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"Partygate": démissions à la chaîne à Downing Street, Boris Johnson toujours plus dans la tourmente

Boris Johnson et son influente collaboratrice Munira Mirza, le 15 décembre 2020.

Boris Johnson et son influente collaboratrice Munira Mirza, le 15 décembre 2020. - Daniel LEAL / AFP

Les démissions de plusieurs collaborateurs de Boris Johnson illustrent la perte d'emprise du Premier ministre au sein même du camp conservateur. Les élus pourraient aller jusqu'à déclencher un vote de défiance à son encontre.

Combien de temps Boris Johnson tiendra-t-il encore? Le Premier ministre britannique encaisse chaque jour un nouveau coup depuis les premières révélations sur les soirées organisées à Downing Street durant le confinement. Au menu de ce vendredi: cinq démissions dans son entourage proche. La dernière, dévoilée ce vendredi matin par la BBC, concerne Elena Norozanski, conseillère spéciale de Downing Street pour les femmes et l'égalité des chances.

La première à avoir ouvert la voie dans la journée de jeudi est Munira Mirza, cheffe politique de longue date de Boris Johnson, accusant le Premier ministre d'un comportement "calomnieux" à l'encontre de Keir Starmer, chef de file de l'opposition, écrit The Guardian. Dans les quelques heures qui ont suivi, trois autres influents collaborateurs ont démissionné, tous liés au scandale du "partygate".

Accusations contre le chef du Labour

Alors que l'on s'attendait à ce que Boris Johnson remercie une partie de son équipe puisqu'il avait annoncé qu'il allait "remédier" aux problèmes de Downing Street après la publication du rapport de Sue Gray, l'effet inverse s'est produit. Munira Mirza a devancé le Premier ministre et sa démission a provoqué un tollé, tournant de nouveau l'attention vers l'agitation qui règne à Downing Street.

Munira Mirza reproche à Boris Johnson ses propos "trompeurs" lorsqu'il a faussement accusé Keir Starmer de ne pas avoir poursuivi en justice le pédophile Jimmy Savile lorsqu'il dirigeait le parquet britannique. Une accusation très répandue dans les milieux complotistes d'extrême-droite outre-Manche. Pourtant le numéro un du parti travailliste n'a joué aucun rôle personnel dans cette décision.

"Cette affirmation n'avait aucun fondement juste ou raisonnable. Il ne s'agissait pas de la coupe habituelle de la politique ; il s'agissait d'une référence inappropriée et partisane à un cas horrible d'abus sexuel sur enfant", détaille-t-elle dans sa lettre de démission.

Départ du "cerveau de Boris"

Pour Dominic Cummings, ancien conseiller de Boris Johnson, le départ de Munira Mirza est "un signal sans équivoque que le bunker s'effondre et que ce Premier ministre est fini". En effet, Munira Mirza a travaillé pendant plus de dix ans aux côtés de Boris Johnson, notamment lorsqu'il était maire de Londres. Il l'a qualifiée d'une des cinq femmes les plus inspirantes de sa vie et un ancien collègue l'a même décrite comme le "cerveau de Boris".

Cette démission secoue encore plus un Premier ministre déjà très affaibli par les critiques sur sa gestion de la pandémie et par les révélations du "partygate" qui n'en finissent plus puisque certaines soirées sont toujours placées sous investigation de la police. Après l'annonce du départ de Munira Mirza, Dominic Cummings a exhorté les autres ministres à faire preuve d'une "lueur de courage moral" similaire et à démissionner.

Trois démissions liées au "partygate"

Et ils ne se sont pas fait attendre. Plus tard dans la journée de jeudi, Martin Reynolds, principal secrétaire de Johnson, a présenté sa démission. Il était à l'origine d'un mail envoyé à une centaine de personnes pour les inviter à un pot à Downing Street en mai 2020, en plein confinement, en demandant aux invités "d'amener leur propre alcool". Il s'agissait de l'une des premières révélations du scandale du "partygate".

Dans la foulée, Jack Doyle, chef de la communication du Premier ministre, a également annoncé son départ. Il est accusé d'avoir assisté à l'un des rassemblements de Noël en décembre 2020, alors que le reste du pays était invité à rester chez lui. Downing Street a également fait savoir qu'il avait accepté la démission de Dan Rosenfield, chef de cabinet du Premier ministre.

"Ils continueront à assumer leurs fonctions pendant que leurs successeurs seront nommés, et le recrutement pour les deux postes est en cours", a précisé Downing Street dans un communiqué.

Lettres de défiance

Après les révélations du rapport de Sue Gray, Boris Johnson a exclu de démissionner, malgré les appels des différentes oppositions, à l'instar d'Angela Rayner, numéro deux du parti travailliste. Toutefois, en plus de ces démissions à la chaîne, le Premier ministre conservateur est lâché par de nombreux élus de son propre camp.

Selon un décompte de la BBC, 17 députés de la majorité ont soumis des lettres de défiance à l'égard de Boris Johnson. Un seuil est fixé à 54 pour déclencher un vote de défiance à la Chambre. Si le Premier ministre venait à le perdre, son séjour à Downing Street prendrait fin.

Salomé Robles