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Harvey Weinstein va connaître sa peine, qui sera de 5 ans minimum

Arrivée d'Harvey Weinstein à la Cour Suprême de Manhattan, le 23 janvier dernier

Arrivée d'Harvey Weinstein à la Cour Suprême de Manhattan, le 23 janvier dernier - TIMOTHY A. CLARY / AFP

Cinq ans, c'est ce que prévoit le minimum légal et c'est ce qu'ont demandé les avocats d'Harvey Weinstein. L'ancien magnat d'Hollywood encourt jusqu'à 29 ans de prison.

Le moment est très attendu par les victimes. Reconnu coupable de viol et d'agression sexuelle, Harvey Weinstein va connaître sa peine ce mercredi, qui ne pourra être inférieure à 5 ans de prison. Celui qui fut un temps le producteur indépendant le plus puissant du monde encourt jusqu'à 29 ans de prison pour les deux chefs d'accusation.

Les avocats de l'ancien magnat d'Hollywood ont demandé au juge James Burke de ne pas aller au-delà. "Compte tenu de son âge (67 ans)", ont-ils écrit, "toute peine supérieure (...) équivaudrait à une condamnation à perpétuité."

Les avocats font valoir que depuis octobre 2017, leur client a perdu sa femme, qui l'a quitté, son emploi, sa société (The Weinstein Company) et fait encore face à des manifestations d'hostilité constantes. La défense mentionne aussi ses deux jeunes enfants, de six et neuf ans.

"Cela ne changera pas ce qui s'est passé"

En face, il y a les victimes, à commencer par les deux femmes dont les agressions ont mené à la condamnation, Mimi Haleyi et Jessica Mann. Elles s'exprimeront ce mercredi à l'audience, avant que le juge ne rende sa décision. Tarale Wulff, qui a témoigné au procès, sera aussi présente mercredi, et a écrit une lettre ouverte publiée mardi sur le site Medium.

"Quelle que soit la peine (...), cela ne changera pas ce qui s'est passé", a-t-elle écrit. "Ces événements continueront de nous hanter, les autres survivantes et moi, pour le restant de nos vies."

La procureure Joan Illuzzi-Orbon, qui a mené l'accusation durant le procès, n'a pas demandé de peine précise, demandant au juge une peine qui reflète "la gravité des crimes du condamné, son absence totale de remords (...) et la nécessité de le dissuader, lui et d'autres, de commettre de nouveaux crimes".

Dans sa lettre, la procureure énonce des accusations d'agressions sexuelles qui s'étalent sur près de 40 ans, la première remontant à 1978. Le producteur de Kill Bill, Django Unchained ou encore du premier volet du Seigneur des Anneaux n'a jamais reconnu publiquement autre chose que des relations consenties avec les femmes qui l'accusent et, de fait, n'a exprimé aucun remord ni présenté d'excuses.

Une victoire pour #MeToo

Pour le mouvement #MeToo, que l'affaire Weinstein a fait naître, la victoire est déjà certaine. Elle s'est jouée avec le verdict de culpabilité, même si le jury l'a disculpé de trois des cinq chefs d'accusation, les plus sérieux.

"Je ne récupèrerai pas ces années de ma vie, mais j'ai maintenant ce petit espoir d'avoir une existence devant moi, ce que je n'avais pas hier", disait, le lendemain du verdict, au journaliste Ronan Farrow, l'actrice Rose McGowan, qui accuse Harvey Weinstein de l'avoir violée.

Un second procès à venir à Los Angeles

La défense d'Harvey Weinstein a déjà indiqué que leur client ferait appel de la condamnation, ce qui ne l'empêchera pas d'être placé immédiatement en détention.

Loin d'être au bout de ses peines, Harvey Weinstein doit encore répondre d'une autre inculpation pour deux agressions sexuelles à Los Angeles, annoncée début janvier. Il pourrait voir sa condamnation s'alourdir davantage si ces autres poursuites vont à leur terme.

Léonard Attal avec AFP