BFMTV
Ukraine

Guerre en Ukraine: Kherson, Avdiïvka... Où en est la contre-offensive de Kiev contre la Russie?

Un soldat ukrainien - Image d'illustration

Un soldat ukrainien - Image d'illustration - OLIVIER CHASSIGNOLE © 2019 AFP

Alors que la contre-offensive de Kiev semble s'embourber, des mouvements à proximité du Dniepr pourraient préfigurer d'avancées dans le Sud du pays. À l'inverse, Moscou semble accentuer la pression au nord de Donetsk.

Des nouvelles du front, 631 jours plus tard. Alors que la contre-offensive ukrainienne semble avoir bien du mal à porter ses fruits, l'armée russe semble vouloir accentuer sa pression sur le nord de Donetsk, dans l'est du pays, en particulier dans la très disputée ville d'Avdiïvka.

Ce jeudi, le maire de cette ville a assuré à la télévision ukrainienne que les assauts de l'armée russe se sont multipliés ces dernières heures et la situation y est selon ses mots "très tendue." "Ces derniers jours, l'ennemi est devenu plus actif, principalement en direction de (la zone industrielle), menant des actions offensives à l'aide de véhicules blindés", a-t-il poursuivi.

Les Russes ont lancé début octobre une offensive d'ampleur visant à encercler puis conquérir cette ville, au prix de lourdes pertes, selon des experts et des analystes des renseignements en sources ouvertes.

La ville industrielle d'Avdiïvka, peuplée de quelque 30.000 habitants avant la guerre, est aujourd'hui largement détruite et à peine 1.500 personnes y vivent malgré les combats incessants et les bombardements autour. Elle est devenue une cible symbolique pour Moscou, comme l'ont auparavant été Bakhmout ou Marioupol, et marque désormais la ligne de front dans cette zone.

Kherson pris pour cible

Ce jeudi toujours, Kiev a fait état d'un mort dans un nouveau bombardement de la ville méridionale de Kherson.

"Depuis le matin, l'armée russe frappe le district Korabelny de Kherson", a indiqué sur Telegram le gouverneur régional Oleksandr Prokoudine, indiquant qu'un homme de 68 ans était mort et qu'une femme de 54 ans était hospitalisée après avoir été blessée par des éclats au front et à la cuisse.

Kherson a été libérée il y a un an par les forces ukrainiennes après des mois d'occupation, mais l'armée russe n'a jamais cessé de frapper la ville, touchée presque quotidiennement. Depuis, le front est délimité par le fleuve Dniepr, les forces russes occupant la rive gauche, et l'Ukraine contrôlant la droite.

Les forces ukrainiennes mènent des opérations militaires dans cette région depuis plusieurs semaines, dans l'espoir de lancer un assaut plus important afin de percer les lignes russes qui résistent à une vaste contre-offensive enclenchée en juin.

Avancées sur le Dniepr

Mercredi, des avancées notables ont justement eu lieu dans cette zone. Pour la première fois depuis le début du conflit, l'armée russe a admis que des forces ukrainiennes ont réussi à établir des positions sur la rive sous contrôle russe du Dniepr.

"Environ une compagnie et demie, répartie en petits groupes, se trouve sur un tronçon allant du pont ferroviaire jusque (au village de) Krynky", a dit sur Telegram Vladimir Saldo, le dirigeant de la partie occupée de la région ukrainienne de Kherson.

Si l'armée ukrainienne parvenait à percer les lignes russes dans ce secteur, il s'agirait d'un succès important, alors que sa vaste contre-offensive ailleurs dans le pays depuis juin n'a pas eu les résultats escomptés.

Vladimir Saldo est le premier responsable russe à admettre que les forces ukrainiennes ont réussi à traverser le Dniepr dans cette zone et à y ancrer des positions. Une compagnie, selon le glossaire militaire de l'agence de presse russe Tass, peut être constituée de plusieurs dizaines ou centaines de soldats.

Selon des blogueurs militaires russes et ukrainiens et des experts ayant analysé des renseignements accessibles en ligne, l'armée ukrainienne a réussi à ancrer plusieurs positions depuis fin octobre sur la rive occupée du Dniepr, en particulier dans le village de Krynky, dans la région méridionale de Kherson.

Un front figé, jusqu'à quand?

Si l'Ukraine parvenait à consolider ses positions, elle pourrait espérer une percée, le Dniepr constituant le front dans le sud de l'Ukraine depuis la retraite russe de la ville de Kherson en novembre 2022.

Kiev entretient le secret sur ses opérations, le chef de l'administration présidentielle ukrainienne, Andriï Iermak, s'étant borné à simplement dire mardi que les forces ukrainiennes avait "pris pied sur la rive gauche du Dniepr".

Les forces ukrainiennes ont lancé en juin une vaste contre-offensive dans le sud et l'est pour tenter de reconquérir les territoires occupés par la Russie, mais jusqu'ici elle a échoué. Même le chef de l'armée ukrainienne, Valery Zaloujny, dans une interview d'une rare franchise à The Economist, avait admis début novembre que les deux armées étaient "dans une impasse", avec un front figé.

Il est pourtant essentiel de gagner du terrain pour Kiev, qui veut éviter l'effet de lassitude chez ses alliés occidentaux vis-à-vis d'un conflit qui dure depuis près de deux ans, au moment où les yeux de la communauté internationale sont tournés vers Israël et la bande de Gaza.

https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier Journaliste BFMTV