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Espagne

Les Catalans aux urnes pour décider du sort de l'indépendantisme

Des affiches électorales dans les rues de Barcelone, le 19 décembre, avant les régionales de ce jeudi 21.

Des affiches électorales dans les rues de Barcelone, le 19 décembre, avant les régionales de ce jeudi 21. - Javier Soriano - AFP

Deux mois après la proclamation de l'indépendance de la Catalogne, non reconnue par Madrid, et qui a mené à la mise sous tutelle de la région, les Catalans se rendent aux urnes ce jeudi pour des élections régionales.

Nouveau suspens électoral en Catalogne. Les Catalans sont appelés aux urnes ce jeudi pour décider si les indépendantistes doivent rester au pouvoir dans leur région, deux mois après la proclamation d'une République de Catalogne mort-née qui a ébranlé l'Espagne.

Une forte participation attendue

En 2015, les indépendantistes avaient pour la première fois remporté une majorité des sièges au parlement catalan, en rassemblant 47,8% des suffrages (avec 77,4% de participation).

Une participation massive est de nouveau attendue pour ces élections exceptionnellement convoquées par le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy, qui a placé la région sous tutelle après la déclaration d'indépendance de son parlement régional, qui avait vivement inquiété en Europe.

Un vote aux airs de référendum

Le scrutin régional de ce jeudi prend ainsi des allures de référendum pour ou contre l'indépendance. Les conservateurs qui dirigent actuellement l'Espagne, de même que les libéraux de Ciudadanos et leurs adversaires socialistes, ont fait campagne en fustigeant "le cauchemar" ou "la folie" indépendantiste. 

Ils ont insisté sur "la fracture sociale" créée par la question de l'indépendance dans la région ou sur la fuite de 3000 entreprises qui ont déplacé leur siège social ailleurs.

Nombre d'analystes tablent cependant sur un gouvernement dirigé par les indépendantistes. Selon les sondages, la bataille pour la première place se jouerait entre le parti sécessionniste de gauche ERC du vice-président destitué Oriol Junqueras - inculpé et emprisonné pour "rébellion" - et la formation Ciudadanos incarnée par Inès Arrimadas. 

Un test ultime pour Puigdemont

Les deux principaux dirigeants destitués par Madrid jouent leur va-tout avec ce scrutin, mais se présentent sur des listes séparées. Le président catalan révoqué, Carles Puigdemont, qui s'est exilé à Bruxelles, entend reconquérir son poste par les urnes, tout en sachant qu'il serait aussitôt arrêté s'il rentrait. 

"Ce qui est en jeu, ce n'est pas qui remporte les élections, mais si c'est le pays (la Catalogne, NDLR) qui gagne ou si c'est Rajoy", a lancé Carles Puigdemont par vidéoconférence lors du dernier meeting de sa liste Ensemble pour la Catalogne.

Oriol Junqueras n'a, lui, pas pu faire campagne. Autorisé à dix appels téléphoniques par semaine depuis sa prison, il a néanmoins envoyé à ses militants messages, poèmes et enregistrements. Nombre d'électeurs arboreront jeudi des rubans ou vêtements jaunes, couleur de la protestation contre la détention prolongée de quatre leaders indépendantistes.

Un indépendantisme "décapité"?

En octobre, la région avait organisé clandestinement un référendum d'autodétermination interdit, marqué par des violences policières. L'Union européenne avait refusé de s'immiscer dans une affaire intérieure.

Le 27 octobre, 70 députés catalans sur 135 ont finalement proclamé une "République catalane" restée sans effet. Depuis, le gouvernement central a pris le contrôle de la région, destitué le gouvernement, dissous le Parlement pour convoquer ces élections. Le parti de Mariano Rajoy - qui n'avait recueilli que 8,5% des voix aux élections régionales de 2015 - se vante désormais d'avoir "décapité" l'indépendantisme catalan.

Alors que la campagne était close, Mariano Rajoy a profité mercredi d'un dîner de Noël de sa formation pour se féliciter d'avoir fait usage en Catalogne d'un article de la Constitution jamais encore utilisé, permettant de suspendre l'autonomie d'une région. "Dans tous les lieux d'Espagne, les gouvernants (...) savent désormais ce qui se passent quand ils font ce qu'on ne peut pas faire", a-t-il averti.

A.S. avec AFP