BFMTV
Royaume-Uni

"Rendez le moai": l'instagram du British Museum inondé d'appels à restituer une statue de l'Île de Pâques

Statue Moaï sur l'Île de Pâques. Photo d'illustration

Statue Moaï sur l'Île de Pâques. Photo d'illustration - Martin Bernetti - AFP

Une statue moai exposée de manière permanente au musée britannique, à Londres, a été volée en 1868 sur l'Île de Pâques par un navigateur anglais. Les Chiliens réclament sa restitution via une pluie de commentaires sur Instagram.

Une statue millénaire au cœur de la discorde. Depuis plusieurs semaines, les réseaux sociaux du British Museum, à Londres, sont inondés de commentaires, pour beaucoup écrits en espagnol. Ces commentaires, dénués de lien avec les publications du musée, ont été rédigés par des internautes chiliens. Ils demandent le retour d'une statue moai, volée sur l'Île de Pâques en 1868, rapporte The Guardian.

Une capture d'écran d'une publication Instagram du British Museum réalisée le 18 février 2024.
Une capture d'écran d'une publication Instagram du British Museum réalisée le 18 février 2024. © Capture d'écran Instagram du British Museum

Cette statue en question, datant des années 1000-1200, a été volée par l'équipage d'un navigateur anglais, Richard Powell. Ce dernier en a fait cadeau à la Reine Victoria, qui en a elle-même fait don au musée un an plus tard.

Ce moai, appelé Hoa Hakananai'a qui signifie ironiquement "ami perdu, ou volé", est depuis exposé de manière permanente dans les couloirs du musée. Or, les habitants de l'Île de Pâques y sont extrêmement attachés. Ces sculptures, symboles de paix, sont l'incarnation vivante de leurs ancêtres et ont pour rôle de les protéger.

"Nous voulons que le musée comprenne que les moai sont notre famille, pas seulement des rochers. Pour nous [la statue] est un frère, mais pour eux, c'est un souvenir ou une attraction", affirmait déjà en 2018 Anakena Manutomatoma, qui siège à la commission de développement de l'île au média britannique.

Ce moai est d'autant plus important pour le peuple chilien qu'il est l'un des rares à avoir été sculpté dans du basalte, au lieu de la roche volcanique. Une autre statue, appelée Hava, est détenue par le musée situé à Londres, mais elle n'est quant à elle pas exposée de manière permanente.

Un mouvement rejoint par le président chilien

Le mouvement visant à multiplier les appels à "rendre le Moai" a été lancé par l'influenceur haïtien Mike Milfort, basé à Santiago. Cette mobilisation a tellement été suivie que le British Museum s'est vu contraint de désactiver les commentaires sur Instagram.

Fin janvier, le président chilien lui-même, Gabriel Boric, s'était joint au mouvement. "Lorsque nous montrerons le Chili au monde, les Torres del Paine apparaîtront, les moai apparaîtront, le désert d'Atacama et le pont de Chacao apparaîtront également", avait déclaré l'autorité dans une interview accordée à Radio Chiloé, comme le rapporte El País.

Cette prise de parole publique était toutefois une erreur politique pour le maire de l'île chilienne, Pedro Edmunds Pao.

Gabriel Boric "ne devrait pas politiser quelque chose qui est si holistiquement, spirituellement et culturellement important pour nous", a-t-il souligné au Guardian.

Le maire craint également que le mouvement lancé sur les réseaux sociaux ne décrédibilise leur combat mené depuis plusieurs années.

En 2018, l'Île de Pâques avait écrit au musée pour demander le retour des deux statues volées. Cela s'était soldé par une rencontre entre les représentants de l'île et du musée. L'année dernière, ils ont réitéré leur requête auprès du roi Charles III qui est restée lettre morte.

Un porte-parole du musée a assuré au média britannique qu'ils "étaient favorables au débat" mais que "celui-ci doit "être mis en balance avec la nécessité de considérations de sauvegarde".

Juliette Brossault