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Europe

Crise des migrants: vers une opération militaire menée par l'UE?

Des migrants arrivent dans le port d'Augusta, en Sicile, le 22 avril 2015

Des migrants arrivent dans le port d'Augusta, en Sicile, le 22 avril 2015 - Alberto Pizzoli - AFP

Les chefs d'Etat et de gouvernement se réunissent ce jeudi pour évoquer une possible opération militaire contre les trafiquants de migrants.

Il aura fallu un nouveau naufrage de migrants, dimanche, qui a fait 800 morts pour que soit organisé un sommet extraordinaire à Bruxelles. Les dirigeants européens doivent se prononcer ce jeudi sur une opération militaire contre les trafiquants de migrants en Libye, responsables de la pire tragédie en Méditerranée, dont des survivants commencent à raconter l'horreur. Quelles seront les solutions envisagées?

Détruire les bateaux?

Il faut "entreprendre des efforts systématiques pour identifier, capturer et détruire les bateaux avant qu'ils ne soient utilisés par les trafiquants", selon le projet de déclaration du sommet extraordinaire.

A Londres, le Premier ministre britannique David Cameron a dit vouloir empêcher les migrants de prendre la mer, afin de "mettre fin à ces cargaisons de la mort".

Mettre en place des opérations ciblées en Libye?

Les chefs d'Etat et de gouvernement devraient lancer les "préparatifs pour une possible opération de sécurité et de défense", autrement dit une opération militaire. Ce serait une première dans la lutte contre l'immigration clandestine.

Le chef du gouvernement italien Matteo Renzi a demandé l'examen de la possibilité de mener des "interventions ciblées" contre les passeurs en Libye, devenu le pays d'embarquement des migrants et des candidats à l'asile en direction de l'Italie et de Malte. "Personne ne parle d'envoyer des troupes au sol", a assuré une source européenne, tout en soulignant que la question d'un mandat des Nations unies "dépend de l'étendue de la mission". "Ce ne sera pas une guerre, mais des actions ciblées".

Mais la "mise en oeuvre prendra du temps", ont averti les diplomates en charge du dossier. "Il va falloir préparer des plans opérationnels, puis mobiliser des moyens militaires", a-t-on expliqué. Les experts se montrent très sceptiques. "Que peut-on faire pour endiguer ce trafic par la force, la réponse est simple: rien", a assuré à l'AFP l'ex-amiral français Alain Coldefy.

  • Doubler le budget de Frontex?

Le plan soumis aux dirigeants européens prévoit aussi de "doubler" de trois à six millions d'euros le budget mensuel alloué à Frontex, l'agence chargée de la surveillances des frontières, pour renforcer les moyens alloués aux missions maritimes Triton en Italie et Poséidon en Grèce, afin de leur permettre d'augmenter leurs opérations de surveillance et de sauvetage.

Accueillir 5.000 migrants?

Un autre volet traite de l'accueil des migrants. Il propose aux Etats d'accueillir "au moins 5.000 personnes ayant obtenu le statut de réfugiés", dans le cadre d'un projet de réinstallation. 

Reconstruire un Etat en Libye?

Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker et son homologue auprès de l'Union africaine, Nkosazana Dlamini-Zuma, ont exigé que les factions rivales en Libye se mettent rapidement d'accord pour reconstruire un Etat, première étape pour permettre d'endiguer le flux de migrants.

  • Depuis le début de l'année, quelque 1.750 migrants, hommes, femmes et enfants, ont péri en mer. C'est 30 fois plus que sur la même période l'an dernier, selon l'Organisation internationale des migrations (OIM). Plus de 20.000 migrants ont déjà débarqué en Italie depuis le début de l'année. Et rien ne semble devoir les décourager.
A. D. avec AFP