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Allemagne: un dirigeant d'extrême droite condamné à une amende après un slogan nazi

Un des dirigeants du parti d'extrême droite AfD a été condamné à 13.000 euros d'amende mardi 14 mai pour avoir utilisé un slogan nazi lors d'un meeting en 2021.

La justice allemande a condamné mardi Björn Höcke, l'une des figures les plus radicales du parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD), à une amende de 13.000 euros pour avoir utilisé un slogan nazi.

Le parquet avait requis six mois de prison avec sursis contre Björn Höcke, jugé à Halle dans l'est du pays pour avoir délibérément utilisé le slogan national-socialiste "Alles für Deutschland" ("Tout pour l'Allemagne") lors d'un meeting électoral à Merseburg en 2021.

"Tout pour l'Allemagne" était une devise utilisée par les SA, formation paramilitaire du parti nazi qui a joué un rôle essentiel dans la conquête du pouvoir d'Adolf Hitler. En Allemagne, la loi interdit formellement l'utilisation de slogans nazis ou l'exhibition de symboles du IIIème Reich.

Il "sait ce qu'il dit"

Ancien enseignant d'histoire au lycée, Björn Höcke, 52 ans, avait affirmé ignorer que cette phrase était un slogan nazi. Mais selon le juge Jan Stegel, il le savait parfaitement.

Björn Höcke est un "homme éloquent et intelligent", qui a étudié l'histoire et "sait ce qu'il dit", a déclaré le juge.

Il a rappelé que d'autres membres de l'AfD avaient déjà été dans le collimateur de la justice au cours des années précédentes en raison du slogan "Tout pour l'Allemagne", notamment sur les affiches électorales. Le tribunal part du principe que le dirigeant en était conscient.

Sur X, Björn Höcke a affirmé après le procès en anglais: "Si ce verdict est maintenu, la liberté d'expression n'existera plus en Allemagne. La possibilité d'exprimer son désaccord est en danger."

Ambitions politiques

Actuellement leader de l'AfD en Thuringe, dans l'est du pays, l'homme politique rêve d'accéder au pouvoir après les élections prévues pour septembre dans cet État régional d'ex-RDA.

Sa condamnation à une amende ne met pas en danger ses projets politiques: c'est seulement s'il avait été condamné à une peine de prison d'au moins six mois que le tribunal aurait pu lui retirer son droit de vote et la possibilité d'être élu.

Björn Höcke aurait dû également être jugé pour un second chef d'accusation après avoir crié "Tout pour..." et incité le public à répondre "Allemagne" lors d'un meeting de l'AfD en Thuringe en décembre. Le tribunal a néanmoins décidé de séparer les procédures car la défense n'avait pas eu suffisamment de temps pour se préparer.

Scandales à répétition

Björn Höcke risquait jusqu'à trois ans de prison, mais le juge Jan Stengel avait fait savoir au début du procès qu'une amende serait une sanction considérée comme appropriée par le tribunal s'il était reconnu coupable.

Ce procès intervient à un moment où l'AfD fait face à plusieurs scandales qui érodent sa popularité avant les élections européennes du 9 juin. Créé en 2013, ce parti populiste et anti-migrants avait jusqu'au début de l'année le vent en poupe dans les sondages et espérait triompher à ce scrutin ainsi que dans trois élections régionales en septembre dans l'est du pays, considéré comme son fief.

Mais à la mi-janvier, la participation, révélée par des médias, de certains membres de l'AfD à une réunion de l'ultradroite pour discuter d'un projet d'expulsion massive de personnes étrangères ou d'origine étrangère d'Allemagne avait choqué le pays.

Puis en avril, une enquête a été ouverte pour soupçons de financements russes et chinois à l'encontre de sa tête de liste au scrutin européen, l'eurodéputé Maximilian Krah, dont l'un des assistants au parlement européen, suspecté d'être un agent chinois, venait d'être arrêté.

Surveillance du parti par la justice

Considéré comme un extrémiste par les services de renseignement allemands, Björn Höcke est l'une des personnalités les plus controversées de l'AfD. Dans le passé, il a qualifié le monument de l'Holocauste à Berlin de "mémorial de la honte" et a appelé à un "changement à 180 degrés" de la culture du souvenir dans le pays.

En raison de positions extrêmes, l'AfD de Thuringe, comme celle de Saxe-Anhalt, ont été placées sous la "surveillance systématique" des services de renseignement régionaux.

Lundi, le tribunal de Münster, dans le nord-ouest de l'Allemagne, a autorisé les renseignements à maintenir une surveillance sur l'ensemble de cette formation, rejetant ainsi une demande de l'AfD contre son classement en tant que "suspect d'extrémisme".

MC avec AFP