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Guerre en Ukraine: pourquoi le 9 mai pourrait devenir une date butoir dans le conflit

Des avions de l'armée russe le Jour de la Victoire, le 9 mai 2021

Des avions de l'armée russe le Jour de la Victoire, le 9 mai 2021 - ALEXANDER NEMENOV / AFP

La commémoration du Jour de la Victoire prévue le 9 mai doit pour Vladimir Poutine être l'occasion d'exposer ses succès militaires alors que son armée s'embourbe en Ukraine.

De guerre éclair à guerre des tranchées. Plus d'un mois après le début de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, différentes zones de combats semblent se figer à mesure que les jours passent. Vladimir Poutine, qui souhaitait une prise rapide de Kiev, se retrouve empêtré dans une guerre de positions, son armée se montrant incapable de prendre les principales villes du pays dans lesquelles la résistance ukrainienne s'organise.

Pour autant, le président russe ne devrait pas se satisfaire d'un scénario similaire à celui du Donbass, où l'armée urkainienne et les séparatistes pro-russes campaient sur leurs positions depuis 2014. Selon plusieurs hypothèses, le temps pourrait même jouer en défaveur de Vladimir Poutine, qui aurait dans son viseur la date du 9 mai comme prochaine échéance.

Cette date est extrêmement importante dans l'imaginaire collectif russe. Appelée Jour de la Victoire, elle correspond au jour de commémoration de la signature, à Berlin, de l'acte de capitulation de l'Allemagne nazie face aux Alliés, dont l'Union soviétique. Ce jour est également célébré dans toutes les anciennes républiques qui composaient l'URSS.

Statu quo impensable

Comme le rappellent les Archives départementales de la Marne, la capitulation allemande avait dans un premier temps été signée dans une école de Reims. "Mais Staline voulait la resigner à Berlin, et ça a été fait le 8 mai après 23 heures, soit le 9 mai à Moscou, avec le décalage horaire. C’est le jour de la victoire contre l’hitlérisme", ajoute à BFMTV.com Patrick Sauce, éditorialiste politique internationale sur notre antenne.

Dans les faits, en Russie, ces célébrations sont l'occasion de manifestations patriotiques extrêmement importantes, où est rendu un hommage aux disparus du second conflit mondial. C'est également l'occasion pour Vladimir Poutine, comme cela est le cas dans d'autres pays comme la Corée du Nord, de mettre en avant la force militaire du pays en faisant défiler soldats, véhicules et imposants missiles.

Cette année, ces célébrations auront une saveur particulière. "Comme la dénazification, c’est la motivation de Vladimir Poutine, et qu’il utilise des termes comme 'guerre totale' ou 'pogrom', ce sont des mots qui ont un fort écho", assure Patrick Sauce.

"Il est obligatoire qu’il ait des succès. Il est impossible de faire un tel défilé avec un simple statu quo", insiste-t-il. Dans les colonnes du Parisien, le consultant défense Pierre Servent partage le même avis. "Il a besoin de succès marquants pour aussi faire du 9 mai la célébration de la victoire de l’armée russe face à ces 'nouveaux nazis' en Ukraine."

Dès le début du conflit ukrainien, Vladimir Poutine avait annoncé vouloir "arriver à une démilitarisation et une dénazification de l'Ukraine." Un terme au service de la propagande de Vladimir Poutine, l'objectif de ce dernier étant alors de frapper fort, marquer les esprits et semer le doute dans l'esprit des Occidentaux. Sur la télévision d'état russe, l'Ukraine est d'ailleurs régulièrement présentée comme un État "néo-nazi."

Marioupol davantage visée?

L'approche de cette date fatidique est-elle la cause du revirement stratégique russe? Vendredi passé, à la surprise générale, l'État-major de l'armée de Moscou avait annoncé qu'il comptait désormais se concentrer sur l'est de l'Ukraine. Dans cette zone du pays, se trouve Marioupol, ville-martyr déjà violemment frappée et assiégée par les Russes dès les premiers jours du conflit.

"Cette 'dénazification' pourrait être une victoire à Marioupol", confirme Patrick Sauce, qui rappelle que dans cette région se trouve la majorité des partisans du bataillon Azov, une formation paramilitaire ukrainienne néo-nazie pointée du doigt par le Kremlin.

À la suite de cette décision russe, Oleksiï Arestovytch, un conseiller de la présidence ukrainienne, avait averti que cette ville portuaire risquait une "aggravation" de sa situation.

"Toutes les entrées et sorties de la ville sont bloquées (...) il est impossible de faire entrer à Marioupol des vivres et des médicaments", a-t-il affirmé dimanche soir. "Les forces russes bombardent les convois d'aide humanitaire et tuent les chauffeurs", a-t-il ajouté, indiquant que les rues étaient jonchées de "cadavres" qu'il était impossible d'enterrer.
https://twitter.com/Hugo_Septier Hugo Septier Journaliste BFMTV