BFMTV
Europe

Roumanie: démonstration de force des manifestants contre le gouvernement

Des Roumains manifestent à Bucarest, le 12 février.

Des Roumains manifestent à Bucarest, le 12 février. - Daniel Mihailescu - AFP

Des dizaines de milliers de manifestants ont à nouveau réclamé la démission du gouvernement, dimanche soir, en Roumanie, pour le 13e jour de mobilisation consécutif.

Les Roumains se sont encore mobilisés en masse dans la rue, dimanche soir, pour une nouvelle démonstration de force contre le gouvernement. Des dizaines de milliers de manifestants ont notamment formé à Bucarest un drapeau roumain géant illuminé par leurs téléphones portables, pour réclamer la démission de l'exécutif, qu'ils accusent de miner la lutte contre la corruption.

Près de 80.000 Roumains dans la rue

Bravant des températures glaciales pour le 13e jour consécutif, près de 80.000 personnes, dont de nombreux jeunes et des familles, sont descendues dans les rues des grandes villes de Roumanie pour exprimer leur défiance face à l'exécutif social-démocrate et "défendre l'Etat de droit".

A Bucarest, ils étaient jusqu'à 50.000 rassemblés devant le siège du gouvernement, place de la Victoire, scandant en chœur "voleurs" et "démission". A 21 heures locales, les protestataires ont tenu le défi lancé sur les réseaux sociaux en formant un immense drapeau roumain bleu-jaune-rouge, grâce à des panneaux de couleurs illuminés par les lumières des téléphones portables.

"Nous voulons défendre l'Etat de droit dans ce pays", a expliqué Gheorghe Badescu, un médecin d'une petite ville à 100 km de Bucarest venu manifester avec son fils, Ionut. "Les Roumains veulent être représentés par des gens honnêtes", a renchéri Ionut, médecin en Grande-Bretagne.

Mouvement de contestation sans précédent

Dans le reste du pays, près de 30.000 personnes ont défilé, dont 10.000 à Cluj, la grande ville de Transylvanie, 4.000 à Timisoara et 5.000 à Sibiu. Moins d'un mois après son investiture, le gouvernement roumain dirigé par le Parti social-démocrate (PSD) a suscité un mouvement de contestation populaire sans précédent depuis la chute du communisme en 1989 après avoir pris le 31 janvier, de nuit et en catimini, un décret assouplissant la législation anti-corruption.

Celui-ci aurait permis aux fonctionnaires et aux responsables politiques d'échapper à des peines de prison en cas d'abus de pouvoir constituant un préjudice inférieur à 44.000 euros. Le chef du PSD, Liviu Dragnea, poursuivi pour abus de pouvoir aurait ainsi pu échapper à une condamnation, selon ses détracteurs.

Le gouvernement a affirmé avoir agi pour mettre en conformité le Code pénal avec des demandes de la Cour constitutionnelle. Mais des milliers de Roumains ont exprimé leur colère depuis. Ils ont été jusqu'à un demi-million dimanche dernier, un record. L'Union européenne a elle aussi vertement critiqué l'exécutif roumain pour ces mesures.

"Carton rouge"

Face à la fronde, le gouvernement a reculé et abrogé le décret il y a une semaine. Mais l'abrogation doit encore être validée par le Parlement où les sociaux-démocrates ont une large majorité. Le ministre de la Justice Florin Iordache, artisan du décret, a quant à lui démissionné jeudi.

"Nous voulons donner un carton rouge au gouvernement. La démission du ministre de la Justice ne suffit pas après ce qu'il a tenté de faire, ni l'abrogation du décret", a expliqué un des manifestants, Adrian Tofan, un entrepreneur de 33 ans.

Entrée dans l'Union européenne en 2007, la Roumanie a intensifié sa lutte contre la corruption il y a quelques années. De nombreux ministres ont été condamnés à des peines de prison ferme pour des abus et le parquet national anti-corruption est devenue une des institutions dans lesquelles les Roumains ont le plus confiance.

A.S. avec AFP