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Royaume-Uni: en pleine canicule, des météorologues harcelés

La BBC a déposé une plainte auprès de l'ONU pour dénoncer le harcèlement en ligne "incessant" de l'Iran contre les femmes journalistes de son service d'information en persan basé à Londres (image d'illustration)

La BBC a déposé une plainte auprès de l'ONU pour dénoncer le harcèlement en ligne "incessant" de l'Iran contre les femmes journalistes de son service d'information en persan basé à Londres (image d'illustration) - CARL COURT © 2019 AFP

Alors que le Royaume-Uni a vécu une vague de chaleur sans précédant la semaine dernière, des journalistes et météorologues ont été la cible de cyberharcèlement les accusant de complotisme.

Accusation de complots, de prédire des mensonges, ou d'être alarmistes... Quand des météorologues sont en proie au cyberharcèlement. Au Royaume-Uni, qui a vécu une forte vague de chaleur atteignant jusqu'à 40°C par endroits la semaine dernière, les prévisionnistes météo ont eu le malheur de se retrouver dans une vague de messages haineux de la part des internautes.

C'est la chaîne BBC qui raconte cet épisode fâcheux. Des prévisionnistes et journalistes météo ont vécu une vague de harcèlement "sans précédent" au moment où le pays vivait un des épisodes les plus chauds de son histoire. Leur tort: lier l'épisode de la canicule avec le réchauffement climatique.

L'équipe de la chaîne ainsi que le Royal meteorological society et le Met office (l'équivalent de Météo France) ont reçu des centaines de messages sur les réseaux sociaux qui remettaient en cause leurs observations, accusant les météorologues de faire "de l'hystérie" ou d'être "alarmistes" ou de "vouloir faire peur à la population".

"Des accusations de mensonges"

Pourtant, le pays a battu des records en termes de températures dans plus d'une dizaine de villes, avec plus de 40,3°C enregistré àl'ouest de Londres le 19 juillet. Le Met office avait alors estimé que la vague de chaleur a été rendue 10 fois plus probable en raison du changement climatique.

La directrice générale du Royal meteorological society, Liz Bentley remarque que "les commentaires abusifs augmentent lorsque le message sur le changement climatique est intrinsèque à l'histoire". Elle dénonce ainsi "des accusations de mensonge ou à des suggestions de chantage" envers ses collègues.

Le météorologue en chef du Met office, Alex Deakin, a décrit cette vague de harcèlement comme "effrayante à certains égards".

"Nous rapportons des faits "

Le journaliste de la chaîne britannique, Matt Taylor a déclaré qu'il n'avait jamais vécu une telle vague de haine en 25 ans de métier. "C'est un ton plus abusif que je n'en ai jamais reçu. Je me suis un peu déconnecté de tout cela car il est devenu trop déprimant de lire certaines des réponses", confie-t-il.

"J'ai remarqué que les abus devenaient plus méchants et plus personnels, et c'est assez démoralisant quand vous essayez de faire votre travail", raconte Jennifer Bartram, météorologue à la BBC.

Tomasz Schafernaker, météorologue, souligne également "ce qui me frustre le plus, c'est quand on m'accuse de déformer la vérité. En tant que météorologues, nous rapportons des faits. Il n'y a pas de complot".

"Un tournant dans l'attitude du public"

Car bon nombre d'internautes s'insurgeaient de ne voir aucune différence de température avec les années précédentes, certains arguaient même qu'il s'agissait "simplement de l'été", alors même que plusieurs rapports scientifiques établissent désormais que les vagues de chaleur seront désormais plus nombreuses et plus intenses.

Pour Matt Taylor, cet épisode de cyberharcèlement montre un "tournant dans l’attitude du public et sur la prise de conscience de ce qui est arrivé à notre climat". Et c'est aussi l'occasion de faire de la pédagogie: "Notre climat a changé, donc nos reportages et nos réponses doivent également changer. Tout ce que nous essayons de faire, c'est d'apporter les faits aux gens", soutient-il.

Pauline Boutin