BFMTV
Allemagne

Allemagne: percée de l'extrême droite lors d'élections régionales, défaite pour la coalition d'Olaf Scholz

Olaf Scholz s'exprime devant le Bundestag, le 2 mars 2023

Olaf Scholz s'exprime devant le Bundestag, le 2 mars 2023 - Odd ANDERSEN / AFP

Le gouvernement du chancelier allemand a été sanctionné lors de deux scrutins organisés dimanche en Bavière et en Hesse, tandis que l'extrême droite enregistre une nette progression.

Le gouvernement d'Olaf Scholz, miné par les divisions, apparaît ce lundi plus affaibli que jamais après une sévère défaite dans deux élections régionales qui ont confirmé la poussée de l'extrême droite.

Le verdict des urnes est "désastreux" pour la coalition, souligne l'hebdomadaire Der Spiegel, à l'issue des scrutins organisés dimanche en Bavière (sud), le plus riche État allemand, ainsi qu'en Hesse (ouest) où se trouve Francfort, le siège de la Banque centrale européenne (BCE).

Dans ces bastions conservateurs, le parti social-démocrate (SPD) du chancelier, les Verts et les libéraux du FDP sont, comme attendu, battus par la droite mais aussi par l'extrême droite de l'AfD qui prendrait la seconde place, selon les projections. Pour le FDP, le résultat est sans appel: le parti n'a pas atteint les 5% nécessaires pour rester au parlement bavarois, et pourrait aussi être éjecté en Hesse.

Une perte de soutien "évidente"

À mi-mandat, le gouvernement d'Olaf Scholz est sanctionné dans des scrutins marqués par l'inquiétude de la population face à la crise industrielle et la résurgence de la question migratoire. "La perte de soutien est tellement évidente" que le gouvernement "sera obligé de revoir son cours actuel", assure Der Spiegel.

Une autocritique amorcée par le chef du SPD Lars Klingbeil qui voit dans la défaite "un signal aux trois partis" pour les inciter "à régler plus rapidement" les problèmes des Allemands.

La nette progression de l'AfD dans ces deux Länder, qui incarnent une Allemagne prospère et confiante, est un choc."On ne peut plus dire que (l'AfD) est un parti exclusivement fort dans l'est" du pays, où se trouvent les régions de l'ex-RDA, souvent défavorisées économiquement, pointe le journal Süddeutsche Zeitung.

"Nous sommes sur la bonne voie"

La co-cheffe de l'AfD Alice Weidel a interprété les résultats comme "une punition" pour le gouvernement et "un vote pour un changement".

"Nous sommes sur la bonne voie", a-t-elle lancé.

Ce parti anti-immigration, qui critique aussi les mesures de protection du climat assimilées à la cherté et à la contrainte, confirme son envolée dans les sondages au niveau national. A deux ans des prochaines élections législatives régulières, il recueille actuellement entre 20 et 22% des intentions de vote, derrière la droite de l'Union chrétienne-démocrate (CDU).

L'AfD a profité du fait que la campagne s'est largement focalisée sur les critiques à l'encontre de la coalition au pouvoir depuis décembre 2021, minée par des querelles incessantes.

Les craintes d'une nouvelle crise migratoire, comme celle de 2015, sont également en tête des préoccupations des électeurs, selon les études d'opinion, en raison d'une hausse des arrivées de demandeurs d'asile ces derniers mois.

"Perfomance très décevante"

En Hesse, la ministre de l'Intérieur Nancy Faeser, qui menait la liste social-démocrate, essuie un revers cuisant: le SPD (15%) arrive derrière l'AfD (environ 18,5%), au coude à coude pour la troisième place avec les Verts, actuel allié junior au gouvernement régional.

Le parti d'Olaf Scholz est loin derrière l'Union chrétienne-démocrate (CDU) menée par un inconnu, Boris Rhein, qui décroche 34,2%, en nette hausse comparé à 2018 (27%).

"Nous n'avons hélas pas réussi à nous imposer avec nos thèmes. C'est une performance très décevante", a admis la ministre, un poids-lourd du gouvernement, qui entend, malgré les critiques de l'opposition, conserver son portefeuille.

En Bavière, le tonitruant chef du gouvernement Markus Söder a certes gagné, mais avec un résultat en légère baisse (36,4 à 36,6%) et le plus mauvais depuis plus de 70 ans pour son parti Union chrétienne-sociale (CSU), avatar régional de la CDU.

L'intéressé s'est dit "satisfait" du résultat, qui lui permet de constituer "une majorité stable et forte" avec son partenaire actuel, les Electeurs Libres (Freie Wähler), parti très conservateur implanté dans les campagnes qui récolterait environ 15%. L'AfD (autour de 16%) arriverait en deuxième position là aussi, devant les Verts (14,6 à 14,9), tandis que le SPD, chroniquement faible dans ce Land, s'effondre encore un peu plus (autour de 8%).

B.F avec AFP