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Chine

"Une rencontre propice à la paix": les enjeux de la visite de Vladimir Poutine en Chine

Le président russe Vladimir Poutine et son homologue chinois Xi Jinping, le 21 mars 2023 au Kremlin, à Moscou

Le président russe Vladimir Poutine et son homologue chinois Xi Jinping, le 21 mars 2023 au Kremlin, à Moscou - Mikhail TERESHCHENKO © 2019 AFP

Relations bilatérales, partenariat global ou encore guerre en Ukraine, de nombreux sujets seront abordés par les deux hommes au cours des deux jours de cette visite d'État.

Une rencontre au sommet. Ce jeudi 16 mai, le président chinois Xi Jinping a reçu ce jeudi 16 mai son homologue russe Vladimir Poutine, lors d'une cérémonie d'accueil en grande pompe à Pékin, devant l'immense Palais du peuple qui donne sur la place Tiananmen. Xi Jinping et Vladimir Poutine se sont serré la main, tandis qu'une fanfare jouait les hymnes russes et chinois, selon des images de la télévision d'Etat CCTV.

Dès les premières minutes de cette rencontre, qui doit durer jusqu'au vendredi 17 mai, le président chinois a affirmé que la relation entre Pékin et Moscou est "propice à la paix." Celle-ci "est non seulement dans l'intérêt fondamental des deux pays et des deux peuples, mais elle est également propice à la paix", a martelé le dirigeant chinois.

Pour sa part, Vladimir Poutine a assuré que la relation entre la Russie et la Chine est un facteur de "stabilité." "Les relations entre la Russie et la Chine ne sont pas opportunistes et ne sont dirigées contre personne. Notre coopération est un facteur de stabilité sur la scène internationale", assure-t-il.

Relations bilatérales et partenariat global

Quelques jours avant le lancement de l'opération, Moscou et Pékin avaient affirmé que leur amitié était "sans limites". Depuis, leur relation diplomatique et commerciale s'est renforcée.

"Le président Xi Jinping procédera à un échange de points de vue avec le président Poutine sur les relations bilatérales, la coopération dans divers domaines et les questions internationales et régionales d'intérêt commun", a précisé un autre porte-parole de la diplomatie chinoise, Wang Wenbin, lors d'un point presse régulier.

De son côté, le Kremlin a indiqué que les deux présidents évoqueraient leur "partenariat global et leur coopération stratégique" et "définir(aient) les domaines-clés de développement de la coopération russo-chinoise, tout en échangeant aussi leurs points de vue sur les questions internationales et régionales".

De nombreux experts estiment que la Russie est de plus en plus dépendante de la Chine, devenue un partenaire économique crucial face à l'avalanche de sanctions occidentales décrétées en réaction à son offensive militaire.

L'Ukraine au centre des discussions

La guerre en Ukraine devrait également être au centre de toutes les conversations. À la veille de la rencontre entre les deux hommes, Vladimir Poutine, dans une interview à plusieurs médias chinois dont Xinhua, s'est dit prêt à négocier sur la fin de ce conflit.

"Nous sommes ouverts à un dialogue sur l'Ukraine, mais de telles négociations doivent prendre en compte les intérêts de tous les pays impliqués dans le conflit, y compris le nôtre", a-t-il dit.

"Nous n'avons jamais refusé de négocier. Nous recherchons un règlement global, durable et juste de ce conflit par des moyens pacifiques", a-t-il ajouté.

Si la Chine a toujours voulu faire montre de sa neutralité dans le cadre de la guerre entre la Russie et l'Ukraine, l'agence de presse américaine Associated Press rappelle que Pékin a soutenu les affirmations de Moscou selon lesquelles la Russie a été contrainte d'attaquer l'Ukraine.

Baisse des exportations

Ces derniers mois, Pékin a balayé à plusieurs reprises les critiques occidentales sur ses liens avec Moscou, tout en profitant d'importations à prix cassé de gaz et de pétrole de son voisin. Mais sans vouloir pour autant renforcer son soutien.

"Les Russes veulent que la Chine fasse davantage pour les soutenir, ce que la Chine hésite à faire parce qu'elle ne veut pas compromettre ses relations avec l'Occident", explique à l'AFP Alexander Gabuev, directeur du Centre Carnegie Russie Eurasie.

Les échanges commerciaux sino-russes ont explosé depuis l'invasion de l'Ukraine et ont atteint 240 milliards de dollars (222 milliards d'euros) en 2023, selon les Douanes chinoises.

Mais les exportations chinoises vers son voisin ont chuté en mars et avril cette année, alors que Washington menace de sanctions les institutions financières soutenant l'effort de guerre russe.

Effrayées par ces menaces de sanctions, qui viendraient porter un nouveau coup à une économie chinoise déjà fragile, les banques du géant asiatique sont devenues récemment plus prudentes dans leurs transactions avec la Russie, les suspendant ou les réduisant.

Une coopération sous les radars?

Et tandis que la Chine cherche à apaiser les tensions avec les États-Unis, elle pourrait être réticente à renforcer sa coopération avec la Russie. "Si la Chine souhaite (...) maintenir le dégel, tactique, de ses relations avec les États-Unis et limiter la convergence américano-européenne en matière de politique à l'égard de Pékin, elle doit prendre au sérieux la menace américaine de sanctionner ses institutions financières", estime Ali Wyne, du groupe de réflexion International Crisis Group.

Vladimir Poutine et Xi Jinping discuteront ainsi "probablement des moyens par lesquels Pékin pourrait soutenir Moscou de manière moins voyante, peut-être par l'intermédiaire de petites banques chinoises ou de canaux de financement non officiels", estime-t-il.

Plusieurs experts estiment que cette nouvelle rencontre entre les deux présidents servira à réaffirmer l'étroite relation entre les deux dirigeants, à signer quelques accords et à plaider pour un renforcement des échanges commerciaux. Vladimir Poutine sait parfaitement que Pékin reste déterminé à soutenir Moscou et faire ainsi front commun face à ce que les deux pays dénoncent comme l'hégémonie américaine sur le monde, soulignent ces experts.

Hugo Septier avec agences