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Macédoine du Nord: la nouvelle présidente refuse de prononcer le nouveau nom du pays

Gordana Siljanovska-Davkova, la première femme présidente de la Macédoine du Nord

Gordana Siljanovska-Davkova, la première femme présidente de la Macédoine du Nord - Robert ATANASOVSKI / AFP

Depuis un accord conclu en 2018 avec la Grèce, la Macédoine du Nord a accepté d'ajouter la mention géographique "du Nord" au nom du pays, pour mettre fin à une querelle de longue date avec son voisin.

Gordana Siljanovska-Davkova, première femme présidente de la Macédoine du Nord, a refusé de prononcer le nouveau nom du pays utilisé après un accord conclu en 2018 avec la Grèce, lors de sa prestation de serment dimanche, un geste critiqué par Bruxelles.

"Je déclare que j'exercerai la fonction de présidente de Macédoine de manière consciencieuse et responsable, que je respecterai la Constitution et les lois et que je protégerai la souveraineté, l'intégrité territoriale et l'indépendance de la Macédoine", a déclaré Gordana Siljanovska-Davkova devant les députés du Parlement et des invités à la cérémonie.

Dans le texte officiel, qu'elle a répété, c'est bien le nom constitutionnel de Macédoine du Nord qui est employé, a constaté un journaliste de l'Agence France-Presse (AFP). Le geste de la nouvelle présidente a été désapprouvé par la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, peu après un premier message de félicitations envoyé sur le réseau social X.

"Afin que la Macédoine du Nord poursuive avec succès son chemin vers l'adhésion à l'UE, il est primordial que le pays continue sur la voie des réformes et du respect entier de ses accords obligatoires, y compris de l'accord de Prespa", a écrit Ursula von Der Leyen sur X.

Skopje a conclu en 2018 cet accord "historique" avec la Grèce, en acceptant d'ajouter la mention géographique "du Nord" au nom du pays, pour mettre fin à une querelle de longue date avec son voisin, qui bloquait pour cette raison son adhésion à l'Otan et ses négociations d'adhésion à l'Union européenne (UE).

Le pays est devenu membre de l'Otan en 2020. La formation de droite nationaliste, le VMRO-DMPNE, dont Gordana Siljanovska-Davkova était candidate à ce scrutin, s'opposait à cet accord avec la Grèce.

Première femme présidente

Gordana Siljanovska-Davkova a été élue le 8 mai pour un mandat de cinq ans au deuxième tour de l'élection présidentielle, en battant avec 65% des voix le chef de l'État sortant social-démocrate, Stevo Pendarovski. Elle est la première femme à accéder à cette fonction depuis la proclamation d'indépendance de ce petit pays des Balkans en 1991.

Cette professeure universitaire à la retraite, qui a fêté samedi son 71e anniversaire, a assuré qu'elle serait la présidente de "tous les citoyens" et a appelé à l'"unité" dans le pays.

"Félicitations, Gordana Siljanovska-Davkova, d'être devenue la première femme présidente de la Macédoine du Nord. Votre leadership arrive à un moment crucial, alors que votre pays fait avancer ses réformes et poursuit son chemin vers l'UE", a écrit Ursula von der Leyen dans son premier message sur X. Sa prise de fonction a été saluée également par le président du Conseil européen Charles Michel.

Le VMRO-DMPNE est également arrivé largement en tête des élections législatives, qui se sont déroulées aussi le 8 mai, s'assurant 58 des 120 sièges au Parlement en battant l'Union sociale-démocrate (SDSM), au pouvoir depuis 2017.

Le retour au pouvoir de l'opposition de droite dans ce pays pauvre des Balkans de 1,8 millions d'habitants risque de raviver les tensions avec la Grèce, mais aussi avec la Bulgarie, qui pose ses propres conditions pour faire avancer les négociations d'adhésion de la Macédoine du Nord à l'UE.

C.Bo. avec AFP