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Europe

Viktor Orban face au Parlement européen

Le Premier ministre hongrois Viktor Orban

Le Premier ministre hongrois Viktor Orban - Marco Bertorello - AFP

La Hongrie présente-t-elle un "risque clair de violation grave des valeurs de l'Union européenne"? Alors que le Parlement européen doit se prononcer mercredi, le Premier ministre hongrois s'exprime devant les députés ce mardi.

Le Premier ministre hongrois Viktor Orban doit prendre la parole ce mardi après-midi devant le Parlement européen, avant un débat puis un vote pour décider si l'Union Européenne doit lancer la procédure dite de l'article 7 du traité sur l'UE.

  • Qu'implique l'article 7? 
En clair, les eurodéputés doivent se prononcer sur une résolution demandant aux Etats membres de "constater l'existence d'un risque clair de violation grave par la Hongrie des valeurs sur lesquelles l'Union européenne est fondée".

En décembre dernier, la Commission européenne a déclenché l'article 7 contre la Pologne. A terme, la procédure peut mener à une suspension des droits de vote au sein du Conseil de l'Union européenne, rappelait alors Le Monde

  • Combien de voix faut-il?

Le vote, qui s'annonce serré, se tiendra mercredi midi. Outre la simple majorité des voix (376), la résolution doit recueillir au moins les deux tiers des suffrages exprimés afin de valider le lancement de la procédure. 

C'est la première fois que le Parlement fait usage de son droit d'initiative en la matière. Contre la Hongrie, l'exécutif européen a jusqu'à présent recouru à plusieurs procédures d'infraction pour exprimer son mécontentement: sur le non-respect de la législation de l'Union Européenne en matière d'asile, sur la loi qui rend passible de poursuites pénales l'aide aux migrants, sur le financement des ONG et sur la loi sur l'enseignement supérieur.

  • De quoi s'inquiète le Parlement? 

Dans son rapport, l'eurodéputée Judith Sargentini (Verts) énumère les "préoccupations" du Parlement à propos de la Hongrie, qui portent sur le "fonctionnement du système constitutionnel et électoral", "l'indépendance de la justice", "la corruption et les conflits d'intérêts" ou encore diverses libertés individuelles ainsi que les droits des réfugiés.

"Nous avons toujours maintenu qu'il s'agissait d'une chasse aux sorcières", a répondu Zoltan Kovacs, porte-parole du gouvernement hongrois lors d'un point presse à Bruxelles. Le gouvernement hongrois a mis en ligne une "fiche d'information" de plus de 100 pages en réponse au rapport de Mme Sargentini.
  • Quelle est la position du PPE majoritaire, dont est membre le parti d'Orban?

Les deux tiers des voix seront d'autant plus difficiles à obtenir que le principal groupe politique au Parlement européen, le Parti populaire européen (PPE, droite, 218 eurodéputés), accueille en son sein le Fidesz, le parti de Viktor Orban (12 représentants dans l'hémicycle). Le PPE regroupe aussi des formations comme la CDU d'Angela Merkel, le parti chrétien-social du président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker ou encore les Républicains en France.

Le chef des Républicains Laurent Wauquiez se montre prudent sur le sujet. Jeudi dernier, il a assuré sur notre antenne parler "aussi bien à Angela Merkel qu'à Viktor Orban". 

"Rejeter, condamner, ostraciser Orban, c’est extrémiser Orban mais aussi des pays comme l’Autriche, la République tchèque… On a plutôt intérêt à les garder pour les faire évoluer", a jugé dans L'Opinion Brice Hortefeux, député européen et ancien ministre de l'Intérieur. 

"La grande question c'est de voir comment le PPE va voter, et particulièrement (le président du groupe) Manfred Weber", a résumé la vice-présidente du groupe des socio-démocrates Maria Joao Rodrigues. L'Allemand issu de la CSU, l'alliée bavaroise d'Angela Merkel, vient en effet d'annoncer ses ambitions de devenir le futur président de la Commission européenne.

Dans un entretien au quotidien autrichien Standard, Manfred Weber a assuré qu'il n'y avait au sein du PPE "pas de traitement de faveur" pour Viktor Orban.

"Si Orban se montre prêt au compromis (...) et explique comment il veut résoudre le problème, nous serons prêts à discuter", a-t-il assuré. 
  • Quelle est la position des autres partis européens?

L'enjeu politique de ce vote n'échappe à personne à l'approche des élections européennes. Fin août, Viktor Orban, après une rencontre avec le ministre de l'Intérieur italien Matteo Salvini a désigné le président français Emmanuel Macron comme son adversaire principal en Europe.

Déclenchant une réponse immédiate de ce dernier, qui a assuré qu'il ne "céderai(t) rien aux nationalistes et à ceux qui prônent un discours de haine".

Au sein des autres groupes politiques, les avis sont plus tranchés. Les souverainistes (CRE, conservateurs et réformateurs, et ENF, l'Europe des nations et des libertés, extrême droite rejettent la résolution. Le S&D, ADLE (libéraux), les Verts, la GUE (extrême gauche) la soutiennent.

L.A., avec AFP