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Attentat à Stockholm: le camion fou dans la foule, un mode opératoire déjà utilisé par Daesh

L'attaque s'est déroulée dans un quartier commerçant très fréquenté de Stockholm.

L'attaque s'est déroulée dans un quartier commerçant très fréquenté de Stockholm. - Fredrik Sandberg - TT NEWS AGENCY - AFP

L'attentat au camion bélier perpétré ce vendredi à Stockholm n'a pas été revendiqué, mais son mode opératoire évoque les attaques de Nice, Berlin et Londres.

Après Paris, Berlin et Londres, une nouvelle capitale européenne a été frappée par un attentat ce vendredi. Quatre personnes ont été tuée et douze blessées ce vendredi à Stockholm, en Suède, lorsqu'un camion a foncé dans les passants, en plein centre de la ville. La méthode employée n'est pas sans rappeler celle observée en juillet dernier à Nice, ou encore lors de l'attentat ayant frappé Berlin en décembre. 

Des poids lourds lancés contre la foule

A Stockholm, ce vendredi, un poids lourd a foncé vers 15 heures (heure de Paris) sur les piétons au croisement de Klarabergsgatan, une artère du centre-ville, et de la rue piétonne la plus fréquentée de la capitale suédoise, Drottningsgatan, faisant quatre morts et douze blessés. Il a fini sa course en s'encastrant dans la façade du grand magasin Åhléns. 

Les autorités suédoises ont rapidement évoqué la piste d'un attentat, et le scénario rappelle les attaques meurtrières commises à Nice, Berlin, ou plus récemment, Londres. 

Il y a quelques jours, le 22 mars, à Londres, le Britannique Khalid Masood, avait foncé avec sa voiture dans la foule sur le pont de Westminster, faisant au total quatre morts et une cinquantaine de blessés. Il avait ensuite poignardé à mort un policier avant d'être abattu dans la cour du Parlement. Le 19 décembre 2016, le Tunisien Anis Amri avait foncé à bord d'un camion sur un marché de Noël en plein centre de Berlin, faisant 12 morts et 48 blessés. Le 14 juillet 2016, à Nice, un autre Tunisien, Mohamed Lahouaiej Bouhlel, avait quant à lui lancé son poids lourd sur la foule sur la Promenade des Anglais, tuant 86 personnes et faisant plus de 400 blessés. 

Un mode opératoire préconisé par Daesh

Ces trois attaques avaient été revendiquées par les jihadistes de Daesh. Leur mode opératoire répond d'ailleurs à des préconisations formulées par l'organisation jihadiste en 2014, dans son magazine de propagande Inspire. Daesh y appelait ses combattants à "utiliser un camion comme une tondeuse à gazon".

"Allez dans les endroits les plus densément peuplés et prenez le maximum de vitesse pour faire le plus de dégâts. Si vous avez accès à une arme à feu, utilisez-la pour finir le travail", écrivait l'organisation terroriste.

A la même époque, Abou Mohammed al-Adnani, porte-parole de Daesh, avait justement appelé à utiliser cette méthode pour commettre des attaques contre les pays occidentaux. "Comptez sur Allah et tuez-les de n'importe quelle manière", avait-il déclaré dans un message publié en plusieurs langues. Précisant: "Si vous n'avez pas d'arme, frappez sa tête avec une pierre, égorgez-le avec un couteau, ou écrasez-le avec votre voiture".

Des zones très fréquentées prises pour cibles

A chaque fois, ces attaques au camion ont visé des quartiers très fréquentés ou piétons, où se pressent civils et touristes. A Nice, une foule compacte était rassemblée sur la promenade des Anglais au moment de l'attaque, en ce soir de Fête nationale, pour aller admirer les feux d'artifice. La zone avait été piétonnisée pour l'occasion. A Berlin, le camion avait foncé dans le marché de Noël de la Breitscheidplatz, en plein cœur de la capitale allemande, en milieu de soirée, s'assurant de frapper une foule concentrée. 

A Londres, le terroriste avait choisi le quartier hautement touristique et symbolique de Wesminster, en plein après-midi, pour commettre son acte. En visant ce point névralgique de la capitale britannique, où la foule ne désemplit jamais, Khalid Masood était certain de faire un maximum de victimes. 

Enfin, à Stockholm ce vendredi, l'assaillant a choisi une zone piétonne très fréquentée et commerçante, au cœur de la capitale suédoise. 

Un mode d'action impossible à empêcher

Ce mode opératoire, dont l'objectif est de faire un maximum de victimes, est très difficile à éviter. Selon les experts de l'antiterrorisme, le nombre de sites à protéger, de manifestations, de rassemblements publics, est tel, que le risque d'attaques à la voiture ou au camion-bélier, va selon eux subsister pour les années à venir.

"La seule façon de se protéger, c'est quand l'événement est prévu à l'avance. Là on peut prendre des contre-mesures, interdire des rues, poser des plots en béton", avait expliqué un haut responsable de la lutte antiterroriste au moment de l'attaque de Berlin. "Mais imaginez la même attaque un jour de semaine en février, où il ne se passe rien, sur les Champs-Elysées ou une grande voie de circulation: là vous ne pouvez rien faire. Ca peut se produire ailleurs, n'importe où n'importe quand. C'est toute la problématique de ces attentats: ce sont des attaques soudaines contre des cibles molles, avec des moyens facilement utilisables", avait-il ajouté. 

Par ailleurs, les mesures de protection statiques, comme les obstacles ou les barrières, sont dissuasives mais peuvent toujours être contournées. Ainsi, à Nice, Mohamed Lahouaiej Bouhlel avait fait des reconnaissances dans les jours précédant son attaque, pour trouver le passage qui, en montant sur un trottoir, lui a permis l'accès à la promenade des Anglais.

Adrienne Sigel avec AFP