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Espagne: le gouvernement approuve un décret pour exhumer Franco de son mausolée

L'ancien dictateur espagnol repose actuellement dans un mausolée spectaculaire

L'ancien dictateur espagnol repose actuellement dans un mausolée spectaculaire - PHILIPPE DESMAZES / AFP

Les socialistes estiment que la dépouille du dictateur ne devrait pas reposer dans un monument spectaculaire, alors que l'Espagne célèbre les 40 ans du régime démocratique.

Le gouvernement socialiste espagnol a lancé vendredi le processus d'exhumation de l'ancien dictateur Franco de son mausolée controversé en approuvant un décret en conseil des ministres, a annoncé sa numéro deux Carmen Calvo. D'après elle, l'exhumation, à laquelle est farouchement opposée la famille de l'ancien dictateur, pourrait avoir lieu à la fin de l'année.

"Nous célébrons les 40 ans de l'Espagne démocratique, d'un ordre constitutionnel stable et mûr (...) et ce n'est pas compatible avec une tombe d'Etat où l'on continue à glorifier la figure de Franco", a-t-elle insisté lors d'une conférence de presse.

Approuvé par le gouvernement, le décret devra être voté par la chambre des députés où les socialistes sont très minoritaires mais où ils pourront compter sur l'appui de plusieurs formations pour obtenir la majorité simple requise.

La vallée de ceux qui sont tombés

Inauguré en 1959, le "Valle de los Caidos" ("la vallée de ceux qui sont tombés") est situé dans une chaîne de montagnes à 50 kilomètres de Madrid. Composé d'une basilique de 262 mètres de long creusée à même la roche et d'une abbaye bénédictine, le complexe est surmonté d'une croix de 150 mètres de haut pesant près de 200.000 tonnes.

Au bout de la basilique, dont les murs sont ornés de menaçantes statues d'archanges et de scènes inspirées de l'Apocalypse biblique, se trouve la tombe toujours fleurie de Francisco Franco, mort en 1975 après 36 ans de règne sans partage. Ainsi que celle de José Antonio Primo de Rivera, fondateur du parti fascisant de la Phalange, tué au début de la guerre d'Espagne. Vainqueur de cette sanglante guerre civile (1936-1939), Franco avait ordonné la construction de ce complexe en 1940, prétendant en faire un lieu de "réconciliation" de tous les Espagnols.

Blessures du passé

Il y avait pour cela amené dans la crypte les corps de quelque 37.000 victimes de la guerre civile, "tombées pour Dieu et pour l'Espagne". Dont une partie issues du camp opposé, et transférées depuis des fosses communes sans le consentement de leurs proches. Mais après le retrait de la dépouille du dictateur, que faire de cet encombrant vestige où le nombre de visites a bondi ces dernières semaines?

Des groupes d'extrême droite se rendaient chaque 20 novembre, date anniversaire de la mort de Franco, pour assister à une messe à la mémoire du dictateur. Une loi de 2007 avait déjà interdit les manifestations politiques au Valle de los Caidos. En 2011, une commission d'experts avait recommandé d'opérer une "resignification" du monument, en y ajoutant une exposition permanente sur l'histoire du lieu. Mais le gouvernement suivant, qui considérait que s'attaquer aux vestiges du franquisme revient à rouvrir les blessures d'un passé qu'il vaut mieux oublier, ont choisi d'ignorer le rapport.

L.D., avec AFP