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Italie

Prolifération des sangliers: l'Italie autorise la capture et l'abattage d'animaux sauvages, même en ville

Un sanglier dans les rues de Rome en septembre 2021

Un sanglier dans les rues de Rome en septembre 2021 - ALBERTO PIZZOLI / AFP

Le texte a été voté la semaine dernière, et a notamment pour but de limiter la prolifération des sangliers, mais peut s'appliquer à toute la faune considérée comme sauvage.

Les législateurs italiens ont approuvé la semaine dernière un plan visant à permettre la la capture et l'abattage des animaux sauvages dans les zones urbaines afin de contenir les sangliers errant dans des villes comme Rome. La commission du Budget du Parlement a donné son feu vert à un amendement proposé par le parti d'extrême droite Fratelli d'Italia de la Première ministre Giorgia Meloni au budget 2023.

Appelé "contrôle et confinement de la faune sauvage", il doit être soumis à un vote avant la fin de l'année. Il permet l'abattage des animaux sauvages afin, entre autres, de renforcer la protection routière.

Fratelli d'Italia précise qu'il ne s'agit pas de chasse mais de "contrôle" et affirme que les nombreux sangliers divaguant dans les espaces publics sont dangereux pour les citoyens et les automobilistes, en plus du risque de propagation de maladies.

Poursuites, accidents de la route, dégradations... Plusieurs histoires concernant ces sangliers ont été médiatisées ces dernières années.

Des carabines "chargées de somnifères"

Les estimations évaluent à deux millions le nombre de sangliers en Italie, et les plaintes à l'encontre de ces animaux sont nombreuses. "Le seul moyen de contenir leur expansion est l'abattage", a assuré Marta Farolfi, députée de la formation d'extrême droite. 

Dans le texte toutefois, le mot sanglier n'apparait pas, c'est le terme "faune sauvage" qui est utilisé, étendant la possibilité de cette régulation à plusieurs espèces. L'article demande à ce qu'il soit possible de chasser des espèces sauvages même dans les zones où la chasse est interdite, y compris les zones protégées et zones urbaines, et même les jours où la chasse est habituellement interdite.

Face aux critiques soulevées par cet article, qui donne l'impression de donner libre cours à la chasse n'importe où, n'importe quand, Tommaso Foti, député Fratelli d'Italia à l'origine de ce texte, assurait la semaine dernière dans La Repubblica que "des carabines seront utilisées, mais chargées de somnifères".

D'autre part, il n'y aura "pas de tir dans les jardins publics" ou sur les terrains des habitants, assure-t-il. "Prétendre qu'on veut faire venir des chasseurs avec des fusils de chasse au Colisée, c'est trop", ajoute-t-il.

Les agents de police locaux et régionaux, la police nationale des forêts mais aussi les chasseurs privés agréés (ayant un permis de chasse et ayant reçu une formation) pourront participer aux campagnes.

L'article prévoit, également, la possibilité de destiner "à la consommation alimentaire" l'animal qui aurait été abattu, s'il passe les contrôles d'hygiène sanitaire.

Une "attaque contre la biodiversité et la faune de notre pays"

Les groupes de défense des animaux estiment pour leur part que cette mesure pourrait mettre en danger des espèces protégées, considérées comme faisant partie de la faune sauvage, telles que les loups. Le député du groupe écologiste Angelo Bonelli critique sur Twitter la possibilité avec ce texte de s'en prendre également aux ours ou encore aux renards.

Il dénonce une "attaque contre la biodiversité et la faune de notre pays."

"Cette approbation scandaleuse inaugure une nouvelle saison de massacres", a déclaré Massimo Vitturi, de l'association LAV pour les droits des animaux. L'Organisation internationale italienne pour la protection des animaux (OIPA) a estimé de son côté qu'elle pourrait ouvrir la voie à des "tueries aveugles d'animaux sauvages".

Des groupes d'opposition ont promis de mener l'affaire devant l'Union Européenne pour faire annuler cet article.

Salomé Vincendon
Salomé Vincendon Journaliste BFMTV