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Ukraine: assaut sanglant à Slaviansk, Poutine avertit de "conséquences"

Des forces spéciales ukrainiennes lors de l'assaut dans la ville de Slaviansk, dans l'est du pays, le 24 avril.

Des forces spéciales ukrainiennes lors de l'assaut dans la ville de Slaviansk, dans l'est du pays, le 24 avril. - -

Kiev a lancé, ce jeudi, un assaut pour reprendre le contrôle de la ville de Slaviansk, dans l'est du pays, bastion des séparatistes pro-russes. L'opération a fait cinq morts parmi les insurgés, et déclenché la colère de Vladimir Poutine.

Une nouvelle journée de tension s'achève en Ukraine. Après avoir annoncé mardi la reprise de leur opération "antiterroriste" dans l'Est, les autorités ukrainiennes ont lancé ce jeudi un assaut meurtrier contre les séparatistes à Slaviansk, bastion des insurgés pro-russes. Cette contre-attaque a aussitôt été dénoncée par le président russe Vladimir Poutine comme "un crime", tandis que l'armée russe a entrepris de nouvelles manoeuvres à la frontière.

> Cinq morts du côté pro-russe

• Assaut meurtrier. Les affrontements entre les troupes ukrainiennes et les séparatistes à Slaviansk "ont fait jusqu'à cinq morts" dans les rangs des insurgés et un soldat ukrainien a été blessé, a annoncé le ministère ukrainien de l'Intérieur, en ajoutant que trois barrages séparatistes à l'entrée de la ville avaient également été "détruits". Les séparatistes ont fait état de deux tués dans leurs rangs.

• Avertissement de Moscou. Vladimir Poutine n'a pas tardé à réagir. "Si le régime actuel à Kiev a vraiment commencé à utiliser l'armée contre la population dans le pays, c'est un crime très grave contre son propre peuple", a-t-il lancé. Le président russe a averti que cette opération aurait "des conséquences pour les gens qui prennent ces décisions". Moscou a ensuite annoncé le lancement de manoeuvres de l'armée russe à la frontière avec l'Ukraine. "Nous sommes contraints de réagir à un tel développement de la situation", a expliqué le ministre de la Défense, Sergueï Choïgou.

> Kiev "ne va pas reculer"

• Offensive poursuivie. Les autorités ukrainiennes, qui ont relancé lundi leur "opération antiterroriste" dans la zone et ont promis "l'élimination" aux séparatistes, semblent déterminées à poursuivre leur offensive. "Nous n'allons pas reculer devant la menace terroriste", a lancé le président par intérim Olexandre Tourtchinov dans une adresse télévisée à la Nation. "Nous exigeons que la Russie cesse de s'ingérer dans nos affaires intérieures, arrête le chantage et les menaces et retire ses troupes de la frontière est de l'Ukraine", a-t-il dit.

• Echange de tirs. Sur le terrain, des journalistes ont entendu dans la matinée des échanges de tirs à un barrage des insurgés à une entrée nord de Slaviansk puis vu plusieurs blindés passer le poste de contrôle, enflammé par les pro-russes. L'un de ces véhicules arborait le drapeau ukrainien. Les blindés ont cependant battu en retraite dans l'après-midi, mettant soudainement fin à l'opération dans cette ville de plus de 100.000 habitants. Kiev a également annoncé la "libération" de la mairie de Marioupol, un port de près de 500.000 habitants dans le Sud-Est après des heurts qui ont fait cinq blessés. Par ailleurs, la journée a été marquée par la libération du journaliste américain Simon Ostrovsky, détenu depuis lundi soir par des séparatistes pro-russes.

> Obama menace de sanctions

• Obama accuse Moscou. A Tokyo, Barack Obama a fait porter sur la Russie la responsabilité de l'échec du compromis international signé il y a une semaine à Genève et qui était censé amorcer une désescalade des deux côtés. "Jusqu'à présent, nous ne les avons pas vu respecter ni l'esprit ni la lettre de l'accord de Genève", a déploré le président des Etats-Unis lors d'une conférence de presse, ajoutant que si la Russie continuait d'ignorer l'accord de Genève et n'agissait pas de façon "plus réfléchie", il y aurait "des conséquences et de nouvelles sanctions" américaines à son encontre. Les Etats-Unis ont décidé de renforcer leurs forces dans la région en envoyant 600 soldats en Pologne et dans les pays baltes.

• La Russie renvoie la balle. Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a accusé de son côté les Occidentaux de se servir de l'Ukraine comme d'"un pion dans le jeu géopolitique". Mercredi, Sergueï Lavrov avait averti que la Russie était prête à intervenir si ses intérêts étaient menacés dans l'est de l'Ukraine, faisant le parallèle avec l'Ossétie du Sud.

A.S. avec AFP