"Des vagues de chaleur plus fréquentes": les sombres prévisions de l'Organisation météorologique mondiale

Selon Petteri Taalas, météorologue finlandais et secrétaire général de l'Organisation météorologique mondiale, les vagues de chaleur telles que nous les connaissons actuellement sont appelées à se répéter et ce, de plus en plus régulièrement.

L'annonce vient du secrétaire général de l'Organisation météorologique mondiale, une agence onusienne, et elle résonne davantage comme un cri de désespoir que comme une mise en garde. D'après le Finlandais Petteri Taalas, les vagues de chaleur qui accablent la France et la planète sont non seulement appelées à se succéder, mais surtout à devenir plus fréquentes encore.

"Comme vous le savez, on doit s'attendre à battre des records de chaleur à compter d'aujourd'hui et durant les jours à venir - aujourd'hui, nous avons atteint un pic inédit au Royaume-Uni (40,2°C ont été mesurés mardi à Heathrow, dans l'ouest de Londres, NDLR). Et ces vagues de chaleur se feront plus fréquentes dans le monde entier en raison du changement climatique, comme l'ont montré les rapports du Giec", a-t-il déclaré.

Un phénomène destiné à empirer jusqu'en 2060 au moins

En effet, comme nous le mentionnions il y a une semaine, Christophe Cassou, l'un des principaux rédacteurs du dernier rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec), a détaillé la manière dont le dérèglement en cours "amplifiait" ces catastrophes à répétition: "Les canicules se développent sur un environnement plus chaud de base et des conditions atmosphériques favorables et plus efficaces pour générer de la chaleur."

Et même en admettant que les politiques internationales opèrent un virage écologique drastique et spectaculaire, un tel changement ne suffirait pas, selon le patron de l'OMM.

"La fréquence des vagues de chaleur devrait augmenter au moins jusque dans les années 2060. Indépendamment de ce que nous faisons ou pas pour réduire l’impact du réchauffement climatique", a-t-il fait valoir.

La production agricole en danger

Le constat est d'autant plus critique que la France sort à peine ce mercredi - à l'exception du Grand Est toujours suffoqué par la chaleur - d'un épisode caniculaire particulièrement sévère au cours des deux jours précédents.

Un coup de chaud qui a vu une bonne part de l'Hexagone dépasser les 40°C et a aggravé les effets d'une sécheresse dont les conséquences se sont révélées dévastatrices en Gironde, en proie aux flammes. Et les feux de forêts qui embrasent l'Espagne et le Portugal font écho aux incendies qui ravagent le département.

Pire, Petteri Taalas, a souligné que ces événements dramatiques liés à la canicule n'en seraient pas les seuls contrecoups. La production agricole, et donc les ressources alimentaires, devraient aussi en faire les frais.

"Beaucoup de récoltes ont été perdues lors des précédentes vagues de chaleur en Europe. Ce nouvel épisode va aggraver un peu plus les activités agricoles, déjà fragilisées par la guerre en Ukraine", a-t-il glissé.

L'espoir d'une "prise de conscience"

Le secrétaire général de l'OMM a appelé à une "prise de conscience" des gouvernements mais aussi des citoyens, espérant à haute voix que le fléau écologique se traduise dans "les comportements électoraux au sein des pays démocratiques".

Afin de rendre son propos plus visuel, le Finlandais, météorologue de formation, s'était par ailleurs muni d'un accessoire original: sa cravate, de couleur bleutée initialement, a peu à peu pris une teinte carmin au fil de sa parole. Un effet visant à illustrer l'entrée de l'humanité dans cette zone rouge écologique.

Ainsi, tandis que la France profite d'un peu de répit et d'air après la fièvre du début de semaine, il est sans doute déjà temps de se préparer à la prochaine.

Robin Verner Journaliste BFMTV