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Guerre en Ukraine: pour Alain Bauer, le 9 mai pourrait marquer le début d'une "grande guerre patriotique"

Alors que la date du 9 mai, hautement symbolique pour les Russes, se rapproche, elle pourrait faire basculer le conflit dans une autre dimension, selon Alain Bauer, invité de BFMTV-RMC ce jeudi.

La guerre en Ukraine est entrée dans son troisième mois, avec comme nouvelle ligne de mire pour les Russes la région du Donbass. Une date pourrait faire basculer la guerre dans un conflit d'enlisement: celle du 9 mai. Pour Alain Bauer, professeur au Cnam (Conservatoire National des Arts et Métiers) et spécialiste des questions de sécurité et de défense, invité de BFMTV-RMC ce jeudi matin, ce 9 mai 2022 pourrait être décisif pour la suite du conflit.

Pour rappel, cette date, appelée "Jour de la Victoire" en Russie, est importante dans l'imaginaire collectif russe. Elle correspond au jour de la commémoration de la signature de l'acte de capitulation de l'Allemagne nazie, à Berlin, face aux Alliés, dont l'Union soviétique. Ainsi, le 9 mai est également célébré dans toutes les anciennes républiques qui composaient l'URSS.

"10 ou 20 ans de guerre froide ou de paix chaude"

Selon Alain Bauer, à cette date, deux possibilités s'ouvrent pour Vladimir Poutine. "Soit il a une victoire", et un "cessez-le-feu général" est décrété, "soit il n'a pas gagné". Si la guerre se poursuit au-delà du 9 mai, le président russe pourrait "annoncer que la patrie est en danger".

"C'est le moment de lancer la nouvelle grande guerre patriotique", estime Alain Bauer, avec une déclaration "visant à nous annoncer qu'on est parti pour 10 ou 20 ans de guerre froide ou de paix chaude".

Depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine, le chef d'État russe a en effet justifié cette "opération spéciale" comme une volonté de "dénazifier" le pays. Pour Alain Bauer, "depuis plusieurs jours, les Russes qui ne s'exprimaient plus sur la question commencent à faire entendre une petite musique sur l'escalade. Sauf que les Russes faisaient toujours la désescalade sur l'escalade, avec des discussions". Or, selon lui, "il n'y a actuellement pas de dialogue alternatif" aux tentatives de pourparlers russo-ukrainiens.

Quid de l'avenir? Sur le terrain, "l'Ukraine peut gagner un certain nombre de batailles", mais "elle ne regagnera probablement jamais la Crimée", analyse Alain Bauer. De la même façon, le pays de Volodymyr Zelensky "peut regagner des positions importantes dans le Donbass", mais ce seront "des ruines". "Car la Russie, si elle ne peut pas gagner, ne laissera rien derrière elle", assure le professeur.

Fanny Rocher