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Guerre en Ukraine: la Russie et la Chine disent vouloir éviter une nouvelle "escalade"

Xi Jinping échange avec Vladimir Poutine au Kremlin lors d'une visite d'État, dans un entretien diffusé en partie sur la TV russe, le 20 mars 2023. Photo d'illustration

Xi Jinping échange avec Vladimir Poutine au Kremlin lors d'une visite d'État, dans un entretien diffusé en partie sur la TV russe, le 20 mars 2023. Photo d'illustration - VGTRK / AFP

Lors de la visite de Vladimir Poutine à Pékin, la Russie et la Chine ont assuré ce jeudi 16 mai vouloir éviter toute nouvelle "escalade" en Ukraine pointant à demi-mot la responsabilité occidentale.

Alors que Volodymyr Zelensky fait état d'une situation "extrêmement difficile" dans la région de Kharkiv sous un assaut russe depuis une semaine, Vladimir Poutine et son homologue chinois Xi Jinping ont assuré ce jeudi 16 mai vouloir éviter toute nouvelle "escalade" en Ukraine. Et ce, pointant à demi-mot la responsabilité occidentale, selon un communiqué commun publié par le Kremlin après la rencontre à Pékin entre les deux dirigeants.

Le texte dit que Pékin et Moscou jugent notamment "nécessaire" d'éviter toute décision à même de "contribuer à la prolongation des hostilités et à une nouvelle escalade du conflit", une formulation semblant viser Européens et Américains, le Kremlin disant sans cesse que ce sont les livraisons d'armes de l'Occident à l'Ukraine qui font durer la guerre.

L'axe Pékin-Moscou défendu comme un facteur de "paix"

Plus largement, Xi Jinping et Vladimir Poutine ont défendu l'axe Pékin-Moscou comme un facteur de "stabilité" et de "paix" dans le monde.

La relation Chine-Russie "est non seulement dans l'intérêt fondamental des deux pays et des deux peuples, mais elle est également propice à la paix", a estimé Xi Jinping.

Et "la Chine est prête à travailler avec la Russie pour (...) soutenir l'équité et la justice dans le monde". "La relation Chine-Russie aujourd'hui a été durement acquise et les deux parties doivent la chérir et la nourrir", a-t-il ajouté.

Cette relation est "un facteur de stabilité sur la scène internationale", a assuré de son côté le dirigeant russe, selon le Kremlin. Elle "n'est pas opportuniste et elle n'est dirigée contre personne".

"Ensemble, nous soutenons les principes de justice et un ordre démocratique mondial reflétant les réalités multipolaires et fondé sur la loi internationale", a-t-il aussi déclaré.

Poutine "reconnaissant" envers la Chine

Vladimir Poutine est arrivé jeudi à l'aube dans la capitale chinoise pour une visite de deux jours, son premier voyage à l'étranger depuis sa réélection en mars et son deuxième en Chine en un peu plus de six mois.

Le géant asiatique est une planche de salut économique cruciale pour la Russie, en proie à de lourdes sanctions occidentales prises pour la punir de son offensive militaire en Ukraine.

Tout juste de retour d'une tournée en France, Serbie et Hongrie, Xi Jinping y a défendu le droit de maintenir avec son voisin russe des liens économiques normaux. La Chine bénéficie notamment d'importations d'énergie russe bon marché.

Les deux pays avaient célébré début 2022, juste avant le déclenchement de l'invasion de l'Ukraine, un partenariat bilatéral décrit comme "sans limites".

"C'est le premier voyage de Poutine après son investiture et il est donc destiné à montrer que les relations sino-russes montent encore d'un niveau", déclare à l'AFP l'analyste russe indépendant Konstantin Kalachev. "Sans oublier l'amitié personnelle visiblement sincère entre les deux dirigeants".

Jeudi, Vladimir Poutine s'est dit "reconnaissant" envers la Chine pour ses "initiatives" de paix dans la crise ukrainienne, selon les agences russes.

La Chine appelle régulièrement au respect de l'intégrité territoriale de tous les pays (sous-entendu Ukraine comprise) mais exhorte aussi à prendre en considération les préoccupations de sécurité de la Russie.

"Les deux parties sont d'accord sur le fait qu'une solution politique à la crise en Ukraine est la voie à suivre", a déclaré Xi Jinping face à la presse, rappelant que "la position de la Chine sur cette question a toujours été claire".

"La Chine espère que la paix et la stabilité seront rapidement rétablies sur le continent européen et continuera à jouer un rôle constructif à cette fin", a-t-il promis.

Des accords commerciaux

Ces liens étroits sont vus avec une suspicion croissante chez nombre de pays occidentaux. Washington a fixé une ligne rouge à Pékin - ne pas fournir directement d'armes à la Russie - et dit n'avoir à ce jour pas eu la preuve du contraire. Mais les Etats-Unis estiment que le soutien économique chinois permet tout de même à la Russie de renforcer sa production de missiles, de drones et de chars.

Les échanges commerciaux sino-russes ont explosé depuis l'invasion de l'Ukraine, dépassant les 220 milliards d'euros en 2023, selon les douanes chinoises. Les exportations chinoises vers le voisin russe ont toutefois baissé en mars et en avril, après la menace de sanctions américaines. Car un décret signé en décembre par le président américain Joe Biden autorise désormais des sanctions secondaires contre les banques étrangères liées à la machine de guerre russe. En clair: le Trésor américain peut les exclure du système financier mondial, fondé sur le dollar.

La Chine cherche parallèlement à renouer ses liens avec les États-Unis et pourrait donc être réticente à vouloir renforcer sa coopération avec la Russie, selon des analystes. Pendant cette visite de Vladimir Poutine, Moscou et Pékin ont toutefois signé plusieurs accords commerciaux.

J.Bro avec AFP