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Allemagne: l'extrême droite descend dans la rue après une "chasse" aux étrangers

Manifestation de groupes d'extrême droite devant une statue de Karl Marx à Chemnitz, en Allemagne, le 27 août 2018

Manifestation de groupes d'extrême droite devant une statue de Karl Marx à Chemnitz, en Allemagne, le 27 août 2018 - Odd ANDERSEN / AFP

Plusieurs milliers de sympathisants d'extrême droite se sont donné rendez-vous devant une statue de Karl Marx à Chemnitz afin de protester contre la politique migratoire d'Angela Merkel.

Des milliers de sympathisants d'extrême droite se sont rassemblés ce lundi soir à Chemnitz sous haute tension, au lendemain d'une "chasse collective" aux immigrés dans cette ville de l'ex-RDA, dénoncée avec véhémence par Angela Merkel. La police a refusé de fournir une estimation du nombre de manifestants mais les télévisions sur place ont parlé d'au moins 2.000 personnes. 

La police de Saxe a fait état "de quelques personnes blessées" à la suite de "jets d'articles pyrotechniques et autres objets", de personnes au visage dissimulé et d'autres faisant le salut hitlérien. Mais elle a assuré que la situation était "sous contrôle".

Dans cette cité de Saxe, région où l'extrême droite et les néo-nazis sont fortement implantés, les protestataires se sont retrouvés devant un immense buste de Karl-Marx et sous une forte escorte policière après de violents incidents dimanche. 

"Défendre l'Europe"

"Merkel doit partir", scandaient certains manifestants, arborant des drapeaux allemands, du parti d'extrême droite AfD, et des pancartes telles que : "Arrêter le flot de demandeurs d'asile" ou "Défendre l'Europe!".

Mot d'ordre de ce rassemblement organisé par le mouvement Pegida: exiger que le gouvernement allemand garantisse "la sécurité de ses citoyens" après le meurtre d'un Allemand de 35 ans vraisemblablement commis par deux jeunes étrangers, un Syrien et un Irakien.

Quelque 800 personnes, dont une cinquantaine prêtes à en découdre avec la police, s'étaient rassemblées dimanche à la suite d'appels en ce sens sur les réseaux sociaux, selon Sonja Penzel, qui dirige la police de la ville. Ces sympathisants d'extrême droite avaient "attaqué à coups de jets de bouteilles et de pierres" des policiers qui ont dû faire usage de gaz lacrymogènes.

Ils avaient également lancé dans les rues des "chasses collectives" contre des étrangers que la chancelière a dénoncées promptement et avec véhémence. Ces événements "n'ont pas leur place dans notre Etat de droit", a affirmé son porte-parole, Steffen Seibert.

Homicide en réunion

Les deux suspects du meurtre, âgés de 22 et 23 ans, sont soupçonnés d'avoir "sans justification, à plusieurs reprises, porté des coups de couteau" à la victime à la suite d'une "altercation verbale", selon le Parquet.

Selon plusieurs témoignages et des vidéos sur les réseaux sociaux, les manifestants qui se sont ensuite réunis dimanche pour dénoncer ce crime s'en sont pris physiquement à des étrangers en les pourchassant. Selon la police, trois plaintes impliquant 4 personnes ont déjà été déposées. Une adolescente de 15 ans et son compagnon afghan de 18 ans ont été légèrement blessés. 

Cette affaire a ravivé les tensions autour de la question migratoire en Allemagne, quasi permanentes depuis trois ans et l'arrivée de plus d'un million de demandeurs d'asile. En Saxe, qui ne compte que 4,4% d'étrangers, la communauté turque a dénoncé "des tentatives de pogroms".

Me.R. avec AFP