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Pakistan: le bilan provisoire des inondations meurtrières grimpe à 1136 morts

Sur cette photo prise le 28 août 2022, des villageois pataugent dans les eaux de crue à la périphérie de Sukkur, dans la province du Sindh, au Pakistan.

Sur cette photo prise le 28 août 2022, des villageois pataugent dans les eaux de crue à la périphérie de Sukkur, dans la province du Sindh, au Pakistan. - Asif HASSAN / AFP

Selon les autorités, 75 personnes sont mortes au cours des dernières 24 heures, mais elles tentent toujours d'atteindre des villages isolés situés dans des zones montagneuses au nord du pays.

Des dizaines de millions de Pakistanais luttent ce lundi contre les pires pluies de mousson en trois décennies, qui ont fait au moins 1136 morts, emporté d'innombrables maisons et détruit des terres agricoles vitales.

Un tiers du Pakistan est actuellement "sous les eaux", a déclaré la ministre du Changement climatique, Sherry Rehman, évoquant une "crise aux proportions inimaginables".

Les pluies de mousson, qui ont débuté en juin, sont "sans précédent depuis 30 ans", a souligné lundi le Premier ministre, Shehbaz Sharif, en parcourant les régions touchées du nord.

Une énorme opération de secours est en cours au Pakistan, où l'aide internationale commençait à lentement arriver, tandis que l'Indus, son principal fleuve, menaçait de sortir de son lit.

"Tout n'est qu'un grand océan"

Plus de 33 millions de personnes, soit un Pakistanais sur sept, ont été affectées par les inondations et près d'un million de maisons ont été détruites ou gravement endommagées, a annoncé le gouvernement.

Selon le dernier bilan en date lundi de l'Autorité nationale de gestion des catastrophes (NDMA), la mousson a fait au moins 1136 morts depuis qu'elle a débuté en juin, dont 75 ces dernières 24 heures. Mais les autorités tentaient toujours d'atteindre des villages isolés situés dans des zones montagneuses septentrionales, ce qui pourrait encore alourdir le bilan.

"Tout n'est qu'un grand océan, il n'y a pas d'endroit sec d'où pomper l'eau", a relevé Sherry Rehman, ajoutant que le coût économique, qui n'a pas encore été quantifié, serait dévastateur.

Conséquences du dérèglement climatique

Les responsables pakistanais attribuent ces intempéries dévastatrices au changement climatique, affirmant que leur pays subit les conséquences de pratiques environnementales irresponsables ailleurs dans le monde.

La mousson, qui dure habituellement de juin à septembre, est essentielle à l'irrigation des plantations et à la reconstitution des ressources en eau du sous-continent indien. Mais elle apporte aussi chaque année son lot de drames et de destructions.

Selon Sherry Rehman, ces intempéries sont pires encore que celles de 2010, année au cours de laquelle 2000 personnes avaient été tuées et près d'un cinquième du Pakistan submergé par les pluies de mousson.

Le Pakistan a reçu deux fois plus de précipitations qu'habituellement, selon le service météorologique. Dans les provinces du sud (Baloutchistan et Sind), les plus touchées, les pluies ont été plus de quatre fois supérieures à la moyenne des 30 dernières années.

Un barrage menacé

Près de Sukkur, dans le Sind, un imposant barrage datant de l'époque coloniale situé sur l'Indus est vital pour empêcher que la catastrophe n'empire. Le responsable du barrage a assuré que le gros de l'eau s'écoulant du nord du pays par le fleuve devrait atteindre l'ouvrage autour du 5 septembre, mais s'est dit confiant en sa capacité de tenir le choc.

Le barrage détourne les eaux de l'Indus vers des milliers de kilomètres de canaux qui constituent l'un des plus grands réseaux d'irrigation du monde. Mais les fermes ainsi desservies sont aujourd'hui complètement inondées.

Un pays déjà en crise

Des personnes déplacées par les inondations ont trouvé refuge dans des camps de fortune établis à la va-vite partout sur le territoire pakistanais. La NDMA a également affirmé que plus de 80.000 hectares de terres cultivables avaient été ravagées et plus de 3400 kilomètres de routes et 157 ponts emportés par les eaux.

L'eau entrave les opérations de secours placées sous la supervision de l'armée pakistanaise. Le gouvernement a décrété l'état d'urgence et appelé à l'aide la communauté internationale. Dimanche, les premiers avions apportant de l'aide humanitaire sont arrivés, en provenance de Turquie ou des Emirats arabes unis.

Ces inondations surviennent au pire moment pour le Pakistan, dont l'économie était déjà en crise. Le Fonds monétaire international devait se réunir ce lundi à Washington pour donner son accord à la reprise d'un programme de prêts de six milliards de dollars, essentiel pour ce pays. Mais il est déjà clair que le Pakistan aura besoin de bien plus pour reconstruire les infrastructures détruites par les inondations.

Les prix des aliments de base montent en flèche et des problèmes d'approvisionnement se font déjà sentir dans les provinces du Sind et du Pendjab.

S.R. avec AFP