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Allemagne: élection à haut risque pour la chancelière Merkel

La chancelière allemande quitte le Bundestag à Berlin ce mardi 25 septembre.

La chancelière allemande quitte le Bundestag à Berlin ce mardi 25 septembre. - Kay Nietfeld / dpa / AFP

Le gouvernement d'Angela Merkel a enregistré de lourdes pertes ce dimanche lors du scrutin régional de Hesse.

Le parti de centre droit d'Angela Merkel et son partenaire social-démocrate de coalition à Berlin ont subi de sévères pertes lors d'élections régionales clés dimanche en Allemagne, rendant un peu plus incertaine la survie du gouvernement de la chancelière. 

Selon les projections des chaînes de télévision publique, l'Union démocrate-chrétienne (CDU) de la chancelière arrive certes en tête du scrutin de l'Etat-région de Hesse avec entre 27 et 28% des voix, mais ce score représente une baisse de plus de dix points par rapport aux précédentes élections de 2013. Elle avait alors obtenu 38,3%.

Le parti social-démocrate (SPD) ressort encore plus éreinté avec autour de 19,5%, contre 30,7% il y a 5 ans en Hesse, où se situe la capitale financière de l'Allemagne, Francfort. Cette double sanction pour les partis de pouvoir au plan fédéral à Berlin, associés au sein d'une "grande coalition" difficilement mise sur pied en mars, est une mauvaise nouvelle pour Angela Merkel à un moment elle est déjà politiquement affaiblie. La chancelière ne devrait s'exprimer que lundi.

Une dégringolade annoncée

Deux semaines après un scrutin catastrophique pour son camp conservateur en Bavière, Angela Merkel voit le débat relancé sur son avenir en cas de piètre performance dans ce Land, dont Francfort est la capitale.

"Angela Merkel est chancelière depuis 13 ans mais jamais encore elle n'a été politiquement autant sous pression", résumait ce samedi le quotidien Süddeutsche Zeitung

Fin de carrière politique pour Angela Merkel?

"Personne ne peut dire à 100% à quel point les choses vont rester stables" après cette élection, a d'ailleurs prévenu la numéro deux du parti CDU, Annegret Kramp-Karrenbauer, une proche de la chancelière.

La menace pour la chancelière est d'autant plus concrète qu'elle affrontera début décembre un vote des militants pour la présidence du parti. Or certains cadres ne font plus mystère en coulisses de la nécessité pour la CDU de changer de cap et de mettre plus la barre à droite face à la montée en puissance de l'extrême droite, ce qu'Angela Merkel n'a fait jusqu'ici qu'avec parcimonie. 

La chancelière, à la tête de la CDU depuis plus de 18 ans, vient d'elle-même d'évoquer de manière détournée la fin de sa carrière politique, jugeant que "tous ceux qui dans le passé ont voulu régler eux-mêmes leur succession ont échoué". Aucun rival au sein de la CDU ne s'est toutefois ouvertement déclaré jusqu'ici.

Montée des Verts et de l'AfD

Les Allemands apparaissent lassés des conflits récurrents au sein de la coalition, initiés notamment par la CSU, le partenaire bavarois de la CDU, qui tente d'imposer un tour de vis sur l'immigration. 

A l'inverse, les Verts ont le vent en poupe dans les sondages en Hesse et au niveau national après un score flatteur en Bavière mi-octobre. Les sondages leur prédisent 20% à 21% des voix et les Verts rêvent même de conquérir dimanche une seconde région, après le Bade-Wurtemberg qu'ils dirigent depuis 2011 en se montrant extrêmement pragmatiques.

Avec un score attendu autour de 13%, le parti d'extrême droite Alternative pour l'Allemagne (AfD), né il y a cinq ans seulement, devrait achever son implantation régionale en étant désormais représenté dans les parlements des 16 Länder.

Jeanne Bulant avec AFP