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La Libye base arrière des passeurs de migrants

La plupart des migrants arrivés en Italie ont transité par la Libye où sont implantés les passeurs.

La plupart des migrants arrivés en Italie ont transité par la Libye où sont implantés les passeurs. - Giovanni Isolino - AFP

La Libye, porte d’entrée de l’Europe est devenue le pays par lequel transitent les migrants qui viennent s’échouer sur les côtes italiennes. Le chaos politique qui y règne profite aux passeurs qui en ont fait leur principal point d’implantation.

François Hollande les a qualifiés de "terroristes", Matteo Renzi "d’esclavagistes". Les passeurs, qui entassent chaque jour des centaines de migrants sur des bateaux à prix d’or ont établi leur base principalement en Libye.

Le chaos dans lequel le pays est plongé après l’échec de la Révolution libyenne et de l’intervention militaire d’une coalition étrangère a laissé le champ libre aux passeurs.

Les côtes libyennes poreuses

Dans le pays, deux gouvernements s’opposent et s’affrontent. Le gouvernement légitime basé dans la capitale Tripoli et le gouvernement des milices coalisées qui a fait de Tobrouk son chef-lieu. "Tant qu’il n’y aura pas d’autorité politique à peu près stable en Libye, les côtes libyennes serviront à tous ces trafics orduriers", dénonce Michel Sapin sur BFMTV.

Lundi, Matteo Renzi le Premier ministre italien a annoncé l’arrestation de 24 de ces passeurs. Ces derniers avaient organisé une quinzaine de voyages depuis un an, avec pour point d’embarquement le port de Zuwarah en Libye, à quelques kilomètres de la frontière tunisienne.

"Des milices" et "des opportunistes"

Si les derniers passeurs arrêtés étaient Erythréens et Ethiopiens, pour le Général Dominique Trinquand, ancien chef de mission française à l’ONU interrogé sur BFMTV, le profil des passeurs implantés dans le pays est "un mélange de milices qui étaient en place et d’opportunistes isolés". Mais c’est bien l’absence de force étatique en Libye qui favorise ces comportements. "Ils profitent de la situation pour faire rentrer de l’argent, c’est un genre de travail d’esclavagiste". Depuis le début de la crise des migrants, les autorités italiennes auraient ainsi interpellé 1.002 personnes.

Comme la plupart des réseaux démantelés, les derniers passeurs arrêtés organisaient en théorie le transport jusqu’à Rome ou Milan. Mais d’après le rapport d’enquête du parquet de Palerme, les migrants étaient embarqués sur des bateaux en mauvais état puis les passeurs les abandonnaient en pleine mer après avoir lancé des appels au secours. 

Carole Blanchard avec Rym Bey et François Pitrel