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La Pologne et la Finlande font pression sur l'Allemagne pour livrer des chars Leopard 2 à l'Ukraine

Olaf Scholz devant un char Leopard 2 en octobre 2022.

Olaf Scholz devant un char Leopard 2 en octobre 2022. - Ronny Hartmann

La Finlande et surtout la Pologne sont sur les charbons ardents pour livrer des chars Leopard 2 à l'Ukraine en guerre contre la Russie. Problème: ces blindés sont de fabrication allemande et l'accord de l'Allemagne est un préalable obligatoire. Or, il tarde à venir.

Helsinki, et plus encore Varsovie, commencent à s'impatienter. Tandis que la Finlande et la Pologne ont dit leur intention de livrer des chars Leopard 2 à l'Ukraine pour la renforcer dans sa guerre contre la Russie, l'accord de l'Allemagne - condition sine qua non à cette exportation sensible - se fait attendre.

"J'appelle le gouvernement allemand à agir"

Ainsi, le Premier ministre polonais a déclaré lundi qu'il attendait un feu vert rapide de l'Allemagne pour fournir des chars Leopard à l'Ukraine. La Pologne avait précédemment déclaré qu'elle était prête à livrer à Kiev de tels chars lourds de fabrication allemande, mais qu'il lui fallait pour ce faire un accord officiel de l'Allemagne.

Ça tombe bien: Mateusz Morawiecki se rendait justement à Berlin ce lundi, notamment pour y parler armement.

"La défaite de l'Ukraine peut être le prélude à la troisième guerre mondiale, donc il n'y a aucune raison aujourd'hui de bloquer notre soutien à Kiev et de repousser les choses indéfiniment. J'appelle le gouvernement allemand à agir de manière décisive en fournissant toutes sortes d'armes à l'Ukraine", a-t-il déclaré relayant son propos sur Twitter.

La raison d'une contrainte

Mais pourquoi la Polone aurait-elle besoin de la validation allemande pour livrer "chars" Leopard 2 à son allié? La raison, expliquée ici notamment par l'agence d'information turque Anadolu, en est simple: l'Allemagne stipule par contrat que les États acheteurs doivent obtenir son agrément avant d'en céder une partie à un pays tiers.

Or, le vice-chancelier et ministre de l'Économie allemand Robert Habeck a eu beau poser jeudi dernier, comme l'a noté ici L'Internaute, que "l'Allemagne ne devrait pas empêcher d'autres pays de prendre des décisions pour soutenir l'Ukraine, indépendamment des décisions prises par l'Allemagne", le signal ne vient pas.

L'Ukraine veut 300 tanks, l'Allemagne en a produit 2000

Avant même d'embarquer pour Berlin, et toujours ce lundi, le Premier ministre polonais avait déjà planté le décor. "Je ne peux pas imaginer une situation où une telle autorisation n'est pas donnée rapidement", a-t-il lancé à la presse. "La Pologne est prête à envoyer des Léopard pour donner le bon exemple", a insisté lundi Marcin Przydacz, le conseiller pour la politique internationale du président polonais Andrzej Duda, sur les ondes de la radio privée ZET.

La question est des plus sensibles tandis que l'effort de guerre russe se renforce en Ukraine - comme l'a montré la chute de Soledar - et que l'armée de la nation envahie est démunie, dans les airs mais aussi en termes de blindés. Valéri Zaloujny, chef d'état-major des forces ukrainiennes, l'a dit assez clairement et ce, dès le mois de décembre comme l'a rappelé L'Express: "Je sais comment battre l’ennemi, mais j’ai besoin de ressources, j’ai besoin de 300 tanks".

La frilosité allemande peut surprendre devant l'urgence de la situation d'autant qu'au printemps dernier, elle s'engageait - comme l'a souligné BFM Business - à fournir de 50 à 100 tanks à l'Ukraine. De surcroît, l'Allemagne a déjà sorti de ses usines un contingent pléthorique de chars Leopard 2, modèle de chars lourds particulièrement prisé. Ainsi, d'après Le Point, elle en a vendu 2000 en Europe.

Une coalition internationale?

Outre l'accord allemand, les alliés de l'Ukraine désireux de l'équiper en blindés soulèvent une dernière problématique: la coopération internationale. La semaine dernière, le président finlandais Sauli Niinistö a en effet conditionné auprès de l'agence de presse STT une hypothétique livraison au fait que d'autres pays imitent le sien.

Dans le même temps, Andrzej Duda a glissé à Lviv, dans l'ouest de l'Ukraine, que la Pologne était prête à livrer les chars convoités par Kiev, mais "dans le cadre d'une coalition internationale".

Jusqu'à présent, le Royaume-Uni est un peu isolé sur ce point, lui qui a annoncé le don de 14 chars Challenger 2 à l'Ukraine samedi dernier. Et pas sûr que les dernières turbulences au sein du ministère de la Défense allemand soient d'une grande aide. Ce lundi, Christine Lambrecht a dû renoncer à son portefeuille en raison des trop nombreuses bévues sur ce chapitre.

Robin Verner
Robin Verner avec AFP Journaliste BFMTV