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Naufrage de migrants: l'Europe face à son impuissance

Ls migrants arrivent en Sicile après une opération de sauvetage samedi 18 avril.

Ls migrants arrivent en Sicile après une opération de sauvetage samedi 18 avril. - Giovanni Isolino - AFP

Matteo Renzi a réclamé dimanche un sommet européen d'urgence. L'Union européenne devrait se réunir prochainement.

Face à un nouveau drame avec le naufrage d'un bateau de migrants en Méditerranée qui aurait fait près de 700 morts, le président du Conseil européen, Donald Tusk, envisage un sommet extraordinaire consacré à l'immigration clandestine, comme le demandent Rome et Madrid.

Le chef du gouvernement italien Matteo Renzi a réclamé dimanche la réunion d'urgence d'un sommet européen, qu'il souhaiterait obtenir avant la fin de la semaine prochaine.

"On ne parle pas de choses banales, mais bien de vies humaines", a-t-il déclaré dimanche. "Si on ne parvient pas à régler le problème à la racine, on ne réussira jamais à le régler". "Le problème n'est pas celui du contrôle des mers, mais bien la mise hors d'état de nuire des passeurs, ces nouveaux "esclavagistes", a-t-il souligné. L'Espagne a elle aussi réclamé un sommet extraordinaire.

Le Premier ministre espagnol, Mariano Rajoy, a de son côté averti qu'il en va de la "crédibilité" de l'Europe. "Nous Européens, nous risquons notre crédibilité si nous ne sommes pas capables d'éviter ces situations dramatiques qui se produisent tous les jours", a-t-il souligné.

Berlin et Paris appellent à intensifier la lutte contre les passeurs

"Toutes les polices d'Europe et les autorités chargées de surveiller les frontières doivent mobiliser l'ensemble de leurs forces pour lutter contre les bandes de passeurs criminelles qui font des affaires avec la misère humaine", a déclaré le vice-chancelier allemand Sigmar Gabriel. -

Le président français François Hollande a exhorté les pays de l'UE à agir en renforçant "le nombre de bateaux" de surveillance et en proposant "plus de survols" aériens en Méditerranée. Il qualifié les passeurs impliqués dans ces tragédies de "terroristes". 

En revanche, le Premier ministre italien Matteo Renzi, a estimé que "ce n'est pas avec dix bateaux de plus ou de moins" que le problème sera réglé. "Si on ne parvient pas à régler le problème à la racine, on ne réussira jamais à le résoudre", a-t-il déclaré devant la presse, ajoutant que ce trafic d'être humains était une "plaie" pour le continent européen.

Une réunion conjointe des ministres de l'Intérieur et des Affaires étrangères des 28 va ainsi être organisée, a annoncé la Commission européenne. Selon un diplomate de l'UE, la tenue d'une telle réunion était déjà dans les tuyaux et prévue "avant juillet".

De son côté, la chef de la diplomatie de l'UE, l'Italienne Federica Mogherini, a décidé de mettre cette question à l'agenda de la réunion des ministres des Affaires étrangères lundi à Luxembourg. "Je vais présenter une série de propositions concernant la Libye, une des principales routes du trafic illégal de migrants", a-t-elle ajouté dans un communiqué séparé.

Les ministres des 28 doivent discuter lundi de l'assistance que pourrait fournir l'UE à un gouvernement d'unité nationale actuellement en pourparlers en Libye, seule garantie à leurs yeux de stabilité et de réconciliation politique, et seul moyen d'endiguer le flot de migrants alors que les passeurs profitent du chaos ambiant.

L'incurie des autorités européennes pointé du doigt

Plusieurs organisations internationales et humanitaires ont dénoncé ces derniers jours l'incurie des autorités européennes. "Il faut une opération Mare nostrum européenne", a ainsi réclamé Carlotta Sami, porte-parole du Haut-commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR) en Italie. L'opération italienne Mare nostrum de sauvetage des migrants a été remplacée cette année par Triton, une opération de surveillance des frontières beaucoup plus modeste.

Plus de 900 migrants ont perdu la vie depuis le début de l'année en effectuant la traversée entre la Libye et l'Italie, sans compter cette nouvelle tragédie, contre moins de 50 l'année dernière à la même époque, quand Mare nostrum était encore en place, ont relevé cette semaine les organisations humanitaires.

Originaires essentiellement d'Afrique subsaharienne et du Moyen-Orient, en particulier de Syrie, ces migrants s'efforcent de gagner l'Europe en traversant la Méditerranée sur des radeaux de fortune ou des bateaux surchargés.

Le pape François a appelé dimanche la communauté internationale à "agir avec décision et rapidité" face à la multiplication des tragédies en Méditerranée. Les migrants "sont des hommes et des femmes comme nous, des frères qui cherchent une vie meilleure", a déclaré le souverain pontife devant des milliers de fidèles rassemblés place Saint-Pierre.

K. L. avec AFP