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Allemagne: la ministre de la Défense démissionne après une série de gaffes sur la guerre en Ukraine

Christine Lambrecht, ministre de la Justice allemande, le 6 juillet 2020 à Berlin.

Christine Lambrecht, ministre de la Justice allemande, le 6 juillet 2020 à Berlin. - Michael Sohn / POOL AP / POOL / AFP

Christine Lambrecht faisait l'objet de nombreuses critiques, notamment depuis qu'elle s'était félicitée dans une vidéo des nombreuses "rencontres" qu'elle avait pu effectuer grâce à la guerre en Ukraine.

La ministre allemande de la Défense, fragilisée par une série de bévues, a annoncé ce lundi sa démission, au moment où Berlin est de nouveau pressé d'accroître son soutien militaire à l'Ukraine avec des chars.

Christine Lambrecht était notamment critiquée de toutes parts depuis la diffusion d'une vidéo de voeux jugée complètement ratée dans laquelle elle se réjouissait des "rencontres" que la guerre en Ukraine lui avait permis de faire.

"J'ai demandé au chancelier de me relever de mes fonctions"

"La focalisation des médias sur ma personne pendant des mois ne permet guère d'établir des rapports et des discussions objectifs sur les soldats, la Bundeswehr (l'armée allemande) et les orientations de la politique de sécurité dans l'intérêt des citoyens allemands", déplore Christine Lambrecht dans une déclaration.

Dans ce contexte, "j'ai demandé aujourd'hui au chancelier de me relever de mes fonctions de ministre de la Défense", ajoute la sociale-démocrate.

Le chancelier "respecte la décision de Christine Lambrecht et la remercie pour le bon travail qu'elle a accompli pendant cette période difficile et pleine de défis", a réagi une porte-parole du gouvernement allemand. Le nom de sa ou son successeur n'est pas encore connu.

Berlin sous pression pour aider Kiev

Cette démission intervient au moment où l'Allemagne est une nouvelle fois sous pression pour livrer des chars à l'Ukraine. Et alors qu'une réunion des alliés occidentaux, autour des États-Unis, se tiendra vendredi sur la base américaine de Ramstein. De nouvelles aides à l'Ukraine, envahie par la Russie, devraient être à cette occasion annoncées.

Autre chantier important, l'Allemagne prévoit des investissements de 100 milliards d'euros pour moderniser son armée, suite à la guerre en Ukraine.

Départ en vacances avec un hélicoptère de l'armée

Âgée de 57 ans, Christine Lambrecht, ministre de la Justice dans le précédent gouvernement de coalition d'Angela Merkel, a enchaîné les bévues depuis le début de la guerre en Ukraine.

Christine Lambrecht a d'abord suscité les critiques de Kiev en annonçant peu avant le déclenchement de la guerre l'envoi de 5000 casques, quand le régime de Volodymyr Zelensky demandait des armes lourdes. Elle a aussi utilisé un hélicoptère de l'armée pour partir en vacances avec son fils adulte.

La vidéo dans laquelle elle présentait ses voeux début janvier a été le couac de trop. La ministre y apparaissait dans le centre de Berlin, décoiffée par des bourrasques de vent, en train d'évoquer la guerre en Ukraine entre deux explosions de pétards et de feux d'artifices, particulièrement prisés des Allemands pour fêter la nouvelle année.

"Une guerre fait rage au milieu de l'Europe", glissait la ministre au sujet de l'invasion russe, évoquant "beaucoup, beaucoup de rencontres avec des gens intéressants et formidables". "Pour cela, je dis un grand merci".

Plus des deux tiers des Allemands favorables à sa démission

Christine Lambrecht a aussi incarné les lacunes d'une armée dont le matériel est vétuste et les difficultés à la moderniser. Mi-décembre, Berlin a ainsi dû suspendre de nouvelles commandes de blindés Puma après une série de pannes frappant les blindés déjà utilisés par l'armée.

Dans le dernier baromètre de l'institut Insa, elle apparaissait en dernière position des personnalités politiques, derrière les co-dirigeants du parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD). Plus des deux tiers des Allemands (77%) souhaitaient sa démission, selon un autre sondage.

"Lambrecht n'a jamais réussi à se dépêtrer des gros titres négatifs", relève la chaîne publique ARD, pointant ses "diverses erreurs politiques, souvent couplées à une communication maladroite".

J.D. avec AFP