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Belgique

Des touristes belges ramassent par "erreur" des marbres anciens et restent bloqués en Turquie

Des photos publiées par les autorités turques des pierres saisies dans les bagages de touristes belges arrêtés à l'aéroport d'Antalya, le 16 septembre 2023.

Des photos publiées par les autorités turques des pierres saisies dans les bagages de touristes belges arrêtés à l'aéroport d'Antalya, le 16 septembre 2023. - Direction Provinciale de la Culture et du Tourisme du Gouvernorat d’Antalya

Un couple belge originaire d'Anvers a été retenu en Turquie au moment de quitter le pays, après la découverte dans ses bagages de trois pierres que les autorités turques ont associé à une possible "contrebande de pierres archéologiques".

Leur voyage en Turquie a tourné au fiasco. Un couple de Belges en vacances dans la région d'Antalya, dans le sud de la Turquie, n'a pas pu rentrer chez lui à l'issue de son séjour de cinq jours dans le pays, après avoir été retenu à l'aéroport à la mi-septembre par les autorités turques. Kim, 28 ans, et Warre, 21 ans, ont depuis été séparés: elle a toujours interdiction de sortir de Turquie, mais lui a pu quitter le pays.

En cause: le ramassage par Kim et Warre de trois pierres qu'ils trouvaient jolies et qu'ils souhaitaient placer dans leur aquarium, chez eux à Anvers, comme ils disent en avoir l'habitude lorsqu'ils partent en vacances. Selon Kim, l'une des pierres a été ramassée dans une ruelle de la ville de Manavgat, qui compte des sites antiques, et les deux autres sur une plage.

Un acte qui n'a pas été du goût des douaniers turcs, qui ont lancé une procédure pour suspicion de "contrebande de pierres archéologiques" car ces pierres avaient en réalité une valeur archéologique, rapporte les médias belges 7sur7 et Het Laatste Nieuws.

Passage au tribunal

Kim a raconté à 7sur7 le moment où ses vacances ont basculé: "Nous n'avions qu'une seule valise pour deux. Elle a été scannée lors de l'enregistrement. (...) La dame nous a demandé si nous avions du sel ou des pierres. Nous savions que nous avions ramené des pierres, donc nous avons directement ouvert notre valise. Elles se trouvaient au-dessus de nos affaires".

Sur les trois pierres, deux sont triangulaires et une troisième, plus grosse, attire l'attention de la douanière, qui leur demande si elle vient d'un musée d'Antalya. Le couple répond qu'il n'est allé dans aucun musée de la ville. Malgré tout, il leur est refusé de quitter le pays dans l'immédiat et ils sont placés dans une pièce d'où ils ont interdiction de sortir.

Des pierres à valeur archéologique

En parallèle, les pierres sont amenées par les forces de l'ordre au musée d'Antalya pour être examinées, précise le média turc TRT, citant un communiqué de le Direction provinciale de la culture et du tourisme du Gouvernorat d'Antalya. Leur importance historique a par la suite été confirmée par les responsables du musée.

"L'examen a permis de déterminer que la pièce portant deux rosettes stylisées est un ornement architectural et que les deux pièces en marbre sont des éléments de revêtement de sol", précise le communiqué.

"En raison de la nature de ces pièces (...), un rapport préliminaire a été préparé, indiquant que leur exportation à l'étranger est interdite", peut-on encore y lire. De son côté, le couple entre en contact avec un avocat et un interprète, mais celui-ci maîtrise mal l'anglais. Ils sont finalement présentés à un tribunal.

"Finalement, j'ai pu parler au juge. Il m'a dit que j'étais soupçonnée de contrebande de pierres archéologiques", raconte Kim.

Elle est finalement remise en liberté avec son compagnon, mais sans leurs papiers. Warre reçoit l'autorisation de quitter la Turquie, mais pas Kim.

"Nous avons fait une erreur"

"Nous comprenons que nous avons tort et que nous avons fait quelque chose qui n'est pas en accord avec la loi d'ici, mais donnez-nous simplement une amende et nous la paierons. Peu importe de combien elle sera. Nous comprenons que nous avons fait une erreur", explique-t-elle à Sky News.

Comme le note Ouest-France, le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères français précise dans ses conseils aux voyageurs, disponible sur son site, que "l’exportation de biens culturels et d’antiquités est sévèrement réglementée et punie en cas de fraude en Turquie (peines de prison, fortes amendes). La notion d’antiquité est interprétée de façon très large par la loi turque".

"Je suis très stressé. Je peine à manger et à dormir correctement depuis plusieurs jours", confie quant à lui Warre, qui a repris le travail. Selon les dernières informations relayées par les médias turcs, Kim est toujours sous contrôle judiciaire à Antalya, en attente d'un potentiel jugement.

Glenn Gillet