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Allemagne

Attentat de Berlin: la police locale soupçonnée d'avoir falsifié des documents de l'enquête

Anis Amri aurait pu être arrêté pour trafic de stupéfiants quelques semaines avant l'attentat du marché de Berlin.

Anis Amri aurait pu être arrêté pour trafic de stupéfiants quelques semaines avant l'attentat du marché de Berlin. - AFP

La police de Berlin aurait antidaté un document qui aurait permis de justifier la demande d'un mandat d'arrêt à l'encontre d'Anis Amri, le terroriste qui a tué 12 personnes en lançant son camion sur le marché de Noël de la ville.

Le drame aurait-il pu être évité? Cette question revient après chaque attaque terroriste, celle du marché de Berlin n'y a pas échappé. Cette fois, la réponse pourrait être oui, c'est en tout cas ce que pensent les autorités allemandes. Une plainte contre X a été déposée, a annoncé le ministre de l'Intérieur de l'Etat, Andreas Geisel. Des sanctions contre des officiers de la police judiciaire berlinoise ont également été réclamées.

Les autorités ont acquis la certitude qu'un document aurait permis d'arrêter Anis Amri, le terroriste à l'origine de l'attaque, avant qu'il ne passe à l'acte le 19 décembre 2016 tuant 12 personnes. Pendant des mois, le Tunisien de 24 ans avait été placé sur écoute. Les enregistrements avaient permis d'établir que l'homme se livrait à un trafic de stupéfiants en bande organisée, suffisant pour procéder à son interpellation.

"Selon les experts, les éléments (qui étaient alors en possession des policiers berlinois, NDLR) auraient suffi à obtenir un mandat d'arrêt du parquet", a détaillé Andreas Geisel.

"Falsification"

Or, au cours de l'enquête, les policiers berlinois auraient modifié ce document, le ministre de l'Intérieur parlant, lui, de "falsification". Daté du "17 janvier 2017", il est "visiblement antidaté au 1er novembre" 2016, manifestement pour tenter de masquer des négligences dans la surveillance. Le trafic de stupéfiants a été minimisé en "petits trafics et d'anesthésiques", ne rendant plus l'arrestation d'Anis Amri urgente. Le 19 décembre, le terroriste avait pu lancer un camion-bélier sur la foule rassemblée sur le marché de Noël de Berlin.

La pire attaque jihadiste commise sur le sol allemand avait mis au jour les failles du système fédéral, où les compétences en matière de police ou de surveillance sont partagées entre les 16 Etats régionaux et l'Etat fédéral allemand. Anis Amri, un demandeur d'asile débouté qui avait fait allégeance à Daesh, était parvenu à passer entre les mailles du filet, malgré la surveillance dont il avait fait l'objet, en profitant notamment de l'éclatement des responsabilités. Amri, qui avait également été emprisonné en Italie avant son entrée en Allemagne, était même parvenu à s'enfuir au nez et à la barbe des polices allemandes après l'attaque. Il a finalement été abattu le 23 décembre par des policiers italiens à Milan.
Justine Chevalier avec AFP