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Allemagne

Décollement de la rétine, tendances suicidaires: de quoi souffrait vraiment Andreas Lubitz?

Andreas Lubitz, lors d'une course de fond, en septembre 2009.

Andreas Lubitz, lors d'une course de fond, en septembre 2009. - Foto Team Mueller - AFP

Alors qu'un décollement de la rétine a été évoqué par des médias allemands, le procureur de Düsseldorf en a dit un peu plus sur les antécédents médicaus, en particulier psychiatriques, d'Andreas Lubitz. Ce copilote est soupçonné d'avoir précipité un A320 de Germanwings contre une montagne dans les Alpes-de-Haute-Provence.

La carrière d'Andreas Lubitz, ce copilote de Germanwings qui aurait précipité délibérément un A320 sur une montagne, provoquant la mort de 150 personnes, était-elle menacée par un problème visuel? C'est l'une des thèses désormais évoquées, notamment par le journal allemand Bild am Sonntag, pour tenter d'expliquer son geste.

Ce lundi, le procureur de Düsseldorf est également revenu sur les soins psychologiques dont le copilote avait fait l'objet, des années auparavant. Des révélations qui ont remis sur le tapis la question des limites du secret médical pour les personnes responsables de la vie d'autrui.

Un possible décollement de la rétine

Si la Lufthansa, la compagnie dont dépend Germanwings, affirme ne pas avoir eu connaissance des problèmes de santé du copilote, Bild am Sonntag croit savoir que le copilote aurait craint de devenir aveugle d'un œil en raison d'un décollement de la rétine. Mais en vertu du secret médical qui prévaut en Allemagne, il reste impossible d'en savoir plus sur la réalité et la gravité de cette affection.

Le parquet de Düsseldorf, où l'avion aurait dû se poser, s'est quant à lui refusé à tout commentaire sur les révélations de la presse, mais a précisé lundi qu'Andreas Lubitz "n'aurait pas eu de maladie organique". Une affirmation qui va à l'encontre d'un hypothétique problème de vision.

Des tendances suicidaires, mais anciennes

Au sujet des troubles psychologiques dont aurait souffert Andreas Lubitz, le procureur de parquet de Düsseldof a précisé lundi que "le copilote (avait) été en traitement psychothérapeutique pour des tendances suicidaires il y a de nombreuses années, avant l'obtention de son permis de pilotage".

Après cela et "jusqu'à récemment, d'autres consultations chez le médecin ont eu lieu, donnant lieu à des arrêts maladie, mais sans que ne soient attestées des tendances suicidaires ou de l'agressivité à l'égard d'autrui", a ajouté le procureur dans une brève déclaration écrite, sans préciser le motif de ces consultations et arrêts de travail.

Lundi, la clinique universitaire de Düsseldorf, dans laquelle Andreas Lubitz avait consulté à trois reprises en février dernier et au cours de ce mois de mars, a déclaré avoir transmis son dossier médical aux autorités judiciaires.

Le débat sur le secret médical relancé

Décollement de rétine ou tendances suicidaires, ces allégations ont ouvert outre-Rhin un débat sur les limites du secret médical. Une chose est sûre: le copilote, en arrêt de travail le jour du drame, n'aurait pas dû se retrouver dans un cockpit ce jour-là.

Plusieurs responsables politiques allemands comme Dirk Fischer, expert des questions de transport au sein du parti conservateur d'Angela Merkel (CDU), ont réclamé que les pilotes, au même titre que d'autres professions sensibles, "consultent seulement des médecins qui leur sont désignés par leurs employeurs". Ces praticiens "devraient être libérés de leur obligation au secret dans le cadre des communications avec l'employeur et les autorités de l'aviation civile".

Mais la solution n'est pas si simple, comme le fait remarquer dans un éditorial le quotidien Die Welt, car "les pilotes ont également le droit (...) d'avoir une discussion ouverte avec un médecin, sans craindre que leur employeur soit tenu au courant". La trahison du secret médical, qui reste valable après la mort du patient et est opposable aux membres de sa propre famille, est passible d'une peine d'emprisonnement et d'une amende, selon la législation allemande.

D. N. et AFP