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Iran: pour un ayatollah, la 3G viole la charia

Des Iraniens connectés à Internet dans un cybercafé de Téhéran, le 14 mai 2013.

Des Iraniens connectés à Internet dans un cybercafé de Téhéran, le 14 mai 2013. - Atta Kenare - AFP

Un ayatollah iranien a prononcé une fatwa contre le haut débit mobile, le jugeant incompatible avec la loi islamique.

L'ouverture prochaine des connexions à l'Internet haut débit et à la 3G en Iran, impulsée par le nouveau président Hassan Rohani, inquiète les autorités religieuses du pays. La semaine dernière, un Grand ayatollah, Naser Makarem Shirazi, l'une des plus hautes personnalités du monde musulman chiite, a ainsi prononcé une fatwa, un avis juridique, contre l'Internet mobile à haut débit en Iran, estimant que cette technologie est "moralement répréhensible", car elle donne accès à des contenus considérés comme incompatibles avec la loi islamique, la charia.

Un réseau "halal"

Ainsi, pour cet ayatollah, l'Internet haut débit et la 3G devraient être sous le coup d'une norme empêchant aux utilisateurs l'accès aux "informations, vidéos, et photos immorales et contraires aux principes humains", mais aussi aux "rumeurs et actes d'espionnage" pouvant "corrompre la jeunesse". Pour ce faire, Naser Makarem Shirazi préconise la mise en place d'un réseau national et verrouillable, où ces contenus seraient automatiquement censurés. Selon lui, l'ouverture de l'accès au haut débit mobile pourrait être effective une fois ce réseau "épuré", ou "halal", installé.

Un affront à l'ouverture voulue par Rohani

Par cette fatwa, l'ayatollah affiche donc clairement son opposition à l'ouverture amorcée par le nouveau président iranien Hassan Rohani, arrivé au pouvoir en août 2013. Ce dernier se montre en effet particulièrement enclin à améliorer l'usage d'Internet en Iran, où 53,3% de la population y a accès, un chiffre en constante augmentation.

Hassan Rohani a ainsi demandé au ministère de la Communication d'augmenter la vitesse d'accès au réseau, et s'apprête à attribuer des licences d'exploitation de fréquences 3G, en plus de multiplier les signes d'ouverture aux réseaux sociaux, régulièrement bloqués dans le pays. Il marque ainsi la rupture avec Mahmoud Ahmadinejad, son prédécesseur, qui avait renforcé le dispositif de censure et de surveillance de la Toile et des réseaux sociaux, comme Facebook et Twitter.