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La conférence de Cancun sur le climat est "sur le fil du rasoir"

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par Russel Blinch et Timothy Gardner CANCUN, Mexique (Reuters) - La conférence de Cancun sur le climat est "sur le fil du rasoir", a jugé le chef...

par Russel Blinch et Timothy Gardner

CANCUN, Mexique (Reuters) - La conférence de Cancun sur le climat est "sur le fil du rasoir", a jugé le chef de la délégation britannique à quelques heures de la fin des travaux, vendredi.

Les représentants japonais et brésilien ont toutefois affiché un optimisme prudent. L'Inde a en outre ravivé l'espoir des négociateurs en laissant entendre qu'elle pourrait accepter un objectif chiffré de réduction de ses émissions de gaz à effet de serre.

Les 194 Etats réunis sous l'égide des Nations unies sont toujours dans l'impasse sur l'avenir du Protocole de Kyoto, a précisé Chris Huhne, ministre britannique à l'Energie et au Changement climatique.

Or un blocage sur la suite à donner à Kyoto, dont la première phase d'engagements expire en 2012, menace les autres dossiers au coeur des négociations, dont le financement d'un fonds Climat, qui doit aider les pays les plus pauvres à s'adapter aux conséquences du réchauffement, et la lutte contre la déforestation.

"Nous sommes sur le fil du rasoir, nous pourrions aussi bien déboucher sur un bon résultat que finir par une sortie de route", a dit le ministre britannique, chargé avec le Brésil d'une mission de médiation sur Kyoto par la présidence mexicaine de la conférence.

Le protocole de Kyoto fixe aux seuls pays industrialisés (à l'exception des Etats-Unis qui l'ont signé mais pas ratifié) des objectifs contraignants de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre.

A Cancun, le Japon, le Canada et la Russie ont annoncé qu'ils ne signeraient pas de prolongation de Kyoto si les pays en développement comme la Chine et l'Inde ne sont pas à leur tour concernés par des engagements chiffrés.

New Delhi, qui s'y est jusqu'ici opposée, craignant pour sa croissance et pour la lutte contre la pauvreté, a toutefois adopté une attitude plus conciliante.

"Nous devons accepter la réalité des bouleversements mondiaux. Le G77 a plaidé avec force pour l'adoption d'un instrument contraignant", déclare le ministre indien de l'Environnement Jairam Ramesh, évoquant le groupe des pays en développement dans un entretien accordé à l'Hindustan Times en marge de la conférence.

"J'ai seulement dit que tous les pays devaient accepter des objectifs dans le cadre d'une formule appropriée et légalement contraignante", ajoute-t-il.

"ÉCOCIDE"

Prenant acte de l'impasse dans les négociations, un projet de déclaration propose de laisser la question en suspens et invite les ministres de l'environnement "à conclure aussi vite que possible les négociations sur une deuxième phase d'engagements du protocole de Kyoto".

"Si, ici à Cancun, nous abandonnons le Protocole de Kyoto, nous serons alors responsables d'un 'écocide', qui est l'équivalent d'un génocide", a averti le président bolivien Evo Morales, selon lequel 300.000 personnes meurent chaque année, victimes de la désertification mais aussi d'inondations, de sécheresse ou d'autres épisodes météorologiques extrêmes, conséquences de l'accumulation dans l'atmosphère de gaz à effet de serre depuis la Révolution industrielle.

La Bolivie exige que les émissions de gaz des pays riches, historiquement responsables de cette accumulation, soient réduites de moitié d'ici 2017 par rapport aux niveaux de 1990. Il s'agit d'une position maximaliste qui excède les demandes des pays africains les plus pauvres et des Etats insulaires les plus exposés à la montée du niveau des océans.

Certains diplomates redoutent que le pays andin ne fasse dérailler toute la conférence, où l'unanimité est la règle.

"D'intenses consultations sont en cours. Nous négocions d'arrache pied avec d'autres parties et c'est bon signe. Je suis convaincu que nous aurons une issue positive demain", a déclaré le délégué brésilien Luiz Figueiredo.

Selon le Japonais Akira Yamada, les négociateurs cherchent "la bonne formulation, acceptable non seulement pour le Japon mais pour d'autres pays".

"Ces négociations sont plutôt difficiles. Nous pensons cependant pouvoir parvenir à un accord", a-t-il ajouté.

Robert Zoellick, président de la Banque mondiale, quant à lui invité la Chine, premier émetteur mondial de gaz à effet de serre, à jouer un rôle inédit en accord avec son double statut de puissance industrielle et de pays émergent.

"La Chine est un pays en développement, tout comme l'Inde. Il est compréhensible qu'elles ne veuillent pas être traitées comme des pays industrialisés ou développés. D'un autre côté, on voit bien qu'elles sont les plus grands émetteurs.

"Il va falloir trouver une position intermédiaire. Le monde ne rentre pas facilement dans deux catégories", a-t-il expliqué.

Henri-Pierre André et Jean-Philippe Lefief pour le service français