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Italie: Les populistes s'accordent pour prendre le pouvoir, Conte chargé de former le gouvernement

Giuseppe Conte à Rome (Italie), le 31 mai 2018

Giuseppe Conte à Rome (Italie), le 31 mai 2018 - TIZIANA FABI / AFP

"Toutes les conditions sont réunies pour un gouvernement politique M5S/Ligue", ont annoncé les leaders des deux partis dans un communiqué jeudi.

L'Italie s'est dotée jeudi soir d'un gouvernement populiste avec la nouvelle désignation de Giuseppe Conte au poste de Premier ministre, après un compromis auquel sont parvenus les chefs de file du Mouvement Cinq Etoiles (M5S, antisystème) et de la Ligue (extrême droite).

Cette fois, le président Sergio Mattarella a validé la liste des membres de l'équipe gouvernementale âprement négociée par les deux alliés pour appliquer le programme anti-austérité et sécuritaire sur lequel ils s'étaient accordés il y a près de deux semaines.

Les deux dirigeants des antisystème et de l'extrême droite, Luigi Di Maio et Matteo Salvini, deviennent ainsi vice-Premiers ministres, le premier étant chargé du Développement économique et le second de l'Intérieur, a annoncé dans la soirée Giuseppe Conte.

Tria à l'économie, Savona aux Affaires européennes

Le ministère de l'Economie et des Finances revient à Giovanni Tria, un professeur d'économie politique proche des idées de la Ligue en particulier sur la baisse radicale et la simplification des impôts, mais résolument en faveur du maintien de l'Italie dans l'euro.

Paolo Savona, l'économiste de 81 ans au départ pressenti pour ce poste, mais qui faisait peur à l'Union européenne parce qu'il prône un "plan B" contre l'euro, est quant à lui ministre des Affaires européennes.

Et c'est le très européen Enzo Moavero Milanesi, qui a travaillé pendant 20 ans à Bruxelles et a été ministre des Affaires européennes de Mario Monti et d'Enrico Letta (2011-2014), qui est placé aux Affaires étrangères. Le gouvernement doit prêter serment vendredi à 16 heures.

"Toutes les conditions sont réunies pour un gouvernement politique M5S/Ligue", ont annoncé Luigi di Maio et Matteo Salvini dans un communiqué transmis par le M5S après plusieurs heures de tractations.

Giuseppe Conte chargé de former le gouvernement

Dans la foulée, Carlo Cottarelli, qui avait été chargé lundi de former un gouvernement d'experts après l'échec de la première tentative de Giuseppe Conte, avait remis son mandat au président jeudi soir, ouvrant la voie à la convocation de Giuseppe Conte.

Ce dernier, un juriste de 53 ans novice en politique choisi par Luigi Di Maio et Matteo Salvini il y a deux semaines, avait encore assuré dans la matinée son cours de droit privé à Florence.

Déjà nommé il y a huit jours, il avait jeté l'éponge dimanche soir après le veto du président à la nomination de Paolo Savona.

"Peut-être qu'on y est enfin"

Selon des sources à la présidence, la prestation de serment du nouveau gouvernement pourrait avoir lieu dès vendredi main. Les médias évoquent un discours de politique générale et un vote de confiance lundi et mardi dans les deux chambres du Parlement.

"Engagement, cohérence, écoute, travail, patience, bon sens, tête et coeur pour le bien des Italiens. Peut-être qu'on y est enfin, après tant d'obstacles, d'attaques, de menaces et de mensonges", s'est réjoui Matteo Salvini sur Facebook.

Même si le chef de gouvernement sortant, Paolo Gentiloni, est toujours en place, le temps presse: l'Italie aurait besoin d'un Premier ministre pour la parade militaire de samedi, jour de fête nationale, et pour le G7 de La Malbaie la semaine prochaine au Canada.

Un Italien sur deux "inquiet" de la situation politique

Dans ce climat d'extrême incertitude, les marchés financiers ont maintenu leurs gains de mercredi.

La Bourse de Milan a clôturé à l'équilibre, avec une baisse de 0,06% au lendemain d'une hausse de 2%, et le "spread", l'écart très surveillé entre les taux allemand et italien à dix ans qui avait franchi la barre des 300 points mardi, a continué à baisser pour atteindre 238 points.

Les Italiens semblaient nettement moins sereins: selon un sondage réalisé mardi et mercredi par l'institut Demopolis, 54% des personnes interrogées se déclaraient "inquiètes" de la situation politique, 30% "en colère", 11% "déçues" et seulement 5% "confiantes".

En revanche, selon deux sondages diffusés mercredi par les médias italiens, entre 60 et 72% des Italiens souhaitent un maintien de l'Italie dans l'euro. M. Di Maio répète que le M5S ne souhaite pas une sortie de l'euro. La position de la Ligue est moins claire: Matteo Salvini n'envisage pas une sortie unilatérale mais considère l'euro comme un échec que l'UE devra abandonner tôt ou tard.

C. P. avec AFP