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Ukraine: le respect du cessez-le-feu "globalement satisfaisant", selon l'Elysée

Un militaire à Svitlodarsk, dans les alentours de Debaltseve, pendant le cessez-le-feu.

Un militaire à Svitlodarsk, dans les alentours de Debaltseve, pendant le cessez-le-feu. - Volodymyp Shuvayev - AFP

Le respect du cessez-le-feu dimanche dans l'est de l'Ukraine est "globalement satisfaisant malgré des incidents locaux qu'il faut rapidement régler", selon l'Elysée. Deux civils ont été tués.

Le cessez-le-feu entre les forces de Kiev et les séparatistes prorusses dans l'est de l'Ukraine semble tenir dimanche, malgré des accrochages. Entré en vigueur samedi à minuit, ce cessez-le-feu est la première étape d'un plan de paix destiné à mettre fin à un conflit qui a fait plus de 5.500 morts en 10 mois.

Deux civils tués, plusieurs accrochages

Plusieurs accrochages ont eu lieu après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, notamment autour de la ville stratégique de Debaltseve dont les observateurs de l'OSCE se sont vu refuser l'entrée par les rebelles. Si deux civils ont été tués peu après minuit (23 heures heure française), quelques minutes après l'entrée en vigueur théorique de la trêve à Popasna (région de Lougansk), par des tirs d'artillerie venant, selon Kiev, d'une zone contrôlée par des rebelles dissidents ne respectant pas l'autorité des républiques séparatistes, les affrontements se sont considérablement réduits ensuite.

Dimanche, des journalistes de l'AFP présents sur place pouvaient entendre des tirs d'artillerie isolés provenant de la ville de Debaltseve, noeud ferroviaire stratégique où l'armée ukrainienne était jusqu'à la trêve menacée d'encerclement par les rebelles, sans commune mesure toutefois avec les violences de ces derniers jours. C'est justement de Debaltseve que des observateurs de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), mandatés pour observer l'application du cessez-le-feu, se sont vu empêcher l'entrée par les rebelles.

Des accrochages ont aussi été signalés par les autorités ukrainiennes dans les régions de Marioupol, au sud, et de Lougansk, au nord de la ligne de front, sans qu'il ne soit fait état de nouvelles victimes militaires ou civiles. Samedi, neuf soldats ukrainiens avaient été tués et 39 blessés dans les heures précédant le cessez-le-feu.

A Donetsk, les habitants se réjouissaient dimanche d'une première nuit passée sans bombardement, même si un journaliste de l'AFP a entendu une salve d'artillerie en fin de matinée. "Le cessez-le feu, nous l'avons attendu comme on attend les douze coups de minuit pour le nouvel an!", a déclaré Natalia Alexandrovna, 50 ans, vendeuse sur un marché inhabituellement animé en comparaison à ces derniers mois. "Les gens ici sont tellement abattus par les bombardements quotidiens qu'ils ont du mal à croire que la situation peut s'améliorer", a-t-elle cependant ajouté.

Les troupes ukrainiennes ne semblaient pas non plus croire en une trêve durable. "Il y a de l'espoir, mais il est infime", a estimé un soldat stationné à 25 km de Debaltseve.

Le respect du cessez-le-feu "globalement satisfaisant"

François Hollande, Angela Merkel, Vladimir Poutine et Petro Porochenko ont jugé "le respect du cessez-le-feu" dans l'est de l'Ukraine "globalement satisfaisant malgré des incidents locaux qu'il faut rapidement régler", selon l'Elysée. Ce constat a été dressé lors d'un entretien téléphonique dimanche entre les quatre dirigeants français, allemand, russe et ukrainien, quelques heures après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, selon un communiqué de la présidence de la République.

Ceux-ci "ont marqué également leur accord pour avancer dans la mise en oeuvre des prochaines étapes prévues par le paquet de mesures adopté à Minsk le 12 février", poursuit la présidence dans ce communiqué. Ces étapes sont "le retrait des armes lourdes, le suivi et la vérification du cessez-le-feu et du retrait des armes lourdes par l'OSCE, ainsi que le lancement d'un dialogue sur les modalités de la tenue des élections locales conformément à la législation ukrainienne".

Enfin, les quatre dirigeants "ont apporté leur plein soutien à l'adoption d'une résolution par le Conseil de sécurité endossant le paquet de mesures adopté à Minsk le 12 février", conclut l'Elysée

La situation "en voie de stabilisation"

Le "cessez-le-feu est dans l'ensemble respecté" dans la région, a de son côté précisé l'OSCE au cours d'une conférence de presse, ayant seulement noté un échange d'artillerie autour de Debaltseve dimanche matin.

"La situation est en voie de stabilisation", a pour sa part déclaré le porte-parole militaire ukrainien, Andriï Lyssenko. Il a ajouté que l'armée ukrainienne avait essuyé des attaques à dix reprises dimanche, un nombre bien inférieur aux journées précédentes. Un haut responsable militaire de la République séparatiste de Donetsk (DNR), Edouard Bassourine, a de son côté affirmé que la trêve était "globalement respectée".

"Nous espérons que le cessez-le-feu sera totalement respecté d'ici à quelques heures. Il faut un peu de temps, ce n'est pas un processus instantané", a déclaré Ilia Kiva, responsable du ministère ukrainien de l'Intérieur dans la région de Donetsk. Mais à Enakieve, une ville située à une trentaine de kilomètres à l'ouest de Debaltseve, un chef rebelle déclarait qu'il n'y aurait pas de cessez-le-feu dans cette ville stratégique où "les tirs continuent". "Nous avons besoin de travailler avec acharnement pour rendre durable le cessez-le-feu sans assister aux violations que nous voyons aujourd'hui", a déclaré le ministre ukrainien des Affaires étrangères Pavlo Klimkine, qui a regretté la "responsabilité politique et morale" des autorités séparatistes dans ces violations.

L'accord conclu jeudi à Minsk à l'issue d'une nuit de négociations entre les dirigeants d'Ukraine, de Russie, d'Allemagne et de France prévoit que Kiev et les rebelles ont deux jours après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu pour commencer à retirer leurs armes lourdes de la ligne de front.

M. P. avec AFP