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Espagne

Catalogne: ce que disent les derniers sondages

Les récents sondages prédisent une forte participation de la part des Catalans, pour un résultat très serré entre unionistes et indépendantistes.

Dernière ligne droite. Les Catalans sont appelés aux urnes jeudi pour élire les 135 députés du Parlement de Barcelone, dominé depuis 2015 par les indépendantistes. Ces élections anticipées, convoquées par le gouvernement espagnol en octobre dernier après la proclamation d'indépendance de la Catalogne, revêtent un enjeu majeur autant pour les indépendantistes que pour les unionistes, alors que le climat est toujours tendu dans la région. 

D'un côté, les indépendantistes, dont certains imaginent ces élections comme un nouveau référendum sur l'auto-détermination, veulent prouver que leurs idées ne sont pas mortes, et pouvoir poursuivre les négociations avec Madrid. De l'autre, les unionistes, appuyés par le gouvernement espagnol, veulent assurer la stabilité du pays, et démontrer qu'une "majorité silencieuse" refuse l'indépendance.

Une campagne saugrenue

Les candidats participent depuis plusieurs jours à une campagne sans précédent, pour le moins cocasse. Certains d'entre eux, à l'image du président destitué de la région Carles Puigdemont (tête de liste de Junts per Catalunya, liste indépendantiste), sont soit exilés, soit derrière les barreaux. 

Celui qui avait proclamé l'indépendance est toujours exilé à Bruxelles, alors que la procédure d'extradition le visant vient de prendre fin. Il mène alors sa campagne par le biais d'Internet, en s'appuyant sur les réseaux sociaux et en multipliant les video-conférences. 

Oriol Junqueras, à la tête de ERC, liste de la gauche indépendantiste, est pour sa part en prison. Cet ancien vice-président de la Catalogne est en détention provisoire dans le cadre de sa participation au référendum non autorisé du 1er octobre et à la déclaration d'indépendance qui a suivi. C'est Marta Rovira, la numéro 2 du parti, qui fait campagne sur le terrain à sa place.

Ces élections pourraient donc déboucher sur une situation inédite, avec un président de région emprisonné ou exilé. Autre originalité, les deux hommes précédemment cités s'envoient des piques par médias interposés, alors qu'ils sont tous deux à la tête de listes séparatistes. Quand Junqueras lance à Puigdemont que lui ne s'est pas caché pour échapper à la justice, ce dernier réplique que voter pour Junqueras serait "respecter et donner son aval à l'article 155", prétendant ainsi être le seul représentant indépendantiste digne de ce nom.

Vers une majorité relative des indépendantistes

Les indépendantistes auraient pourtant tout à gagner à conserver de bonnes relations s'ils souhaitent être majoritaires au Parlement. Selon les récents sondages d'opinion, qui annoncent une participation record qui devrait frôler les 80%, les résultats de jeudi seront très serrés.

D'après El Pais, qui a réalisé un "modèle électoral" recensant douze sondages menés en Catalogne, c'est le parti unioniste Ciudadanos, qui tient un discours ferme contre le nationalisme, qui arriverait en tête avec 23,3% des intentions de voix, au coude à coude avec le parti indépendantiste de Junqueras, ERC, crédité de 22,2%. Le parti de Puigdemont, Junts per Catalunya, obtiendrait pour sa part 17,7%.

Mais s'ils perdent en nombre de voix, les indépendantistes pourraient gagner en termes de sièges. Car le "modèle électoral" du quotidien espagnol, qui a également effectué une simulation pour connaître le nombre de sièges obtenus par chaque liste, prévoit 33 sièges pour les indépendantistes de ERC, contre 31 ou 32 pour Ciudadanos et 27 pour la liste de Puigdemont. 

Et les écarts sont un peu plus élevés si l'on additionne les listes séparatistes, puis celles unionistes. Dans ce cas de figure, les trois listes indépendantistes (ERCJunts per Catalunya et CUP) pourraient fortement se rapprocher des 68 sièges synonymes de majorité absolue, alors que les listes unionistes (Ciudadanos, les socialistes du PSC et les conservateurs du PP) n'obtiendraient que 56 à 63 sièges.

L'allié régional de Podemos pour faire basculer la balance

Des résultats qui s'annoncent donc très serrés. Et c'est la liste restante qui pourrait faire pencher la balance d'un côté ou de l'autre: le CeC-Podem, allié régional du parti d'extrême-gauche Podemos. La liste de la maire de Barcelone, Ada Colau, pourrait obtenir 8% des votes, soit 9 sièges. Suffisant pour donner la majorité absolue aux indépendantistes ou aux unionistes.

CeC-Podem, qui se dit opposé à l'indépendance, avait malgré tout appelé à voter lors du référendum d'auto-détermination du 1er octobre, sans donner de consigne de vote, rappelle Le Monde. Dans son programme, la liste déclare être en faveur d'un nouveau référendum, mais cette fois-ci en accord avec Madrid. Et souhaite toutefois que la Catalogne reste en Espagne "dans le cadre d’un Etat plurinational".

Des déclarations équivoques qui floutent encore un peu plus l'issue de ces élections anticipées. La complexité du dossier catalan n'est pas prête d'être résolue.

Céline Penicaud