BFMTV
Suisse

Les Suisses disent "non" à l'expulsion automatique des criminels étrangers

Les Suisses aux urnes sur le renvoi automatique des criminels étrangers.

Les Suisses aux urnes sur le renvoi automatique des criminels étrangers. - BFMTV

Les Suisses ont rejeté dimanche la proposition controversée de la droite populiste UDC d'expulser automatiquement les criminels étrangers, selon les estimations de l'institut de sondages Gfs à l'issue d'un référendum.

Être expulsé de Suisse pour un excès de vitesse ou encore une bagarre? Les Helvètes étaient appelés aux urnes ce dimanche pour autoriser le renvoi des étrangers, même pour des délits mineurs. Une expulsion automatique qu'ils ont refusé à 59%, selon l'estimation donnée après la clôture des bureaux de vote à midi, heure locale. Cette estimation est assortie d'une marge d'erreur de + ou - 3%.

Du crime à l’infraction

Elle demandait le renvoi automatique de tout étranger ayant déjà été condamné au cours des 10 dernières années, qui serait reconnu coupable d'avoir commis des infractions mineures comme des "lésions corporelles simples" ou d'avoir participé à une rixe. Le gouvernement et le Parlement avaient jugé la proposition de l'UDC contraire aux "règles fondamentales" de la démocratie. Aucun autre parti national ne soutenait l'initiative.

Un vote similaire en 2010

Il y a près de six ans, le peuple suisse avait déjà accepté, à près de 52,9%, une initiative de l'Union démocratique du centre (UDC, premier parti suisse) demandant le renvoi des criminels étrangers. Mais le Parlement helvétique a introduit en mars dernier une clause permettant aux juges d'éviter l'expulsion automatique des condamnés dans certains cas.

Cette fois, le peuple suisse est consulté sur une initiative beaucoup plus directe réclamant "le renvoi effectif des criminels étrangers". Cette initiative dite de "mise en œuvre" de l'automaticité élargit par ailleurs la liste des motifs d'infraction entraînant l'expulsion.

D'après l'Office fédéral de la statistique, la révision du code pénal adoptée l'an dernier par le Parlement aurait pu conduire en 2014 à l'expulsion de près de 3.900 personnes, contre 500 en moyenne. Avec l'initiative de l'UDC, ce chiffre aurait bondi à 10.200.

"C'est une déception, une déception pour les victimes", a déclaré la députée UDC Céline Amaudruz, à la télévision suisse.

Coup d'arrêt pour l'UDC

Ce refus net des Suisses marque un coup d'arrêt pour l'UDC qui a fait ces dernières années de l'immigration son sujet phare. Le parti, connu pour ses campagnes contre l'immigration et l'Union européenne, a notamment bousculé le jeu politique en Suisse ces dernières années avec notamment des campagnes réussies pour interdire la construction de minarets et contre ce qu'elle a appelé "l'immigration de masse".

Cette fois, les "excès" de l'initiative avaient été vivement dénoncés par les opposants à l'initiative. Ils avaient mené une campagne virulente ces dernières semaines, en publiant notamment dans les gares une affiche polémique, représentant l'emblème suisse de la croix blanche sur fond rouge transformée en croix gammée et comparant la date du 28 février à celles de la nomination de Hitler comme chancelier allemand en 1933 et de l'introduction de l'apartheid en Afrique du Sud en 1948. D'après les premières estimations, le taux de participation a été plus élevé que la moyenne habituellement enregistrée en Suisse (un peu plus de 40%), preuve que le sujet a suscité beaucoup d'intérêt. Fait rare, des files se sont formées dimanche matin devant les bureaux de vote dans plusieurs villes suisses, comme Lausanne, Berne et Bienne.

P. P. avec AFP