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Manifestations anti-étrangers en Allemagne: Merkel dénonce "la haine dans la rue"

Manifestation de sympathisants d'extrême droite à Chemnitz, en Allemagne, le 27 août 2018

Manifestation de sympathisants d'extrême droite à Chemnitz, en Allemagne, le 27 août 2018 - Odd ANDERSEN / AFP

Au lendemain d'une nouvelle manifestation d'extrême droite contre les étrangers à Chemnitz, la chancelière allemande a vivement dénoncé ces "chasses collectives" qui n'ont pas "leur place dans un Etat de droit".

"La haine dans la rue" n'a pas sa place en Allemagne, a mis en garde mardi la chancelière Angela Merkel, alors que l'inquiétude grandit dans le pays après les incidents survenus à Chemnitz lors de manifestations d'extrême droite contre les étrangers.

"Ce que nous avons vu n'a pas sa place dans un Etat de droit", a déclaré la chancelière allemande lors d'une conférence de presse à Berlin avec son homologue croate. "Nous avons vu des chasses collectives, nous avons vu de la haine dans la rue, et cela n'a rien à voir avec un Etat de droit", a-t-elle insisté, évoquant les images des manifestations à Chemnitz de ces deux derniers jours.

Les "chasses" contre les étrangers organisées par des sympathisants d'extrême droite dimanche dans les rues de Chemnitz, dans l'ex-RDA, puis les violences qui ont marqué lundi soir un nouveau rassemblement d'environ 6.000 d'entre eux - dont plusieurs ont défilé en faisant le salut hitlérien - constituent un choc pour le pays.

Lundi soir, vingt personnes, dont deux policiers, ont été blessées lors d'échauffourées entres manifestants d'extrême droite et contre-manifestants d'extrême gauche, selon un dernier bilan de la police locale.

Une bagarre impliquant un Syrien et un Irakien

L'élément déclencheur est survenu au cours du week-end, lorsqu'un Allemand de 35 ans a été tué à coups de couteau durant une rixe en marge d'une fête locale, pour un motif inconnu. La police a arrêté deux suspects, un Syrien et un Irakien d'une vingtaine d'années accusés d'avoir agi après une "altercation verbale".

Depuis, les franges les plus radicales de la ville, et de toute la région de Saxe, mobilisent l'opinion contre l'immigration et la politique du gouvernement d'Angela Merkel, à qui il reproche d'avoir laissé entré plus d'un million de demandeurs d'asile venant notamment de Syrie et d'Irak, en 2015 et 2016. Ils ont défilé aux cris de "Les étrangers dehors" ou "Nous sommes le peuple". 

Hooligans, nazis, Pegida et AfD

Fers de lance de ces initiatives: le mouvement ultra anti-islam Pegida, né dans cette région, et l'Alternative pour l'Allemagne (AfD), principal parti d'opposition à la chambre des députés à Berlin. Mais pas seulement.

"A Chemnitz, une alliance assez incroyable mêlant des hooligans, des néonazis, l'AfD et les militants de Pegida s'est constituée. Les violences montrent que des mouvements se réunissent qui au final sont tous issus du même moule, le tout dans une atmosphère extrêmement xénophobe et agressive", a estimé la directrice de la Fondation Amadeu Antonio contre le racisme sur la chaîne de télévision n-tv.

Selon la police, les hooligans et extrémistes se sont mobilisés via les réseaux sociaux et sont venus aussi d'autres régions, comme le Brandebourg ou la Bavière.

Me.R. avec AFP