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Grèce

Alexis Tsipras, le leader qui s’est imposé à l’Europe

Vainqueur des élections législatives grecques avec son parti Syriza, Alexis Tsipras revient au pouvoir un mois après sa démission. Un retour gagnant pour le leader de gauche, qui a réussi à écarter du pouvoir les opposants de son propre camp et imposé son rythme à l’Union européenne.

Avec sa victoire aux législatives dans son pays, Alexis Tsipras montre qu’il est maître du jeu, en Grèce et en Europe. Dimanche, son parti Syriza a obtenu au moins 35% des suffrages. Même si la ferveur électorale n’était pas aussi forte qu’en janvier dernier, il remporte tous ses paris.

> Une victoire après un départ volontaire

Dimanche soir, les Grecs ont donné une deuxième chance à Alexis Tsipras. Le Premier ministre, en quête de légitimité, avait décidé de démissionner en août dernier. Lors du vote du troisième plan d’aide à la Grèce par les députés grecs, sa majorité avait éclaté, Alexis Tsipras avait alors préféré remettre son mandat en jeu devant les électeurs.

"Contrairement à ceux qui pensent qu'ils doivent garder leur place, moi je sens vraiment l’obligation de soumettre mon bilan, mes erreurs et mes succès, à votre jugement", expliquait-t-il le soir de sa démission. 

Une démission avec la volonté de revenir, mais qui aurait pu lui coûter sa place pour de bon. Malgré une forte abstention, environ 40%, une majorité des électeurs ont souhaité le reconduire à la tête du gouvernement.

> Les dissidents écartés par les élections

Les députés qui avaient fait scission après le vote du plan d’aide n’ont pas été réélus. Alexis Tsipras n’aura donc pas à composer avec l’aile gauche de Syriza, rassemblée sous une nouvelle bannière, celle d’Unité populaire. Lors du débat à l'Assemblée sur le plan d'aide à l'Europe, plusieurs personnalités lui avaient tenu tête, notamment l'ex-présidente du Parlement, Zoé Konstantopoulou. Cette dernière, qui n'a pas été réélue, souhaitait ne pas rembourser la dette du pays.

Le Premier ministre va de surcroît pouvoir former un nouveau gouvernement de coalition avec le parti de droite souverainiste, réalisant la même alliance que lors de son premier mandat.

> S’imposer comme interlocuteur de l’UE

Lundi, les dirigeants européens ont salué l'élection d'Alexis Tsipras. C'est le cas du président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker tout comme Donald Tusk, le président du Conseil européen.

Le commissaire européen chargé de l’euro, Valdis Dombrovskis, a lui estimé lundi que cette victoire "donnait des raisons d’espérer" que le pays mène à bien les réformes des créanciers. Une déclaration qui montre qu'au fil des mois, Alexis Tsipras a fini par être considéré comme l’interlocuteur incontournable.

> Un gage de stabilité pour les créanciers

Pourtant, depuis son arrivée au pouvoir, il n’a fait qu’imposer son rythme aux créanciers. Lors de sa première élection en janvier dernier, il avait défié l’Europe. "L’avenir commun de l’Europe n’est pas celui de l’austérité", déclarait-il à la sortie des urnes.

En juin dernier, il était allé jusqu’à rompre les négociations avec ses partenaires européens, pour convoquer un référendum sur le plan d’aide à la Grèce. Après le refus massif à plus de 60% des mesures, Alexis Tsipras avait malgré tout dû composer avec les exigences des créanciers et fini par accepter de sévères mesures d’austérité. Mais aujourd’hui, les dirigeants européens veulent coopérer avec lui, conscients que sans stabilité au pouvoir, la situation grecque risque de rester dans l’impasse.

Carole Blanchard avec AFP