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Exactions, pénuries... Le combat quotidien de Kherson, ville ukrainienne assiégée par l'armée russe

Des manifestants tenant des pancartes "Kherson est en Ukraine!" ou "L'Otan doit fermer le ciel de l'Ukraine" le 6 mars 2022 à Kherson.

Des manifestants tenant des pancartes "Kherson est en Ukraine!" ou "L'Otan doit fermer le ciel de l'Ukraine" le 6 mars 2022 à Kherson. - LLUIS GENE

Plus d'un mois après avoir été envahie par l'armée de Moscou, cette ville du sud de l'Ukraine manque de tout, y compris de nourriture et de médicaments.

À quoi ressemble la vie sous domination russe? Le 3 mars passé, soit quelques jours seulement après le début de l'offensive de Moscou sur son voisin ukrainien, Kherson, cette ville d'un peu plus de 283.000 âmes située sur la route d'Odessa et non loin de la Crimée annexée, devenait la seule ville d'importance dont la Russie a revendiqué la prise.

Plus de médicaments

Dès lors, le quotidien des habitants restés sur place s'est très vite dégradé. "Un autre mois comme ça et ils n'auront même pas à nous bombarder. La faim et la maladie vont faire le travail", indique auprès de l'AFP un ambulancier nommé Kyryllo.

De manière générale, c'est la situation sanitaire qui devient la principale préoccupation depuis l'arrivée des tanks russes. Sur notre antenne, Tatyana Vladimirova, professeure de français dans la ville, assure que les étagères des pharmacies sont vides.

"Il y a des graves problèmes pour les médicaments, il n’y en a pas, et c’est un problème pour ceux qui ont de graves maladies au cœur, le cancer, le diabète. L’État ukrainien a préparé l’aide humanitaire, mais les soldats russes refusent que les camions avec les aides entrent sur le territoire de notre ville", assure-t-elle.

L'insuline et d'autres médicaments essentiels ont commencé à manquer dès les premières semaines de l'occupation. Des bénévoles font le tour des appartements pour acheter des médicaments, tandis que les ambulances ne sont appelées qu'en cas d'extrême urgence.

Les réserves de nourriture, elles aussi, sont au plus bas. Si l'on trouve toujours de la viande et des légumes, les prix ont doublé, et les pâtes et l'orge se font rares.

Exactions russes

En plus de la situation sanitaire de la ville, les exactions des soldats russes sont également motif d'inquiétude pour les locaux. Tous les résidents interrogés par l'AFP ont aussi dit avoir vu ou avoir entendu parler de visites de soldats russes dans les appartements.

"Ils cherchaient des gens dont les noms sont sur des sortes de listes. Ils entrent dans les maisons et sont armés, c'est impossible de leur résister", explique Tetyana, une employée d'université. "Nous ne savons pas où ils les emmènent", souffle une autre habitante, soulignant que les principales cibles étaient des militants locaux et d'anciens militaires.

Auprès de BFMTV, Tatyana Vladimirova évoque également ces descentes de l'armée russe. "Ils ont continué de faire des perquisitions dans les maisons et garages des citoyens, les soldats russes prennent les voitures de nos citoyens, les téléphones, la nourriture..."

Ville contestée

La semaine passée, les États-Unis avaient estimé que Kherson était une "ville contestée" et que Kiev avait lancé une offensive pour en reprendre le contrôle. Les habitants assurent eux que, si des combats se déroulent encore en périphérie de la ville, Kherson est bien sous le contrôle de Moscou.

"On a libéré quelques villages mais il y a d’autres graves problèmes, pas d’électricité, gaz, communications, et les gens restent sans nourriture", insiste Tatyana Vladimirova.

Maria, qui habite à Kakhovka, en amont du fleuve Dniepr, dit ne plus pouvoir se rendre à son travail dans le magasin de meubles d'une ville à proximité. La route passe par un point de contrôle de l'armée russe. Selon elle, Kherson n'était pas prête à l'attaque russe venue de la Crimée voisine. Les forces de Moscou ont immédiatement pris le contrôle de la centrale hydroélectrique située à Kakhovka.

Malgré la présence et la pression russe, la population locale s'organise et oppose une résistance pacifique à l'envahisseur.

"Nous parlons russe, mais nous ne sommes pas Russes, mais Ukrainiens, et voilà pourquoi nous continuons d’organiser des manifestations au centre-ville" qui rassemblent des centaines de personnes quasi-quotidiennement, conclut Tatyana.
https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier Journaliste BFMTV