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Accord de sortie de crise: vers une Ukraine divisée en deux?

Des opposants ukrainiens lèvent le drapeau national dans un véhicule militaire, place de l'Indépendance à Kiev, le 22 février.

Des opposants ukrainiens lèvent le drapeau national dans un véhicule militaire, place de l'Indépendance à Kiev, le 22 février. - -

EDITO - L'accord de sortie de crise signé entre le président Viktor Ianoukovitch et l'opposition pourrait être la recette pour la partition du pays. L'analyse d'Harold Hyman.

Dans les prochaines heures, deux extrêmes doivent se décider. Du côté du mouvement Maidan, il y a les ultras de la place elle-même. Beaucoup sont nationalistes. Parmi eux des extrémistes, avec quelques néo-nazis, et leur souhait est facile à saisir: renverser Ianoukovitch le président et dé-russifier entièrement et violemment la culture du pays. Pas du tout européen dans l'esprit.

Oublions ces ultras un instant: Maïdan est bien plus que cela, de loin. Des purs de Maïdan cherchent à renverser Ianoukovitch afin de faire naître un nouveau pays européen et entièrement démocratique, "à l'européenne".

Or négocier avec le diable Ianoukovitch est faiblesse, et auto-asservissement, car le président pourrait ordonner une deuxième funeste saignée comme dans la nuit du 19 au 20 février. Ces Maïdanistes-là sont les pro-Eurpéens, et sont contre l'accord de sortie de crise pour des raisons avouables et sincères, sans arrière-pensée.

Les partisans du Parti des Régions lâchent leur père politique

Enfin, n'oublions pas pour compléter le tableau les pro-Européens moins durs, qui acceptent le plan de sortie de crise dans l'espoir d'écarter la guerre civile et de tenter le changement par les voies démocratiques. Ces modérés sont les trois partis politiques qui ont négocié avec Inaoukovitch, mais dans mon analyse ils ne sont pas facteur de division.

De l'autre côté du spectre politique, il y a les partisans du Parti des Régions, qui eux commencent à trouver Ianoukovitch imbuvable. Ils lâchent leur propre père politique! Dans les jours à venir nous saurons pourquoi. Mais pour l'heure, ces déserteurs sont de deux sortes: l'une est facile, ce sont les gens que la dérive répressive dégoûte; l'autre est plus subtile, il s'agit des purs de l'axe historique Ukraine-Russie, des "panrusses ukrainiens", en quelque sorte.

Les panrusses pour la partition de l'Ukraine?

Ces panrusses ont-ils soudainement décidé que Ianoukovitch les menait à la dissolution de l'axe russo-ukrainien? Ces panrusses seraient prêts, nous dit-on, à faire sortir l'Est et le Sud de l'Ukraine d'une République dominée par les pro-Européens. Sortir, non pas de la crise, mais de l'Ukraine. Seraient-ils pour une Ukraine séparée, alliée indéfectible de la Russie un peu sur le modèle de la Biélorussie?

En tout cas, ce weekend, l'idée de la partition de l'Ukraine est dans les esprits. Les purs du parti des Régions, et les nationalistes de Maidan, sont des alliés objectifs dans cette affaire! Ils tireront chacun une section du pays dans leur nouvelle création. À chaque tension de ce genre, ils accompliront la partition car en face, on est d'accord avec eux! Ainsi, Ianoukovitch aura été le dernier président d'une Ukraine unitaire. Il est trop tôt pour savoir s'il a tenté de la sauver, ou de la tuer.

Harol Hyman