé dans une vidéo mise en ligne par Daesh, vient de réapparaître sur les radars occidentaux. Sa mère, Sam El Hassani vient de s'exprimer dans un reportage diffusé par la télévision américaine, dans une interview relayée par le site Kurdistan 24.

Elle, son fils et ses trois plus jeunes enfants sont désormais sous le contrôle des forces kurdes. Elle assure que son fils a été contraint de tourner pour Daesh, après que la famille a été menée en Syrie par son défunt mari. 

Dans la vidéo initiale, mise en ligne à la fin du mois d'août 2017, on voyait entre autres "Yusuf" dont le véritable nom est Matthew, s'entraîner au maniement des armes, mais aussi lire le Coran, jouer avec un garçon de son âge, ou tirer de l'eau d'un puits. Mais ce qui avait attiré l'attention du monde entier était sa diatribe à l'endroit du dirigeant de son pays d'origine: "Mon message pour Trump, le pantin des juifs, est qu'Allah nous a promis la victoire et à vous, la défaite. La bataille ne s'achèvera pas à Raqqa ou Mossoul, elle s'achèvera sur vos terres". 

"Tu es fou, je m'en vais"

Le petit garçon assurait par ailleurs que son père était un ancien soldat américain déployé en Irak. Sam El Hassani, dans l'entretien qu'elle a accordé dix mois après ces images, n'a pas confirmé cet élément biographique présumé de l'existence de son mari, de nationalité marocaine, Moussa, mais a assuré que son fils s'était trouvé obligé d'apparaître devant les caméras pour complaire aux maîtres du moment. Elle a expliqué qu'après quelques années d'une vie commune heureuse, son époux avait commencé à "s'ennuyer" et avait emmené tout son foyer en Syrie, après un détour par la Turquie en 2015. La famille El Hassani avait fini par rallier Raqqa, capitale syrienne officieuse des jihadistes. "La première chose que je lui ai dite c'est: 'Tu es fou, je m'en vais', et il a dit, avec un grand sourire au visage: 'Vas-y. Mais tu n'y arriveras pas'."

Au cours des deux ans passés à Raqqa, Moussa El Hassani violait régulièrement deux jeunes filles yézidies (une minorité persécutée par les islamistes) vivant chez eux alors, a-t-elle aussi raconté. Moussa El Hassani est mort, selon elle, lors de frappes américaines peu avant que la ville syrienne ne soit libérée par la coalition. C'est après la fin du siège que la famille a été capturée par les Kurdes. 

Sam El Hassani craint un retour aux Etats-Unis avec ses enfants: "Le gouvernement essaiera-t-il de me prendre mes enfants, alors que je n'ai fait que les protéger? Ici, mes enfants vont à l'école, sont nourris, ils ont tout. Si je retourne aux Etats-Unis, je serais fauchée, je n'aurais rien". 

Robin Verner