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Russie

La Russie interdit Sota, l'un des derniers médias d'opposition à Moscou

Le parquet général russe a décidé, ce jeudi 16 mai, l'interdiction du média Sota, accusé de "déstabiliser la situation socio-politique de la Russie". Une décision liée à la guerre menée à l'Ukraine, sans que le conflit ne soit mentionné.

La Russie a déclaré ce jeudi 16 mai "indésirable" le média d'opposition Sota, une mesure qui expose ses employés à de lourdes peines et interdit de facto ses activités dans le pays, où toute voix dissidente est écrasée depuis l'attaque contre l'Ukraine.

"Les publications de Sota ne sont rien d'autre que des tentatives explicites de déstabiliser la situation socio-politique de la Russie", a justifié dans un communiqué le arquet général russe, en annonçant cette décision.

Selon le Parquet, le média, encouragé par "de soi-disant maîtres à penser occidentaux" cherchait à "saper les fondements spirituels" de la Russie et diffusait "des contenus discréditant les autorités et les forcées armées".

Dernier bastion opposé à la répression politique

Ce média, suivi par 137.000 utilisateurs sur Telegram, était l'un des derniers à couvrir activement les répressions politiques en Russie, en envoyant ses reporters suivre les procès d'opposants et les rares actions de protestation.

Sur Telegram, la rédaction de Sota a rejeté les accusations du Parquet sur ses liens supposés avec des "superviseurs occidentaux".

"Nous nous prononçons bien sûr comme des opposants à la guerre et au régime poutinien et suivons des principes journalistiques objectifs. Ce travail se poursuivra", a ajouté la rédaction.

Elle a toutefois demandé à ses lecteurs se trouvant en Russie d'effacer de leurs réseaux sociaux tout partage de ses contenus. "Ils peuvent vous poursuivre en justice pour des partages de publication de 2023, 2022, 2021 (...) Mais être parmi nos abonnés n'est pas considéré comme un crime, donc, s'il vous plaît, restez avec nous", a écrit la rédaction de Sota.

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Ce projet avait pris forme en 2022, après une division au sein d'un autre média au nom proche, SotaVision, qui existe toujours et couvre également les répressions politiques en Russie.

En Russie, les organisations classées "indésirables" ont l'interdiction d'ouvrir des structures et leurs membres risquent de graves poursuites judiciaires.

Des dizaines d'ONG et de médias ont déjà subi le même sort. En février 2024, les autorités russes avaient notamment déclaré "indésirable" Radio Free Europe/Radio Liberty (RFE/RL), un média multilingue financé par les États-Unis.

T.K. avec AFP