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L'Etat islamique: ses positions, ses forces, sa stratégie

Quelles régions sont contrôlées par les jihadistes de l'Etat islamique en Irak et en Syrie? Réponse en une carte interactive.

Quelles régions sont contrôlées par les jihadistes de l'Etat islamique en Irak et en Syrie? Réponse en une carte interactive. - Karim Sahib - AFP ; montage BFMTV

CARTE INTERACTIVE - Alors que les Etats-Unis se sont dits prêts à frapper l'Etat islamique en Syrie, BFMTV.com fait le point sur les régions contrôlées par le groupe jihadiste.

Avec un arsenal de guerre et une stratégie militaire bien rodée, l'Etat islamique est parvenu à s'emparer de larges pans des territoires syrien et irakien, obligeant les Etats-Unis, engagés sur ce terrain depuis un mois, à étendre leur zone de frappes aériennes. Organisé, équipé et structuré, le groupe jihadiste, qui serait composé de 20.000 combattants, résiste aux contre-offensives. Focus, carte à l'appui, sur ses positions, sa puissance militaire, et ses tactiques.

• Quelles sont les positions de l'Etat islamique?

Actif depuis plusieurs années en Irak, l'Etat islamique a réalisé ces derniers mois une avancée fulgurante sur le territoire irakien. Une vingtaine de villes stratégiques du pays, essentiellement situées au nord, sont ainsi tombées aux mains des jihadistes, comme Falloujah ou Tikrit, l'ancien fief de Saddam Hussein.

Leur offensive a atteint son apogée avec la prise de Mossoul, deuxième agglomération en termes de population, le 10 juin, et de son barrage, le 7 août. Les Américains ont mené plusieurs frappes près de ce barrage - hautement stratégique puisqu'il fournit de l'eau et de l'énergie à plus d'un million de personnes - pour aider les forces kurdes à tenter de le reprendre.

En Syrie, l'EI est parvenu à prendre le contrôle de larges pans de territoire au nord, notamment au-dessus d'Alep, mais s'est aussi emparé du barrage de Tabqa et a établi son fief dans la ville de Raqqa. Ignorant toute notion de frontières, l'organisation islamiste est en train de réussir à installer son "califat", structuré comme un quasi-Etat, à cheval sur l'Irak et la Syrie. "C'est une force et une faiblesse", estime le politologue et spécialiste de l'islam Gilles Kepel, invité sur BFMTV. "A partir du moment où vous avez un territoire, vous êtes vulnérable à la grande artillerie des armées traditionnelles", explique-t-il. 

• De quels moyens militaires dispose l'EI?

Par sa puissance militaire, son extrême radicalité, et sa connaissance des moyens de communication moderne, notamment des réseaux sociaux, l'Etat islamique est désormais considéré comme une menace plus sérieuse qu'Al-Qaïda par les Occidentaux. En conquérant Mossoul, les jihadistes ont mis la main sur un arsenal de guerre ultra-moderne et colossal, abandonné par l'armée irakienne dans sa fuite. Hélicoptères, chars, véhicules blindés et armes lourdes de toutes sortes avaient été fournis par les Etats-Unis à l'armée régulière au moment de leur retrait du pays, et se sont ainsi retrouvés dans les mains de l'EI, en faisant l'organisation la plus puissante de cette région. La force de l'EI réside aussi dans les compétences de ses cadres dirigeants, principalement des chefs militaires irakiens issus de l'ancienne armée de Saddam Hussein, très habiles en matière de stratégie militaire, mais aussi d'anciens responsables des services de renseignement. Sous leurs ordres, de 20.000 à 31.500 combattants de diverses nationalités, selon les dernières estimations de la CIA.

• Quelle est sa stratégie militaire?

Pour former ses troupes, l'Etat islamique dispose de ses propres camps d'entraînement, qui changent de position en permanence afin qu'il soit difficile de les suivre, explique le chercheur et consultant sur les questions islamistes Romain Caillet, interrogé par les Clés du Moyen-Orient

Quant aux techniques d'offensives de l'EI, elles sont de plusieurs natures. "La particularité de ce groupe est qu'il arrive à agir dans trois compartiments de guerre: le terrorisme classique, en faisant exploser des voitures piégées dans Bagdad, l'infiltration dans des villes pour y mener des opérations de guérilla urbaine, et les offensives classiques, à la manière d'une armée moderne, avec des blindés et une infanterie. Ce dernier point est nouveau par rapport à Al-Qaïda", détaille Pierre Servent, spécialiste des questions de défense.

Une tactique militaire multiple et perfectionnée, qui rend l'ennemi difficile à atteindre, notamment par des frappes aériennes. "Nous connaissons mal cet adversaire, nous connaissons mal son organisation et ses centres de commandement. En temps normal, pour neutraliser, il suffit de frapper ces centres, mais là, on ne sait même pas où ils se trouvent", a ainsi reconnu le général Vincent Desportes, spécialiste des questions militaires, sur BFMTV.

Adrienne Sigel, Olivier Laffargue