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Etats-Unis: les moments marquants du procès Weinstein

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Les jurés qui doivent décider de l'issue du procès intenté contre le producteur de cinéma américain pour viol et agression sexuelle se sont retirés mardi pour délibérer. Images et moments forts ont marqué les trois semaines d'audiences.

Longtemps, le monde du cinéma et les médias ont loué les productions de Harvey Weinstein. Les rares critiques éclaboussant alors le nabab portaient sur son travail, comme par exemple son habitude de remonter les films selon ses desiderata et contre l'avis des cinéastes. Puis, l'omerta s'est fissurée en octobre 2017 à travers des articles de presse le dépeignant en violeur ou agresseur sexuel, témoignages à l'appui. Plus de deux ans après la déferlante #MeToo que les accusations autour des agissements du producteur ont initié, Harvey Weinstein, qui nie en bloc, se voit à présent incriminé par 80 victimes. Et sur cette lourde toile de fond que son procès a été organisé devant un tribunal pénal de Manhattan, à New York, à compter du 6 janvier dernier. Ce mardi, les douze jurés se sont retirés pour délibérer. Images fortes et scènes glaçantes ont émaillé ces plus de trois semaines d'audiences. 

  • Harvey Weinstein et son déambulateur 

Aux chefs d'inculpation accusant Harvey Weinstein d'agression sexuelle et de viol, s'ajoute la circonstance aggravante mettant en cause son comportement présumé de prédateur. Sur ses 80 victimes présumées, seules deux peuvent espérer obtenir justice et réparations, la plupart des faits présumés étant prescrits: Mimi Haleyi, ancienne assistante de production, et Jessica Mann, qui se rêvait actrice.

Avant même de se confronter à elles, Harvey Weinstein a joué sa partie devant l'opinion. Le 6 janvier, il s'est ainsi présenté au tribunal pour l'ouverture du procès, entouré d'un aréopage de gardes du corps et d'avocats. Mais ce sont sa mine et son allure qui ont interpellé: le visage défait, il a semblé se déplacer avec difficulté, lourdement appuyé sur un déambulateur. 

  • La manifestation de Rose McGowan et Rosanna Arquette 

Une manifestation a pris place le même jour devant le tribunal de Manhattan. Elle était composée de victimes déclarées de l'ancien souverain officieux du 7e art, parmi lesquelles on reconnaissait les visages des actrices Rose McGowan et Rosanna Arquette. Selon des propos relayés ici par Paris Match, la première a déclaré: "Cher Harvey, peu importe les mensonges que tu te racontes, tu es le seul responsable. Aujourd'hui, la justice se penche sur un super prédateur. Tu t'es infligé ça à toi-même en blessant tant de personnes. Tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même."

La seconde a fait référence dans son discours à l'association Time's Up, qui depuis 2018 vise à fournir une assistance juridique aux victimes de harcèlement sexuel, comme l'a montré Variety: "Fini le harcèlement sexuel sur tous les lieux de travail, finie la culpabilisation des survivantes, finies les excuses creuses et sans conséquence, et finie cette culture diffuse du silence qui a permis à des agresseurs comme Weinstein d'agir". 

  • Les pleurs de Mimi Haleyi

Harvey Weinstein ne s'est pas exprimé devant la cour. Mais le témoignage de ses accusatrices ont résonné aux oreilles des magistrats et des jurés. Mimi Haleyi, dont l'intervention a été chroniquée ici par le New York Times, a pleuré en relatant le viol dont elle assure avoir été la victime.

Elle a raconté l'invitation, courant 2006, au domicile du producteur, a dit l'avoir vu se jeter sur elle, l'avoir acculée dans une chambre, l'avoir contrainte à subir un cunnilingus lors duquel il aurait arraché son tampon.

  • Le témoignage de Jessica Mann 

Aux larmes de Mimi Haleyi s'est joint le récit de Jessica Mann, étalé sur trois jours. Celui-ci a semblé le point d'orgue d'un procès qui a convoqué 28 témoins. L'ex-actrice accuse Harvey Weinstein de deux viols dans des hôtels en 2013. Le Washington Post a cependant relevé que des contradictions, des approximations, des messages écrits après la date des faits et marqués de signes d'affection ont troublé les esprits à l'écoute de ses passages à la barre. 

Des éléments d'autant plus sensibles que, privé de preuves concrètes, l'appareil judiciaire ne peut se reposer que sur les mots des victimes déclarées et des conseils de l'accusé pour débrouiller cette affaire. "J'ai tendance à dire que quelques années en arrière des accusations similaires à celles de Jessica Mann n'auraient pas pu être présentées devant la justice. Je pense sincèrement que ça étend l'horizon des possibles", a commenté Laura Brevetti, ancienne procureure fédérale lors d'affaires de crimes sexuelles, auprès du titre de Washington. 

Harvey Weinstein encourt jusqu'à la prison à perpétuité. 

Robin Verner