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Manifestations, soldats de l'Otan blessés, inquiétudes internationales... Que se passe-t-il au Kosovo?

Des manifestants serbes protestent dans le nord du Kosovo contre l'élection de maires albanais aux dernières municipales.

Des manifestants serbes protestent dans le nord du Kosovo contre l'élection de maires albanais aux dernières municipales. - -STR / AFP

Des heurts ont éclaté lundi dans le nord du Kosovo entre Serbes, police kosovare et forces internationales de l'Otan. Retour sur les raisons du conflit dans ce territoire au statut contesté.

"Le Kosovo est le cœur de la Serbie. Arrêtez la violence", a écrit le champion serbe Novak Djokovic sur une caméra, lundi, avant de quitter le court de Roland-Garros. Le même jour, une manifestation serbe dans le nord du Kosovo faisait de nombreux blessés, dont une trentaine de membres des forces multinationales déployées par l'Otan. Le point sur la situation dans ce territoire au statut contesté.

Le Kosovo a longtemps été une région de Serbie, majoritairement peuplée d'Albanais. Le 17 février 2008, la province proclamait son indépendance, choisissant pour capitale la ville de Pristina. Mais la Serbie n'a jamais reconnu cette indépendance, pas plus que l'ONU ni l'Union européenne. Actuellement, une centaine d'États reconnaissent la souveraineté de ce territoire.

• Pourquoi des Serbes manifestent-ils dans le nord du Kosovo?

Si la population kosovare est majoritairement albanaise, la partie la plus au nord du pays, elle, est en majorité serbe. Les Serbes de cette région, qui représente 15% du territoire, revendiquent leur rattachement à la Serbie.

En novembre, les représentants politiques serbes ont massivement quitté leurs fonctions locales. Pour les remplacer, le gouvernement kosovar a organisé des élections municipales en avril. Prévues en décembre, ces élections avaient dû être repoussées après un regain des tensions. Les Serbes ayant finalement boycotté les élections, des maires kosovars albanais ont été élus, mais au prix d'une abstention massive (moins de 3,5% de participation).

Vendredi, des premiers heurts avaient éclaté lorsque ces nouveaux maires avaient pris leurs fonctions, escortés par la police. Lundi, des manifestants serbes se sont rassemblés devant trois mairies pour exiger le retraits de ces élus, ainsi que celui des forces de police kosovares.

Dans la ville de Zvecan, certains manifestants ont tenté d'entrer dans la mairie. La police kosovare a voulu les repousser en utilisant des gaz lacrymogènes. Les forces internationales de l'Otan déployées au Kosovo se sont alors interposées, avant de tenter de disperser la foule. Ils ont été la cible de jets de pierres et d'engins incendiaires. Ils sont finalement parvenus à repousser les manifestants, au prix de plusieurs blessés de part et d'autre.

• Quelle est la situation ce mardi?

La situation reste tendue mardi dans le Nord du Kosovo où des manifestants serbes sont toujours rassemblés devant la municipalité de Zvecan. Des soldats en tenue anti-émeutes de la KFOR, la force multinationale emmenée par l'Otan pour assurer la stabilité dans la région, ont placé une barrière métallique autour de la mairie pour empêcher plusieurs centaines de Serbes d'y accéder, a rapporté une journaliste de l'AFP.

Trois véhicules blindés de la police kosovare étaient garés devant la mairie. Une trentaine de membres de la force internationale emmenée par l'Otan au Kosovo (KFOR) ont été blessés lundi. De son côté, Belgrade a fait état d'au moins 52 blessés parmi les manifestants serbes, dont trois grièvement, ajoutant qu'un homme de 50 ans avait été blessé par balles par "les forces spéciales" de la police kosovare.

• Quelles sont les réactions à l'international?

L'Union européenne a sommé mardi Serbes comme Kosovars de "désamorcer les tensions immédiatement et sans condition".

Paris a appelé aux "parties, en particulier le gouvernement du Kosovo, à prendre immédiatement les mesures qui s'imposent pour réduire les tensions".

L'Otan a annoncé mardi le déploiement de forces supplémentaires au Kosovo. Une mesure jugée nécessaire pour "s'assurer que la KFOR dispose des capacités dont elle a besoin pour maintenir la sécurité conformément au mandat qui nous a été confié par le Conseil de sécurité de l'ONU", a déclaré l'amiral Stuart B. Munsch dans un communiqué.

Vendredi, alors que les nouveaux maires prenaient leurs fonctions dans le nord du Kosovo, le président de la République serbe, Aleksandar Vucic, a ordonné à l'armée serbe de se placer en état d'alerte maximale. Il a précisé lundi soir que les unités dépêchées à proximité de la frontière avec le Kosovo étaient déployées sur des positions "indispensables".

Isabelle Missiaen