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Terrorisme: les cellules européennes sont-elles connectées entre elles?

Les forces de police d'élite encerclent le supermarché Hyper Cacher de la porte de Vincennes à Paris, pendant la prise d'otages, vendredi dernier.

Les forces de police d'élite encerclent le supermarché Hyper Cacher de la porte de Vincennes à Paris, pendant la prise d'otages, vendredi dernier. - Eric Feferberg - AFP

Après les attentats parisiens de la semaine dernière qui ont fait 17 morts, les forces de l'ordre européennes contre-attaquent, en Belgique, en France et en Allemagne. S'agit-il d'une réponse à une action terroriste coordonnée?

Après les attentats parisiens de la semaine dernière qui ont fait 17 morts, des opérations de police ont été menées dans trois pays d'Europe, entre jeudi et vendredi.

Les gouvernements et forces de l'ordre concernés répondent-ils à une menace jihadiste organisée? L'Etat islamique a-t-il participé directement aux préparations des attentats, à Paris ou en Belgique? Quelles réponses l'Europe peut-elle apporter aux nouveaux risques terroristes qui menacent le continent? BFMTV.com fait le point.

> Quelles arrestations ont eu lieu en Europe cette semaine?

La Belgique a été la première à lancer une opération d'arrestation d'envergure, jeudi, à Bruxelles et à Verviers, dans l'est de la partie francophone du pays. Deux suspects, qui répliquaient à l'arme de guerre, ont été tués dans l'assaut des forces de l'ordre, et quinze personnes ont été arrêtées dans le cadre d'un coup de filet antiterroriste, dont deux sur le territoire français.

Ce réseau jihadiste identifié, dont plusieurs membres ont combattu en Syrie, était "sur le point de tuer des policiers sur la voie publique et dans les commissariats", selon le Parquet fédéral belge. Dans la nuit de jeudi à vendredi, douze personnes ont été placées en garde à vue en région parisienne, car soupçonnées d'avoir apporté un "soutien logistique" aux tueurs de Charlie Hebdo et du magasin Hyper Cacher. A Berlin, une dizaine de perquisitions au sein de la "mouvance islamiste" ont conduit à l'arrestation de deux hommes, qui envisageaient "un acte violent, grave en Syrie", selon la police allemande.

> Les actions étaient-elles coordonnées?

Il n'y aurait "pas de lien direct" entre les attentats commis en France et les opérations en Belgique, a indiqué Manuel Valls vendredi matin. "En Europe, il y a quatre pays principalement touchés par le jihadisme: la France, la Belgique, l'Angleterre et l'Allemagne. Il y a des arrestations tous les jours à ce stade", rappelle Jean-Charles Brisard, spécialiste des questions liées au terrorisme, interrogé par BFMTV.com. "Mais les attaques peuvent également inciter les autres groupes à passer à l'action. Il faut attendre l'enquête avant de pouvoir dire qu'il y avait un lien plus concret entre les groupes des différents pays".

> Quels rôle l'Etat islamique et Al Qaïda jouent-ils dans ces attaques?

Amedy Coulibaly, le tueur de Montrouge et du supermarché Hyper Cacher, revendiquait son appartenance à l'organisation Etat islamique (EI): dans une vidéo postée en ligne, il pose devant le drapeau noir de Daesh, et dit avoir "fait allégeance au calife". "Cela ne correspond à aucun soutien logistique, à rien dans les faits", tranche Olivier Hanne, auteur de Etat islamique, autonomie du nouveau califat. "Il a pu être fasciné par l'imagerie de l'Etat islamique, et ils peuvent l'acclamer post-mortem, mais il ne respectait pas leurs règles, ne parlait pas un mot d'arabe".

Preuve concrète que Coulibaly n'appartenait pas à l'organisation: ses photos, joue contre joue, avec sa compagne. "Un contact physique avec une femme non voilée, avec laquelle on n'est pas marié est inimaginable chez eux", appuie le chercheur.

Amedy Coulibaly aurait cependant séjourné quelques jours dans une structure tenue par Daesh à Madrid, selon le quotidien espagnol La Razon. Mais les spécialistes ne sont pas convaincus: "Il y a des réseaux de recrutement de l'EI, mais pas de preuve d'action préparée en Europe", estime Jean-Charles Brisard. "Il faut distinguer Coulibaly, solitaire, et les frères Kouachi, entraînés par Al Qaïda", ajoute Olivier Hanne.

La branche yéménite de cette organisation a bien reçu les deux frères, Saïd et Chérif Kouachi, jusqu'en 2011. "Mais c'était pendant les grandes années de l'organisation", rappelle Olivier Hanne. Aujourd'hui, dans la péninsule arabe, l'organisation a été chassée d'Arabie Saoudite, et même au Yémen, elle n'est plus en position de force". Depuis, les forces d'Al Qaïda se concentrent dans le sud de l'Algérie, mais surtout en Afghanistan, au Pakistan et en Inde.

Quelle réponse l'Europe peut-elle apporter?

Plusieurs voix, dont Rachida Dati, vendredi matin sur BFMTV, appellent à une "réponse transfrontalière" au terrorisme. "Pour l'instant, elle n'existe quasiment pas en Europe", reconnaît Olivier Hanne. "Mais il faudrait surtout à nouveau donner des moyens financiers à ces secteurs, et ça coûte très cher. Là où il y avait en moyenne vingt agents de la DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur, Ndlr) par département il y a quelques années, il n'y en a plus que 15, voire 10 dans certains cas".