BFMTV
Russie

Bombe, cocktail Molotov, incendie: des bureaux de vote attaqués au premier jour de la présidentielle russe

Au moins 13 personnes ont été arrêtées en Russie depuis l'ouverture des bureaux de vote ce vendredi 15 mars.

Les actions visant les bureaux de vote se multiplient au premier jour de l'élection présidentielle en Russie, qui devrait voir la réélection de Vladimir Poutine. Selon les autorités, au moins 13 personnes ont été arrêtées pour des dégradations ou des attaques incendiaires.

Le motif de ces actions est flou et il n'est pas établi qu'ils s'agissent de protestations contre le pouvoir. L'ONG OVD-Info a ainsi évoqué de possibles arnaques téléphoniques, fréquentes en Russie, contre la promesse d'une contrepartie financière. La cheffe de la commission électorale, Ella Pamfilova, a affirmé en ce sens que ces personnes agissaient pour de l'argent promis par "des salauds depuis l'étranger".

À Saint-Pétersbourg, une jeune femme de 20 ans a lancé un cocktail Molotov à l'entrée d'un bureau de vote dans une école, a indiqué sur Telegram Maxime Meïksine, un responsable de la commission électorale locale. Elle a ensuite été arrêtée, selon le média local Fontanka.

Cet incident est loin d'être isolé. À Moscou, une femme a notamment incendié un isoloir dans un bureau de vote, a rapporté l'agence d'État Ria Novosti. "La commission électorale de Moscou a indiqué à Ria Novosti que le travail (dans le bureau de vote) avait repris normalement après l'incident", a annoncé l'agence.

Une vidéo diffusée par le média indépendant SOTAVision montre l'interpellation d'une suspecte après que des flammes ont été éteintes dans un bureau de vote.

Toujours dans la capitale, une habitante, âgée de 20 ans, a été arrêtée après avoir aspergé d'un "liquide colorant" des bulletins déposés dans des urnes, a indiqué dans un communiqué le ministère russe de l'Intérieur. Une enquête a été ouverte pour "obstruction à l'exercice des droits électoraux ou au travail des commissions électorales", un crime passible, selon les autorités, de cinq ans de prison.

Un homme près de la capitale russe, une femme à Novossibirsk (Sibérie), ainsi que quatre autres personnes dans les régions de Voronej (sud-ouest), Rostov et de Karatchaïévo-Tcherkessie dans le Caucase russe, ont aussi été interpellées pour avoir versé du colorant dans des urnes, ont rapporté les autorités.

La Russie accuse Kiev

Deux autres personnes ont, elles, été arrêtées séparément dans le pays pour avoir tenté de mettre le feu à une urne avec un cocktail Molotov et essayer d'allumer un pétard dans un bureau de vote, selon les autorités russes. Deux jets de colorant suivis d'arrestations ont également été signalés dans la région de Volgograd (sud-ouest) et en Crimée annexée, toujours selon les autorités.

Après ces multiples incidents, l'ONG OVD-Info a mis en garde vendredi les Russes contre de possibles arnaqueurs téléphoniques qui prometteraient une contrepartie financière à ceux qui s'attaqueraient aux bureaux de vote.

Depuis le début de l'offensive en Ukraine, la Russie a accusé Kiev de mener des campagnes d'arnaques téléphoniques visant en particulier les personnes âgées et vulnérables et qui ont poussé des dizaines de personnes à s'attaquer à des batiments officiels ou des bureaux de recrutement de l'armée.

Par ailleurs, dans la région ukrainienne de Kherson occupée par la Russie, une bombe a explosé sans faire de victimes devant un bureau de vote de Skadovsk. "Un engin explosif improvisé a été placé dans une poubelle devant le bureau de vote. Il y a eu une détonation, pas de victime", a indiqué sur Telegram la commission électorale régionale liée à l'occupation russe.

Présidentielle russe: du sur-mesure pour Poutine
Présidentielle russe: du sur-mesure pour Poutine
22:35

Navalnaïa a appelé à protester dans les urnes

Dès jeudi, le parquet de Moscou avait mis en garde contre toute protestation, aucune critique ni opposition n'étant tolérée dans le pays. À la veille du scrutin, Vladimir Poutine, 71 ans dont 24 au pouvoir, a enjoint à ses compatriotes de ne pas se "détourner du chemin" en ces temps "difficiles", référence aux conséquences de l'assaut qu'il a lancé contre l'Ukraine il y a plus de deux ans.

Le président sortant fait face à trois candidats sans envergure qui ne s'opposent ni à l'offensive en Ukraine, ni à la répression qui a éradiqué toute opposition, culminant avec la mort en prison mi-février du détracteur du Kremlin Alexeï Navalny. Le seul opposant à avoir tenté de se présenter, Boris Nadejdine, a vu sa candidature rejetée.

La veuve d'Alexeï Navalny, Ioulia Navalnaïa, qui a juré de poursuivre son combat, a appelé pour sa part les Russes à protester en allant voter pour n'importe lequel des candidats à l'exception de Poutine. Elle a aussi appelé les Russes soutenant l'opposition à se rendre dans les bureaux de vote au même moment, dimanche à midi (10 heures, heure française), pour montrer qu'ils sont nombreux.

Vincent Gautier avec AFP